Comme je l'avais prévu, je n'ai pas eu beaucoup le temps de visiter lors de cette première semaine à Montréal. Surtout que j'ai été parasitée d'abord par un rhume puis par un mal de dos qui m'ont littéralement handicapée. Mais j'ai décidé d'ignorer au maximum les maux physiques qui m'accablaient et de profiter pleinement de mon séjour !

Mon principal temps de liberté se situe le matin. J'ai profité du décalage horaire pour prendre l'habitude de me lever tôt (enfin, ce n'est pas si tôt, mais me réveiller naturellement à 8h est pour moi une grande nouveauté). Ainsi, je peux profiter de la ville tandis que les arbres brillent dorés sous le magnifique ciel bleu. Pour mon grand bonheur, le département de mathématique se situe juste derrière la place des arts, et bien qu'il soit très proche de mon hôtel, par de menus détours, on trouve quantité de cafés à explorer. J'aime cette habitude anglo-saxonne d'avoir partout ces sortes de cafés / sandwicherie où l'on peut tranquillement s'attabler. Beaucoup propose le wifi et c'est tout naturellement que les gens s'y installent pour travailler. C'est là que je vais prendre mon petit déjeuner. Il parait que pour les goûts européens, le café n'est pas toujours très bon : mais je m'en moque car je bois du thé et que les muffins sont, eux, souvent délicieux. Quand je suis raisonnable, je me contente d'un "chai latte" et d'une part de cake carotte-gingembre. D'autres fois je vais dans des lieux un peu plus restaurant, et peu plus originaux aussi, et je prends des pancakes ou du "pain doré" au sirop d'érable ou des oeufs au bacon.

Je passe la journée à travailler à l'université. Depuis mon bureau, je ne vois qu'un haut mur gris un peu terne, mais je sais qu'il s'agit de l'opéra (dont la face arrière n'est pas très affriolante) et cela me donne du baume au coeur. Et puis je discute avec mes collègues de la ville, du Québec et j'en apprends donc un peu plus. Ainsi, on me dit que, non, tout le monde n'est pas bilingue à Montréal. La frontière se situe à peu près au niveau de l'université : à l'est les francophones, à l'ouest les anglophones. D'ailleurs, l'université Mc Gill est très proche et est, elle, anglophone. Dans le centre, il semble qu'on puisse parler les deux langues mais la dominante peut changer d'un café à l'autre. Depuis l'université, on peut facilement se rendre sur la Place des arts : soi dans sa partie extérieure, soi dans son équivalent sous-terrain qui communique directement d'un côté avec le bâtiment où je travaille et de l'autre avec la grande galerie marchande d'un building voisin. Je m'y rendrai plusieurs fois, non pas pour flâner dans les belles boutiques mais pour aller à la pharmacie dont je commence à être une habituée.

Le soir, je vais au restaurant. Mais la fatigue, le rhume et le mal de dos m'ont découragée d'aller explorer au delà de mon quartier. Il faut dire qu'entre la rue Saint-Denis et la rue du Prince Arthur, j'ai déjà de quoi faire et l'ensemble des cuisines de la planète à disposition. On peut trouver un peu dommage que les restaurants "québécois" soient finalement si rare et j'aurais donc beaucoup de mal à dire quelles sont les spécialités locales. J'ai bien goûté les "poutines", ces frites recouverte de sauce et de fromage mais on m'a assuré à grands cris que ce n'était qu'une récente invention de fast food et pas du tout un plat traditionnel.  Mais finalement, Montréal est une ville cosmopolite et c'est donc normal que l'on retrouve cette agréable mixité au niveau des restaurants. On trouve de tout : français, italien, grec, polonais, chinois, coréen, vietnamien, japonais, mexicain, éthiopien, thaïlandais, indien, etc. Et puis il y a aussi beaucoup de choses un peu mixtes, à la mode bio végétarienne, ou fusion expérimentale. Enfin, il y a tous les burgers, frites, et pub food à l'irlandaise.  Enfin bref, je ne suis pas morte de faim et j'ai pu varier mon menu chaque soir !

Maintenant, il faut que je parle de Halloween. Le 31 octobre était lundi dernier et c'est ce jour là que les enfants déguisés sont allés quémander des bonbons. Mais pour les grands enfants, ça a commencé dès le week-end à travers de nombreuses fêtes et soirées organisées partout et encore plus dans le milieu étudiant. C'est à l'une de ces fêtes que j'ai été invitée par des collègues vendredi soir et il a fallu que je me procure un costume. Jeudi après-midi est le jour où mon dos m'a fait le plus souffrir et c'est donc en boitillant douloureusement que je suis arrivée à la boutique Eva B du boulevard Saint-Laurent. A l'extérieur, les murs sont recouverts de graffitis colorés et on a l'impression d'entrer dans un squat. C'est une friperie et des vêtements sont entassés partout : une vrai caverne d'Ali Baba. Une jeune femme nous propose du cidre chaud servi gratuitement dans de petits verres et nous oriente vers le sous-sol. C'est là qu'on trouve les costumes à louer. Nous entrons dans un labyrinthe de robes, de capes, de vestes, de tout ce qu'on veut, une enfilade de petites pièces remplies à ras bord de tout et de n'importe quoi. Pour moi qui ai le goût du théâtre et du déguisement, c'est un vrai paradis qui me ferai presque oublier mon mal de dos. Ce ne sont pas des costumes formatés mais des tas trucs très originaux arrivés ici on ne sait trop comment. Chacun peut alors se créer son propre déguisement selon son envie et son imagination. Pour ma part, je trouve une robe noire magnifique qui mêlée de tulle vert me donne une étrange allure gothique et envoûtante. J'achète aussi un peu de maquillage et me voilà le soir du vendredi une vampire tout à fait remarquable. Je n'ai pas parlé du prix mais c'est très abordable : chaque vêtement se loue entre 5 et 20 dollars, on vous fait la facture quand vous sortez du magasin.

La fête a lieu le vendredi soir sur le boulevard Saint-Laurent. Partout, des soirées sont organisées et la rue grouille de groupes déguisés pas encore complètement éméchés. Je retrouve une ambiance un peu dublinoise, festive et agréable. Là où je vais, il y une grosse moitié de francophones avec beaucoup de français et quelques québécois. Les autres viennent de tous les pays du monde et parlent l'anglais ou l'espagnol. Je discute avec des américaines et d'autres expatriés. Je ne rentre pas trop tard car le lendemain, je pars pour Québec !

Ma seconde semaine à Montréal ressemble assez à la première, le soleil brille et les feuilles ne sont pas encore tombées. Je me déplace jusqu'à Little Italy où se concentre l'activité économique de la communauté italienne arrivée dans les années 50. Il y a le "Café Italia" où se réunissent les vieux italiens pour boire un vrai cappuccino, il y a aussi un très chic restaurant qui a la réputation d'être fréquenté par la Mafia. De la ville, il me reste encore de nombreux quartiers à découvrir mais en deux semaines, j'ai plus appris sur Montréal et le Québec que je ne l'avais fait de toute ma vie...