Vendredi 30 juillet

C'est à nouveau Tserentogtoch qui nous réveille ce matin. Mais il est suivi de près par la jeune fille de la maison qui le fait sortir comme elle peut. Il fait froid ce matin et nous avons du mal à quitter la douce chaleur de nos sacs de couchage. Dehors, il tombe une fine bruine et il vente : les pulls et vestes ne sont pas de trop. Après le petit déjeuner, Erica nous propose d'aller chez les parents de la jeune femme qui vit ici. Nous acceptons volontiers.

Nous emmenons dans le van avec nous une partie de la famille. Le père est resté travailler : il a emmené ce matin un groupe de touristes faire du chameau. La femme est là avec son fils, le petit monstre Tserentogtoch, et la jeune fille qui l'aide pendant sa grossesse. Les parents n'habitent pas très loin, nous y sommes en 5 minutes. Nous rentrons dans la belle grande yourte. C'est celle qu'ils réservent à l'accueil des invités. Au fond, sont accrochés des trophées gagnés aux courses de chevaux, Il y a aussi de nombreux articles d'équitation et des crins de chevaux un peu partout. La femme nous sert de l'airag avec une assiette de petits fromages et gâteaux. Ici, vivent aussi la jeune sœur et le frère de la femme que nous connaissons. Le frère se marie dans quelques semaines. Dehors, on peut voir les éléments de sa future yourte entreposés. Nous sortons voir les chevaux. Le cheval de course est séparé des autres, ils l'entrainent en ce moment pour une course à venir. C'est un petit garçon de 9 ans qui doit le monter. Ce sont les enfants qui participent aux courses car ils sont plus léger. Il y a une petite fille du même age qui elle aussi participe à des courses. C'est assez dangereux car les chevaux vont vite et les courses sont longues : 50 km. Nous marchons un peu vers les pâturages. Les enfants nous suivent. Ils nous montrent les grenouilles par terre, les fourmilières, les fleurs. On s'amuse avec eux et on prend des photos. Nous passons à côté du troupeau de chevaux. Les poulains sont attachés à une corde, le nombre de cordes et le nombre de poulains fait souvent la fierté d'une famille. Nous retournons dans la yourte où la femme a préparé du thé au lait. Nous le buvons avec plaisir et reprenons gâteaux et fromage. Notre guide lui a apporté des bonbons et biscuits et en échange, elle nous offre un plein sachet de petits biscuits fait maison. Après quelques tasses de thé, nous quittons la famille en promettant d'envoyer les photos. Nous rentrons dans notre yourte où une touriste française nous rend visite. Elle fait partie du groupe qui a fait du chameau ce matin. Elle est à la fin de son voyage de trois semaines en Mongolie. On lui avait dit qu'elle faisait partie d'un groupe de quatre et finalement elle s'est retrouvée seule avec un inconnu. L'homme n'est pas venu nous voir, il est resté dans la voiture, il a l'air d'avoir mauvais caractère. Elle se plaint d'ailleurs car elle dit qu'il est extrêmement "stressé du programme" et regarde sans arrêt sa montre. Il ne fait pas confiance à son guide et à son chauffeur et refuse tout imprévu. Quelle étrange attitude quand on voyage ! Le guide et le chauffeur ont l'air d'ailleurs assez fatigués et se sont plaints, eux aussi, à nos guides. Nous sommes tout l'inverse. Nous faisons complètement confiance à Baira et Erica pour s'occuper de nous. Et les imprévus s'avèrent finalement les choses les plus intéressantes. La première famille chez qui nous sommes allés n'était pas celle prévue et c'est une des rencontres qui nous a le plus marqué. De Khogno Khan, nous retiendrons sans doute le monastère mais plus encore la visite de ce matin chez l'éleveur de chevaux et les plaisanteries avec le jeune Monhbat, le guide pour chameaux. D'ailleurs, après le déjeuner, nous partons faire le tour en chameaux guidés par Monhbat. Je trouve le chameau plus inconfortable que le cheval. Les animaux avancent lentement et nous mettons un certain temps avant de rejoindre les dunes pourtant proches. Grimper les dunes à dos de chameaux est plutôt amusant. Ça donne un petit air de Sahara, mais avec la prairie et les yourte en plus. Au bout d'un moment Monhbat insiste pour que nous descendions des chameaux et venions jouer avec lui dans le sable. A vrai dire, c'est beaucoup plus agréable. Sur la pente aiguë de la dune, nous nous laissons glisser, ou bien nous nous faisons tirer par Monhbat qui descend et remonte à toute vitesse. Il joue à s'enterrer dans le sable puis m'enterre à mon tour. C'est un moment très agréable de complicité et de jeu. En rentrant, nous discutons avec lui grâce à Erica qui traduit (il comprend plus qu'il ne parle). Il pose des questions sur notre pays, nous lui posons à lui aussi des questions. Il n'a jamais quitté la Mongolie et n'est allé qu'une fois à Oulan Bator. Nous sommes assez soulagés de rentrer enfin à la yourte car le chameau commence à être vraiment douloureux. Je décide de m'installer pour peindre. La jeune fille de la famille est impressionnée. Elle veut rester à côté de moi pour regarder. C'est, je crois, la nièce du couple et elle est là pour aider la jeune femme enceinte. Elle n'a que 11 ans mais fait un peu plus âgée (contrairement à Monhbat qui dit avoir 13 ans mais fait beaucoup plus jeune). Elle est très mignonne avec son petit visage angélique. Elle un peu timide mais très serviable, elle aide souvent Erica. En fait, elle passe souvent son temps à courir derrière Tserentogtoch pour l'empêcher de faire des bêtise. D'ailleurs il n'apprécie pas beaucoup qu'elle le délaisse pour me regarder peindre. Il commence à s'agiter et renverse mon verre d'eau. Il veut voler mes pinceaux et c'est un miracle si ma peinture s'en sort avec seulement quelques taches bleues. Finalement, Sébastien essaie d'occuper le petit diable et la jeune fille peut continuer à regarder. Le principal jeu du petit est de chevaucher son bâton en cirant "chou chou" (l'équivalent de "Hue hue"). Nous prenons notre diner dans la douce lumière du soir, le temps s'est beaucoup adouci et est maintenant très agréable. Demain, une nouvelle journée de route nous attend et nous devons ranger nos affaires. Dans la soirée, nous revoyons Monhbat. Je lui montre des photos de nos familles sur l'ordinateur. Nous lui donnons aussi un pourboire pour les chameaux. Nous avons déjà payé mais il ne reçoit pas l'argent officiel. Nous lui expliquons bien que l'argent est pour lui et qu'il peut s'acheter ce qu'il veut. Nous n'oublierons pas de prendre son adresse pour lui envoyer des photos et une lettre en anglais qu'il pourra essayer de comprendre.