Durant ces deux mois, j'ai vu 11 films dont 4 que j'ai déjà commentés lors de mes billets sur l'étrange festival.

Requiem pour un massacre de Elem Klimov

Je commence par ce film, c'est le dernier que j'ai vu à l’Étrange Festival mais je n'ai pas eu le temps d'écrire à son propos. Je l'avais choisi comme cinquième film plutôt qu'un inédit car on n'a pas toujours l'occasion de découvrir les anciens chefs d'oeuvre sur grand écran. On m'avait annoncé de la violence, mais j'ai surtout vu du cinéma : des plans fixes sur des visages, la nature filmée dans une lumière blanche et froide. C'est un film qui a peine besoin de dialogues tant les images parlent d'elles même. Sans doute le meilleur film que j'ai vu sur la seconde guerre mondiale et même sur la guerre en général.

Mes meilleures amies de Paul Feig

On passe à beaucoup plus léger avec Mes Meilleures amies. J'avoue que ni le titre, ni l'affiche, ni le résumé  ne me donnaient la moindre envie de voir ce film qui se profilait comme une énième mauvaise comédie américaine. Mais j'ai été interpellée par de bonnes critiques presses et quand l'occasion s'est présentée, je me suis laissée tenter. Bien m'en a pris ! Il est rare d'avoir de si bonnes surprises avec la comédie. On est bien loin de la mièvrerie habituelle, il y a de la cruauté et et de l'invention dans cet humour là. Les personnages secondaires sont bien pensés même si parfois un peu caricaturaux. La descente aux enfers de l'héroïne en anti-perfect-bridesmaid est tout à fait plaisante, la scène de la shower party en particulier est hilarante. Je retiens le talent comique de l'actrice principale Kristen Wiig et j'espère qu'on retrouvera ce genre de qualités dans d'autres films.

  La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli

Ce film a eu ses fans et ses détracteurs. Sans aller jusqu'à être fan, je me range du côté des "pour". Valérie Donzelli traite une histoire difficile sans jamais tomber dans le pathos. Ca raconte l'histoire de gens ordinaires qui se retrouve face à l'insurmontable, qui doivent épuiser toute leur force, toute leur énergie à cette lutte contre une fatalité incompréhensible. De l'énergie, les deux acteurs en ont à revendre et on entre avec eux dans la bataille. Contrairement à ce qui a été dit, j'ai trouvé qu'il y avait du vrai cinéma au delà du récit : cette façon hachée de raconter les choses, plans réalistes rythmés par des musiques hétéroclites. La réalisatrice marque son style et donne le ton...

 

Et maintenant, on va où ? de Nadine Labaki

Rien que pour sa première scène, chorégraphie mortuaire belle et sombre, le film vaut le coup. On retrouve cette féérie à plusieurs autres moment, dans les chansons en particulier. On peut peut-être lui reprocher cet aspect conte, assez naïf parfois (les guerres ne sont pas faites que par des hommes, mais bien aussi par les femmes). Cependant, un film si drôle et poétique sur un sujet si grave ne peut être qu'applaudi. La dernière scène est un pied de nez à l'absurdité religieuse, un cri de la réalisatrice pour son pays le Liban.

  Habemus Papam de Nanni Moretti

Je me méfie toujours un peu de la thématique religieuse et je n'étais pas très emballée par un film sur les questions existentielles d'un Pape. Mais il semble que ni la foi ni la religion ne soit le vrai sujet ici. La position de Pape n'a été choisi que pour son envergure mondiale et la responsabilité qu'elle incombe. Le film parle justement d'un homme qui se rend compte qu'il ne veut pas du pouvoir, qu'il ne veut pas des responsabilités. Il parle de ce besoin des hommes de suivre un leader de se laisser guider par quelqu'un, se s'échapper de leurs propres questionnements. Les cardinaux sans leur pape sont comme des clowns perdus qui adorent une ombre derrière un rideau et jouent au volet dans la cours en vieux messieurs qu'ils sont. Michel Piccoli est excellent en Pape fugueur dans les rues de Rome, le film est à la fois plein de grâce et d'humour.

We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay

Un film glaçant sur la maternité. Il est construit sur un rythme non linéaire : on passe du présent où l'on devine peu à peu la catastrophe au passé qui retrace la relation de Kevin avec sa mère. Le malaise est là, comme un mal caché derrière une vie douce et des musiques joyeuses. La réalisatrice a su faire transparaitre cette réalité décalée, une froideur qui enveloppe tout le film. Elle ne cherche pas à expliquer le problème : une relation entre une mère et un fils qui n'a tout simplement jamais eu lieu, la conséquence dramatique d'une dépression mal soignée ? Finalement, il reste la phrase emblématique du titre que personne ne prononce jamais et qui aurait peut-être pu changer quelque chose... Le thème de la culpabilité, de la responsabilité est aussi très bien traité dans les scènes du "présent", comment vivre quand on a engendré un monstre ? Comment rester en vie ?

The Artist de Michel Hazanavicius

Ce qui est étonnant avec The Artist, ce n’est pas tellement qu'il soit muet mais plutôt que l'on oublie qu'il l'est. On pouvait avoir peur d'un simple exercice de style, mais Hazanavicius a fait un vrai film dans lequel on entre pleinement, acceptant tout naturellement ce mode de langage. Il utilise même des effets purement "muet" comme le "boum" de la fin, tout à fait drôle. Le film est plein d'humour mais aussi de poésie, de lyrisme. Je suis touchée par une ode à une époque que je n'ai pas connue et je trouve plein de beauté les faux extraits de films dans le film, images kitch et démodées et parfois très touchantes.