Alors que le palmarès vient de tomber,  voici le compte rendu de mes deux derniers jours de festival.

Samedi matin, la neige a remplacé la pluie. Elle n'adhère pas encore au sol mais tombe obstinément et recouvre déjà les pare-brises. C'est donc grelotants, serrés sous un parapluie, que nous attendons le début de la première séance à l'espace Lac, Mama. Production anglophone, avec Jessica Chastain en premier rôle, d'un jeune réalisateur argentin, c'est un premier film très maîtrisé. Avant la projection, le réalisateur très sympa nous fait un petit discours qui nous donne envie d'apprécier son film. Il a en effet beaucoup de qualité et en particuliers deux jeunes actrices jouant de sauvages petites filles très convaincantes. Jessica Chastain a les cheveux teints en noir et un look de punk, ça la change beaucoup. J'apprécie le film qui est clairement un des meilleur de la sélection mais j'aurai aimé quelque chose d'un peu moins conventionnel, la fin un peu grandiloquente me déçoit un peu.

avant d'attaquer l'après-midi, nous nous restaurons à la géromoise en regardant tomber la neige. Nous faisons bien de prendre des forces car ça va être rude. On commence par rester à la porte du Casino. Nous étions arriver une heure avant le début de la séance de courts-métrages mais, dans ce cinéma, les pass festivals ne sont pas prioritaires et ils font rentrer très peu de gens : la salle devait être remplie d'invités. L'année dernière, les courts-métrages avaient été présentés à l'espace Lac et c'est, je pense, une erreur de les avoir remis au Casino cette année. Les séances où personne ne rentre sont toujours extrêmement frustrante et déstabilisent la programmation. Surtout que les courts-métrages, nous ne pourrons pas les voir. Ils ne repassent que le dimanche soir, nous serons déjà parti. C'est la première année que ça m'arrive (de ne pas voir les courts pas de trouver salle pleine) et c'est ma plus grande déception du festival. A la frustration de ne pas rentrer dans la salle s'ajoute celle de rester dans le froid après une heure d'attente sous la neige. Nous nous replions à la MCL où nous devons attendre encore au moins une demi-heure. Je suis gelée. Là aussi la séance est pleine et nous avons eu peur d'être à nouveau à la porte.

Mais, ouf, nous voilà installé pour House of last things, film en compétition que nous n'avons pas pu voir jeudi matin. Surprise, le réalisateur est parmi nous et nous parle quelques minutes en anglais sans traducteurs. C'est la première fois que je vois une équipe de film qui vient à une séance autre que celle de présentation officielle à l'espace lac ! Du film lui même, j'avais eu des échos partagés et plutôt négatifs. Visiblement il s'est fait cassé à la fois par le public et la critique. Mais moi, je revendique ma différence, j'ai beaucoup apprécié. On lui reproche d'être un "sous Lynch" mais j'ai surtout trouvé qu'il était troublant et assez beau. Il était très étrange, sa bizarrerie n'a pas séduit le public. Pour moi, c’est un vrai film fantastique et qui assume tout à fait son absurdité avec un scénario que j'ai trouvé cohérent sans explications lourdingues (et contrairement à ce que je lis ailleurs, oui il y avait de l'humour dans tout ça). Evidemment, il avait des défauts : un symbolisme un peu trop appuyé, des images assez clichés, mais il était original d'une façon qui a déplu et qui lui vaut des réactions de rejet.

En sortant de la salle, nous évitons de nous casser la figure sur le sol patinoire et retournons (en voiture, sur la neige fraiche) au cinéma du Casino. Cette fois, la salle n’est pas pleine pour voir In Fear. Il faut dire que le film n'est pas sous-titré et que tout le monde est à la projection de Cloud Atlas en avant première. Mais In Fear est une jolie surprise britannique parmi les belles découvertes du festival. Un jeune couple se perd en voiture et semble persécuté par un étrange personnage. J'aime la façon dont l'ambiance fantastique s'installe à travers une situation classique (se perdre sur une route de campagne). Il se passe beaucoup de temps avant que le "persécuteur" ne passe réellement à l'action, le film insiste surtout sur la pression psychologique qu'il exerce sur ses victimes, sur le doute, la méfiance et mépris qu'il fait naitre chez ce jeune couple nouvellement amoureux. Peu de spectaculaire mais beaucoup de finesse, c'est le premier film d'un réalisateur qui n'avait fait que des séries télé : Jeremy Lovering, un nom à suivre.

Retour à la MCL pour les deux dernières séances de la journée. On grignote un sandwich et on s'installe pour Come out and play, remake raté d'un film qu'il faudrait que je vois, "Quién Puede Matar A Un Niño?. Je dis raté car bien que l'idée du film original soit bonne : un couple arrive sur une île où les enfants ont tué tous les adultes, elle est ici très mal utilisée. Le film commençait plutôt bien mais le couple central manque clairement de caractère, leurs actions semblent dénués de sens et on se désintéresse vite de ce qu'ils vont devenir. Étant donné que ce sont les deux seuls personnages en dehors des enfants (relativement inquiétants, mais ce n'est pas trop difficile) forcément, ça joue sur la qualité globale. Il est bien dommage qu'une bonne idée se transforme en scénario insipide...

Je dois avouer que pour la dernière séance, je n'étais pas au meilleur de ma forme. 15ème film en trois jours à 23h30, je me sens accablée de fatigue, la tête qui tourne et une grande envie de mon lit. Cependant, j'arrive tout de même à apprécier Berberian Sound Studio avant-dernier film en compétition. Heureusement, il n'y a pas tellement d'histoire donc je ne suis pas obligée d'être concentrée. C'est un film d'ambiance assez étrange qui ressemblerait presque à un cauchemar (ça tombe bien, justement, j'étais dans un état de demi sommeil). On y découvre l'arrière plan d'un studio italien de prise de son où l'on fait les bruitages d'un film d'horreur qu'on ne voit jamais (à coup de hache dans des pastèques). L'horreur du giallo, on la voit sur le visage du personnage central, un anglais un peu timide, entrainé là dedans contre son grès. C'est à peu près tout ce qu'il y a dans le scénario, le reste ce sont des personnages qui semblent tourbillonner en criant en italien autour de l'anglais. De belles images, de beaux sons, une belle expérience si on accepte de quitter la forme et le sens d'un film classique.

Enfin je peux dormir, mais la nuit est trop courte et je me lève pour aller voir le dernier film en compétition. Finalement il n'y a pas tant de monde que ça le dimanche matin et j'aurais pu dormir plus au lieu d'attendre 1h30 dans le froid. Enfin bon, voici ma dernière séance du festival, le bien nommé The End. Je n'avais pas un très bon à priori sur le film, mal noté sur IMDB. Mais bon, je le découvre le plus objectivement possible. Au départ, je me laisse tout à fait séduire : le film commence d'une façon classique avec une bande d'amis qui se retrouvent dans une maison à la campagne. Il y a des tensions, des non dits, un évènement passé qui va ressurgir. Il prend ensuite un tournant inattendu et devient intéressant. Cependant, il s'essouffle et n'a plus grand chose à dire. Il faut dire que les personnages sont finalement assez creux. Les scènes finales pleines de dialogues pseudo philosophiques finissent de le rabaisser dans mon estime. Là encore, l'idée était bonne mais le traitement médiocre et je retiendrai surtout les jolis paysages (je ne sais pas où c'est mais je voudrais bien y aller en vacances).

Et voilà, le festival est terminé ! Nous rendons le petit appartement loué en centre ville et retournons vers Paris...