Vendredi matin, nous avons donc déjà vu la moitié de notre programme et nous avons décidé de notre planning jusqu'au dimanche soir. Cet après-midi, nous voyons deux films. Nous commençons avec l'australien Sweet River de Justin McMillan. Au milieu des champs de canne, une femme retourne dans la petite ville où son fils a disparu quelques années auparavant, vraisemblablement tué par un serial killer. Elle veut retrouver son corps et déterre surtout les secrets de cette ville marquée par la tragédie. Il y a de la tristesse, de la douceur et des fantômes d'enfants morts. C'est assez joli mais cela reste assez convenu et risque de sombrer dans l'oubli.

Le second film de l'après-midi est le coréen The Cursed Lesson de Kim Ji-han et Juhn Jai-hong. Ça commence assez bien. Une femme cherche à faire une cure de beauté dans un institut de yoga ultra select. Il y a une ambiance épurée très étrange et malsaine. Les clientes de l'institut commencent à avoir des visions terrifiantes. L'histoire n'est pas toujours facile à suivre mais on se prend au jeu. Et puis ça se délite. Non seulement on ne comprend plus grand chose mais on doit se farcir des explications lourdes et alambiquées. C'est dommage car on sent vraiment un potentiel qui n'a pas été exploité faute d'un scénario qui tienne la route. C'est le seul film de la sélection que je trouve vraiment raté.

Le soir, on voit d'abord le court métrage La Nuit m'appelle illustrant un fantasme vraiment bizarre qui me laisse un peu sur le carreau. Puis on enchaîne avec l'attendu Possessor de Brandon Cronenberg, le fils de... Une femme est une tueuse à gage un peu particulière : elle commet ses meurtres en prenant le contrôle d'autres personnes, entrant dans leurs tête et leurs corps. Elle oscille entre ses missions très violentes et la vie de famille qu'elle a laissé derrière elle avec son mari et son fils. Elle prend en charge une mission importante qui ne se déroule pas comme prévu. Le film est très violent et très sombre. Je le trouve beau et intriguant mais j'ai du mal à vraiment m'y accrocher. Il y a une froideur, une distance avec les personnages qui fait que je ne peux pas complètement rentrer dedans. Cela reste un des meilleurs films de la sélection même si je lui préfère les plus humains La Nuée et Teddy.

Voilà le week-end ce qui rend les choses un peu plus compliquées pour nous : pas possible de voir des films en journée alors que petit humain est à la maison. Nous voyons tout de même les trois courts métrages restant pendant la sieste : Aquarien, Canines et Sous la mousse. Ma préférence va au dernier, peut-être parce que le petit garçon qui prend son bain ressemble à mon fils. Il est surtout très bien filmé et cette petite histoire de 14 minutes est à la fois pleine d'humour tout en restant légèrement cruelle : une jolie petite pépite.

Le soir, nous pouvons reprendre notre programme. Nous voyons Mosquito State du polonais Filip Jan Rymsza. Un mathématicien qui a fait fortune grâce à un logiciel de prédiction financière semble devenir fou à la veille de la crise de 2008 et laisse son magnifique appartement de Manhattan se faire envahir par les moustiques. Les images sont très belles, le rythme est lent, presque méditatif. Il semble y avoir une portée symbolique, une critique de la finance mondiale et du monde actuel. Mais cependant, il lui manque quelque chose. J'ai du mal à comprendre son propos, à voir où le réalisateur veut nous emmener.

Le deuxième film de la soirée est Sleep de l'allemand Michael Venus. Une jeune femme part sur les traces du passé traumatiques de sa mère dans une petite ville allemande. Elle découvre peu à peu la vérité grâce à ses rêves. Ce n'est pas la meilleure heure pour voir un film car la fatigue se fait sentir. J'ai moi aussi envie de dormir comme les personnages du film. Cependant j'arrive à apprécier ses qualités : l'ambiance un peu lynchéenne, l'image inquiétante de cet hôtel vide entouré de mystère, ces rêves cauchemars qui n'en finissent pas. Quelques aspects du scénario auraient pu être mieux ficelés mais cela reste une belle expérience.

Le dimanche soir, il ne nous reste plus qu'un film à regarder : The Other Side des suédois Tord Danielsson et Oskar Mellander. C'est une histoire de fantôme assez classique. Une famille s'installe dans une maison et la maison mitoyenne n'est finalement pas si vide que ça. Il y a une jeune femme qui découvre comment devenir la "nouvelle maman" du fils de son compagnon, un petit garçon mignon qui devient ami avec un fantôme, des longs couloirs inquiétants, des portes qui claques toutes seules, des silhouettes qui apparaissent dans des coins. Ce n'est pas mauvais mais ce n'est pas bon non plus. L'histoire manque de profondeur et on ne sera pas très longtemps hanté par cette maison abandonnée.

Et voilà, le festival est terminé ! La plate-forme spéciale de diffusion des films est fermée à minuit. Plus tôt dans la journée, le palmarès a été dévoilé par de petites vidéos du jury. Mon favori La Nuée gagne le prix de la critique ainsi que le prix du public. Teddy repart avec le prix du jury Jeune et le prix spécial du jury. Un prix spécial ex-æquo a été décerné à Sleep tandis que c'est Possessor qui rafle le grand prix. C'était une belle édition et une belle expérience. On espère pouvoir retrouver les salles de cinéma bientôt et il nous manquait "l'ambiance festival", la neige, le fromage fondu et l'expérience collective des salles de Gerardmer mais le plaisir de voir les films était bien là !