Nous commençons notre journée avec le traditionnel film en compétition de 11h à l'espace Lac. Aujourd'hui, c'est Zeria du belge Harry Cleven. De l'aveu même de son réalisateur, c'est un film à très petit budget qui est parti d'un projet de recherche sur des expérimentations graphiques. L'œuvre finale ne dure qu'une heure, passant de justesse dans la catégorie "longs métrages". C'est un film d'animation, mélange de marionnettes, masques et autres effets. Seul un personnage parle, en voix off, il est le dernier humain à vivre sur terre. Les images de ses souvenirs défilent tandis qu'il raconte sa vie à son petit fils, premier homme à être né sur Mars. Cependant, la fin de la vie sur terre n'est pas le sujet : elle ne fait qu'appuyer la très profonde mélancolie que porte le personnage principal. J'apprécie assez l'univers visuel et l'ambiance générale. Malgré quelques longueurs, je me laisse porter par la poésie du récit.

À midi, nous profitons de La Géromoise, restaurant que nous retrouvons chaque année avec plaisir. J'ai à peine terminé mes mirabelles flambées que c'est l'heure de retourner à l'espace Lac pour la séance de courts métrages à 15h. Cinq films sont présentés cette année, tous de qualité. Nous voyons Growing œuvre d'une réalisatrice polonaise qui derrière le fantastique défend le droit à l'avortement. Puis le poétique Il y a beaucoup de lumière ici sur les arts du cirque. Le très abouti La Machine d'Alex est mon préféré : film déjanté sur la sexualité féminine et les voitures "hybrides". Il y a ensuite Les algues maléfiques efficace délire entre pote qui fait bien rire la salle même s'il manque un peu de subtilité. Enfin Les racines sauvages offre de belles images.

C'est déjà la fin de l'après-midi et nous rejoignons ma mère et l'enfant rentrés à la maison. Nous profitons de ce début de soirée en famille. L'enfant, qui refuse de faire la sieste depuis plusieurs jours, est épuisé. À 19h45, il est déjà endormi alors que nous partons voir nos derniers films.

À 20h30, nous sommes au cinéma du Casino pour Blood de l'américain Brad Anderson. Le film ne démérite pas et est plutôt agréable. Une mère en instance de divorce découvre que son jeune fils est assoiffé de sang après une étrange morsure. La voilà obligée de chercher du sang humain si elle veut qu'il survive. Les personnages sont plutôt bien fichus et on s'attache à l'histoire. Quand la mère finit par prendre en otage une patiente de l'hôpital, le film prend un tournant plus extrême que j'apprécie assez. La fin reste correcte même si j'aurais préféré quelque chose de moins convenu.

Après Blood, nous enchaînons avec La Tour à 23h. Cette fois, la déception est au rendez-vous. L'idée de départ est intéressante : une tour de HLM est coupée du monde par une sorte de brouillard sombre et mortel. Les habitants doivent se débrouiller pour survivre. Mais le film a énormément de défauts. Le premier, qui m'a le plus dérangée, est l'incohérence fondamentale du scénario. Le principal problème qui nous est indiqué est celui de la faim (logique) et pourtant les habitants vivent plusieurs années en se nourrissant sur leurs réserves (??) ou en... élevant des animaux (?!?). Je n'ai pas besoin que les choses fassent parfaitement sens, je m'en fiche de ne pas savoir pourquoi la tour est plongée dans le brouillard et comment l'électricité peut fonctionner, mais qu'après 5 ans ils aient encore des chips, bah non, ça ne marche pas. Par ailleurs, bien que l'ambiance glauque soit bien rendue, l'histoire est mal racontée. Il y a trop de personnages, qui nous sont à peine présentés, et jamais creusés. La plupart du temps, on comprend à peine ce qui passe. La question raciale, censée être au cœur du récit, est complètement bâclée et clichée. Et pour couronner le tout, le film manque de rythme et l'on se traîne de bla bla en lenteur. Vraiment, un tel gâchis, ça fait de la peine...

Et c'est sur ce film que nous terminons le festival. Nous n'avons pas réussi à réserver des places pour La Montagne, dernier film en compétition présenté le dimanche matin. À une autre époque, nous serions allés attendre une heure dans le froid pour espérer avoir une place en dernière minute mais avec l'enfant, la fatigue, la location à rendre, on préfère laisser tomber surtout qu'il sort au cinéma la semaine suivante. Nous repartons en début d'après-midi sur les jolies routes vosgiennes, espérant bien retrouver le festival l'année suivante. Nous sommes en train d'arriver chez nous quand nous découvrons le palmarès et la consécration de La Pieta qui gagne Grand Prix, Prix du jury Jeune et Prix du public (c'est ce dernier qui m'étonne le plus). Le plus classique Watcher, qui était mon autre favori, repart avec le prix du 30ème anniversaire.