Vendredi matin, nous commençons avec Memory of Water de la finnoise Saara Saarela. Dans un monde futuriste, l'eau est devenue très rare et tout est contrôlé par une terrible dictature militaire. L'ambiance visuelle de ruines technologiques dans des paysages desséchés est intéressante mais l'histoire manque un peu de cohérence et de nuance. Au final, il risque de disparaître rapidement de ma mémoire dans le marasme des films passés.

Après le déjeuner, nous nous dirigeons vers Maurice le chat fabuleux sauf que nous sommes 3 ! C'est la séance enfant et nous tentons d'y aller avec notre fils de 3 ans 1/2. Ça manque de capoter car on se trompe de salle (on va à l'espace Lac au lieu du Casino) puis on découvre qu'il était possible de réserver cette séance, contrairement aux années précédentes. Nous attendons dans la file "sans réservation". L'enfant ne supporte pas de voir l'autre file avancer et il crie "je veux réserver ! Je veux réserver !". Finalement, on arrive à rentrer et on est même placés exprès pour que l'enfant puisse bien voir. La salle est pleine des scolaires du coin avec en sus de nombreux festivaliers.

Le dessin animé, adapté de Terry Pratchet, est très plaisant. Un chat se lie avec une troupe de rats pour soutirer de l'argent à des villageois. L'enfant suit toute l'histoire, très concentré. Nous devons le rassurer un peu quand l'effrayant Roi des Rats apparaît à l'écran. Mais nous sommes surtout très heureux de partager cette expérience avec lui.

Après le film, nous profitons un peu de cette jolie fin d'après-midi alors que le soleil descend sur les coteaux enneigés. Nous prenons un goûter dans un petit café où ma mère nous rejoint puis nous laissons l'enfant pour repartir vers un nouveau film.

Nous voilà pour la suite de la compétition avec La Pieta de l'espagnol Eduardo Casanova. Le film nous plonge tout de suite dans son univers étrange et coloré avec sa musique omniprésente, ses couloirs de marbres, ses chorégraphies roses, ses peintures vivantes. On suit un couple mère-fils fusionnel dont l'équilibre est mis à mal par le désir naissant d'émancipation du jeune homme puis par l'apparition d'une maladie grave. Le style volontairement exubérant peut ne pas plaire mais j'ai personnellement beaucoup apprécié. Le film est d'une grande poésie comme avec les étranges scènes en Corée du Nord. Et bien que la relation mère-fils soit présentée dans un excès presque absurde, elle est loin d'être simpliste et pose des questions profondes sur la maternité.

Nous rentrons ensuite chez nous pour passer la soirée avec notre fils. Nous ressortons alors qu'il est sagement endormi, à plus de 22h, pour aller voir The Nocebo Effect de l'irlandais Lorcan Finnegan. Son précédent film, Vivarium, découvert à Gerardmer, m'avait beaucoup plu. Celui-ci est moins original. On suit une créatrice de mode atteinte d'une maladie mystérieuse et la jeune femme philippine qui s'immisce dans sa vie et prétend la guérir. Très vite, on comprend où l'histoire veut en venir mais la démonstration minutieuse n'en n'est pas moins glaçante et très efficace. Les scènes aux Philippines sont particulièrement touchantes et la dénonciation de l'exploitation textile des pays pauvres est intéressante et originale.