Lors de ma deuxième journée à San Francisco, je voudrais visiter le musée d'art moderne, le SF MOMA. Malheureusement, il est fermé pour rénovation... J'erre un peu dans le quartier à la recherche de quelques galeries avant de reprendre le métro pour quelques stations le long de Market Street. Je descends à Castro et remonte Castro Street. C'est un peu moins vallonné que dans le nord de la ville mais il y a tout de même de belles côtes. Je longe les élégantes maisons fleuries dans le soleil de la matinée. Changement d'ambiance lorsque je tourne sur Haight street, le quartier historique des hippies. La ville s'anime de boutiques légèrement extravagantes et colorées. En plus, c'est Halloween, ce qui rajoute encore au folklore : depuis ce matin, je croise régulièrement des personnes déguisées. Je prends mon déjeuner sur Haight street dans un café où l'on sert une root beer faite maison (mais toujours relativement imbuvable). Je continue mon errance, observe sans les acheter les vêtements fleuris dans les boutiques. Je suis un peu déçue de ne trouver que des vêtements et bien peu de livres. Pas de bouquinistes ! Peut-être que je ne suis pas au bon endroit et que les hippies ne lisent que des ouvrages politiques alter-mondialistes ou alors que j'ai mal cherché. Il y a quand même une librairie assez agréable car on y trouve des petits post-its conseils sur tous les livres. Je trouve le tome 6 des chroniques de San Francisco mais pas les tomes 4 et 5 que j’achèterai plus tard dans une librairie étudiante à Davis.

De Haight street, j'arrive tout naturellement au Golden Gate Park (qui n'est pas à côté du Golden Gate). A l'entrée, des vieux baroudeurs et des hippies jeunes générations boivent des bières assis au soleil. Le parc lui même est une bande verte orientée est-ouest d'environ un kilomètre de large sur 4km de long. Je suis à l'entrée est, si je le parcours en entier, j'arriverai à l'océan. La tentation de voir la mer est trop forte et je décide de tenter la promenade. Je marche lentement, le long de la route principale, longeant clairières et petits lac, le soleil m’effleurant le visage (un peu trop en fait, je vais être un peu rouge). Je me fais doubler par les coureurs, les cyclistes et les quelques voitures. Régulièrement, je mesure mon avancement sur la carte. Peu de temps avant la fin, je peux admirer les bisons dans leur enclos, reste sauvegardé de la nature sauvage américaine. Puis voilà la récompense : à la sortie du parc, je traverse la route et je suis au bord de l'océan. C'est une très longue plage où les vagues se déroulent lentement en immenses langues glacées. Car en trempant le bout du pied je remarque que l'eau est très froide, encore plus que dans la baie. Je m'assois sur la plage, les mouettes tournoient entre le ciel et la ville. J'écoute la mer et je laisse couler la fin de l'après-midi. Pour rentrer, je prends ce qui ressemble à un tramway mais se transforme en métro à l'approche du centre-ville, puis je redescends avec le Bart vert San Mateo.

Je reste encore quelques jours dans la « bay area » mais n'ai plus le temps de retourner gambader en ville car il faut que je travaille. Je reste à San Matéo, jolie petite ville de banlieue à quelques kilomètres au sud de la ville. Les petites maisons se succèdent, avec leurs citronniers et leurs orangers, leurs écureuils peu farouches (et peu appréciés des habitants), leurs buissons fleuris. C'est une banlieue à taille humaine : on peut marcher jusqu'à un petit centre ville où l'on trouve boutiques et restaurants. En marchant encore un peu, on arrive face à la baie bordée de parcs où poussent de grands pins. Lors de mon séjour ici, en plus de la ville de San Francisco, c'est tout l'univers de la « bay » que je découvre. Déjà, il faut comprendre son étrange climat. J'ai eu de la chance d'avoir du soleil pour mes visites en ville, San Francisco est connu pour être toujours recouvert d'un épais brouillard. Il n'y fait jamais chaud, ni jamais vraiment froid. L'été, en particulier, est très frais et brumeux. Il faut comprendre que c'est une presqu'île entre l'océan et la baie ce qui explique cette forte influence océanique. Plus on descend vers le sud de la péninsule, plus cette influence baisse. A San Mateo, on ne trouve que rarement le brouillard et les températures estivales sont plus élevées. A cela s'ajoute l'orientation est-ouest : la température peut monter de 10 degrés entre la côte océanique à l'ouest et celle de la baie à l'est. Et si l'on traverse la baie elle-même (par le «Bay Bridge » ou le « San Mateo Bridge » mais pas le Golden gate) pour aller Oakland ou Berkeley, on trouve un climat beaucoup plus continental.

C'est ce genre de climat que je trouverai à Davis, à une centaine de kilomètres au nord de San Francisco, près de Sacramento. J'y passe une semaine pour les besoins d'une conférence. Il fait sans problèmes plus de 35 degrés en été et l'hiver, sans être très froid, est gris et pluvieux. Mais j'y suis en novembre et c'est visiblement une des meilleures saisons. J'y trouve les couleurs de l'automne et la douceur de l'été (mais pas la chaleur torride). Il fait souvent froid le matin (entre 8 et 10 degrés), mais dans l'après-midi, sous l'effet du radieux soleil, on monte à 20 ou 25. L'endroit ressemble à un petit paradis. Les étudiants sont installés dans l'herbe, à l'ombre des arbres ou courent les écureuils. Pour rejoindre le bâtiment de mathématique depuis mon hôtel, je longe une jolie rivière où nagent des loutres et où volent des oiseaux bleus. En dehors du campus, la ville est faite d'une succession de rues calmes rangées en quadrillages. On y trouve des tas de petits restos et quelques boutiques. Comme la ville est petite et plate et que les étudiants sont désargentés, tout le monde roule à vélo, avec une cordialité entre véhicules de toutes sortes qui semblent très exotique à la parisienne que je suis.

Après ma semaine à Davis, je redescendrai vers le sud où je logerai chez un collègue dans la (toute) petite ville de Tracy. C'est une ancienne ville fermière, encore éloignée de tout, mais qui grossit petit à petit en attirant les citadins qui fuient les prix prohibitifs de la zone urbaine de la baie. Je visiterai aussi Berkeley et son fameux campus, ville très prisée de la banlieue installée sur la baie en face de San Francisco. Et puis je prendrai enfin le temps d'aller jusqu'au Golden Gate (il n'est pas dans la ville, je profite donc de mon collègue-chauffeur-logeur). Ca en vaut la peine, c'est une majestueuse œuvre de métal et la vue sur la ville et la baie est splendide. Dans le vent et la lumière du coucher du soleil, avec les pêcheurs à ses pieds et les otaries qui batifolent, c'est une expérience très réussie. Ma dernière étape avant mon départ sera une nuit « surprise » à Pacifica. Je retrouve une amie que je n'ai rencontrée qu'une fois, à Paris, lorsqu'elle même voyageait mais avec qui j'avais gardé contact par Facebook (comme quoi, ça sert les réseaux sociaux). Pacifica est une autre ville de la péninsule, sur la côte Pacifique entre San Francisco et San Mateo. Mon amie habite juste à côté de la plage et j'irai m'y promener avec elle le vendredi matin, jour de mon départ. Encore une fois, chanceuse, la ville m'offre un incroyable ciel bleu. Quel plaisir de marcher au bord de l'océan, de gravir les petites falaises pour admirer le splendide paysage ! Les vagues puissantes vrombissent avec leurs immenses rouleaux et nous courons dans l'écume glacée. Le soleil brille sur le sable brun, le faisant scintiller tel des pépites. C'est sur cette magnifique fin à la hauteur de mon séjour que je quitte la Californie, le cœur encore perdu sous le Golden Bridge entre l'océan et la baie.