Festival de Gerardmer 2011 : conclusion et palmarès

Et voilà, le festival est terminé pour cette année ! Comme d'habitude, j'ai apprécié ces quatre jours intenses et sanglants, escapade volée dans ma vie tranquille. Que retiendra-t-on ? Sans doute la tendance très gore des films de la sélection : l'année dernière, on avait les zombies, cette fois ça a été la torture et le cannibalisme, âmes sensibles s'abstenir. Il y a eu de très bons films comme I saw the devil et The loved ones, d'autres moins bons et d'autres qui seront carrément oublié, mais ça, c'est chaque année ! Les journées ne furent pas trop intensives, nous n'avons vu que 14 films contre 16 l'année dernière (+ les courts métrages). Le temps a été au rendez-vous : la neige est tombée avant le festival en quantité raisonnable puis le soleil a brillé presque tout le temps, ce qui donne "Gerardmer enneigé sous le soleil", c'est à dire l'idéal. On remarquera aussi la très grande affluence, avec comme conséquence indésirable un accès parfois difficile aux salles dont nous avons pâtit ! Il était pratiquement impossible de voir une séance à l'espace lac sans un pass festival et je pense que certains films ont été pleins à presque toutes leurs séances. On annonce une nouvelle salle pour l'année prochaine, je suis curieuse de voir ça ! Enfin, revenons aux films avec le palmarès :

Grand prix : Bedevilled

Comme je l'ai dit, je n'ai pas découvert ce film à Gerardmer, je l'avais vu à l'étrange festival en septembre. Je suis assez  étonnée qu'il gagne le grand prix mais visiblement, il a beaucoup plu, je n'ai lu que des bonnes critiques. Personnellement, j'aurai penché pour I saw the devil qui a d'ailleurs remporté presque tout le reste... Mais il est vrai que Bedevilled a de grandes qualités, il est très bien réalisé avec un scénario peut être plus dans le thème du festival. J'attends de voir ce que nous réserve ce nouveau réalisateur coréen pour la suite.

Prix du public, prix de la critique et prix du jury jeune : I saw the devil

Cependant, le second film coréen ne part pas bredouille (heureusement !), avec trois prix dont celui du public, il semble même être le grand gagnant de ce festival. C'était pour moi le meilleur film de la sélection : thriller original, sanglant et tendu, Kim Jee Won nous prouve à nouveau son talent. On remarque que la Corée revient en force avec deux films primés : ça faisait un moment qu'on n'avait pas eu de si bons films venant du "pays du matin calme"  (pas si calme que ça visiblement).

Prix spécial du jury ex aequo : The loved ones et Ne nous jugez pas et Prix Sci-Fi pour The loved ones

Ah, The loved ones repart avec deux beaux prix. Ça a été mon coup de coeur de cette année : humour noir, dérision, cruauté, tout pour plaire ! Je pense qu'il talonnait de près I saw the devil pour le prix du public. Le choix de Ne nous jugez pas est plus étonnant. La réaction du public a été très mitigée, certains le classant directement dans les navets de l'année. Personnellement, j'avais apprécié le film mais ne le pensait pas d'une qualité assez importante pour remporter quoi que ce soit.

Prix du court-métrage : Le Miroir

Certaines années, ce prix sonnait comme une évidence. Là, c'était très difficile de savoir qui serait primé car les courts étaient tous de qualité et le choix dépendait plus des sensibilités de chacun. Le Miroir n'est pas celui qui m'a le plus marquée mais il avait des qualités évidentes, en particulier du point de vue esthétique.

Prix Inédit vidéo : Triangle

J'ai entendu beaucoup de bien de ce film que je n'ai pas vu ! Comme c'est un inédit vidéo, il devrait sortir en DVD et j'essaierai donc de me le procurer. Quelqu'un m'a même dit que c'était le meilleur film du festival tout confondu !

Voilà pour le palmarès. Jetons un oeil à ceux qui n'ont pas reçu de récompenses. Je suis bien contente que Devil n'ai rien eu car ce n'est que de la poudre aux yeux. Dream Home a eu pas mal de succès et certains auraient bien aimé le voir repartir avec quelque chose, dommage que tout le film n'ait pas été du niveau des scènes de tuerie gore car là, il aurait vraiment fait mouche. Mirages n'avait clairement pas le niveau pour gagner, mais je continue de penser qu'il avait tout de même des qualités et qu'avec un peu plus de moyens et un scénario meilleur, le réalisateur nous donnera des occasions de le récompenser. Troll Hunter est très particulier, mais c'est un délire qui m'a bien plu ! Évidemment, ça ne parle pas à tout le monde et c'est peut-être un peu trop maladroit pour espérer gagner. Enfin, je n'ai pas vu La casa muda mais j'ai l'impression qu'il a raté son effet. Pour terminer avec les hors-compets, je crois qu'on retiendra surtout Rare Exports, la bonne surprise du festival, le reste étant sans intérêt. Côté rétrospective, j'ai vu Repulsion qui a été le meilleur film du festival : c'est plus facile avec ceux qui ont déjà fait leurs preuves ! Il y avait aussi les excellents Haute Tension, Psychose, Donnie Darko et puis évidemment tous les Dario Argento : quel dommage qu'on ne puisse pas tout voir... Et puis, demain, je poste les photos du jury et des équipes de film. Petite note pour dire qu'ils avaient l'air vraiment tous très sympa, en particulier Dario Argento et Alexandre Aja qui s'arrêtaient volontiers prendre des photos et signer des autographe. J'ai d'ailleurs un petit souvenir bien sympa ;) Ça doit être agréable pour eux d'être au milieu de leurs fans !

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Festival de Gerardmer 2011 - Samedi et dimanche

I saw the devil, The Loved Ones, Proies, Terreur, L'empire des ombres

Premier film de la journée : I saw the devil. Nous arrivons à l'avance car on ne voudrait pas louper la séance. Le réalisateur est Kim Jee Won. Il y a quelques années, son film Deux Soeurs a remporté le grand prix et reste parmi mes préférés, si ce n'est mon préféré, de l'ensemble des films que j'ai vu au festival. Deux Soeurs était un film de fantôme, un vrai fantastique. I saw the devil est très différent mais la maitrise est la même. Ce n'est pas tout à fait fantastique, mais plutôt thriller gore. Le scénario est bien mené, assez surprenant, le film est très bon. Cependant, je trouve qu'il aurait gagné à être un peu plus resserré car 2h20, c'est long. Ma préférence reste toujours à Deux Soeurs mais I saw the devil est clairement l'un des meilleurs du festival.

Sous le soleil, près du lac enneigé nous prenons un rapide pique-nique avant d'aller voir les courts métrage. Nous avons une belle sélection cette année. Je retiens le très bon Red Balloon qui arrive à instaurer une ambiance inquiétante en très peu de temps. Du côté de l'humour, on a le fameux Bloody Christmas 2, le révolte des sapins qui a eu un petit succès dans la salle. Et puis même s'il était un peu maladroit, j'ai apprécié le très drôle Cabine of the deads où un homme vit une attaque de zombies depuis une cabine téléphonique.

En sortant de la salle, la file d'attente est longue pour le prochain film en compétition, La Casa muda. Nous ne sommes pas sûrs de rentrer. Et si nous allons voir ce film, nous ne sommes pas sûrs du tout de pouvoir rentrer à la prochaine séance, The Loved ones qui sera précédée d'un hommage à Dario Argento. Le pire est que l'on pourrait attendre ici une heure dans le froid pour être refoulés, et ensuite, nous n'aurions même pas le temps de nous reposer un peu, il faudrait enchainer et attendre à nouveau deux glaciales heures. Notre décision est prise, tant pis pour La Casa Muda dont nous n'avons pas eu de très bons échos, allons prendre tout de suite une boisson chaude au café et revenons tout à l'heure faire patiemment la queue pour The Loved Ones.

Nous ne regrettons pas. Nous assistons au bel hommage à Dario Argento : discours d'Alexandre Aja et standing ovation. La rétrospective de ses films nous donne envie de tous les voir... Puis, nous découvrons The Loved Ones,  mon coup de coeur du festival. C'est un premier film australien, ce qui ne m'inspirait pas trop confiance car j'avais encore en tête l'insignifiant Rogue vu il y a quelques années. Mais là, c'est un bijoux d'humour noir, cruel et déjanté qui nous attend. Pour vous donner une idée, voici les paroles de la bande originale du film qui me trotte dans la tête depuis :

Am I not pretty enough ? Is my heart too broken ? Do I cry too much ? Am I too outspoken ?

Jusque là, ça va. Mais pour vous mettre dans l'esprit du film, il faut chanter cette chanson à votre chéri habillée d'une robe de bal rose fluo avec un maquillage de poupée barbie, le nez cassé et la lèvre fendue, tenant à la main un long couteau ensanglanté. Votre chéri, lui, doit être ligoté sur une chaise clouée au sol dans un costume débraillé et taché de sang, le teint gris et les yeux vitreux. Et oui, Lola a très mal pris que Brent refuse de l'emmener au bal et elle a une façon particulière d'arriver à ses fins... Très drôle, dérangeant, bien joué et bien maitrisé, le film a eu beaucoup de succès et il n'est pas passé loin du Prix du public.

Le dernier film de la soirée n'est pas du même niveau de l'aveu même du réalisateur venu le présenter. C'est une production française, Proies,  une série B sans grand intérêt. Mais j'avoue que j'aime ces séances tardives à Gerardmer quand l'Espace Lac n'est pas plein et que l'on peut s'étaler un peu sur les sièges. Les autres festivaliers ont, comme nous, une journée de films derrière eux mais ils sont toujours d'attaque, prêts à applaudir les têtes éclatées et les giclées de sang. C'est un peu comme regarder une deuxième partie de soirée sur M6 avec des copains, mais un peu plus que d'habitude. D'ailleurs c'est à ça que ressemble ce film, il est assez gentil pour ne pas être évincé des chaines de télé et il ne choquera pas dans les chaumières. Le scénario est assez convenu, tout se déroule tranquillement sans qu'on ait à se poser trop de questions. Un film oubliable mais qui, au moins, est français : peut-être qu'à force, on va réussir à en faire des vraiment bien.

Le dimanche est notre dernière journée. Nous avons déjà vu le film présenté en compétition : Bedevilled. Il est passé à l'étrange festival au mois de septembre. A ma surprise, il va gagner le grand prix et je remarque d'ailleurs qu'il a beaucoup de succès parmi les festivaliers. C'est un bon film, mais comme je l'avais déjà dit, il me déçoit tout de même un peu. Pendant que le jury le découvre (et l'apprécie donc visiblement), nous voyons un Inédit Vidéo : Terreur. La sélection des inédits vidéos est un peu à part dans le festival, elle a son propre prix et ne passe que dans l'étrange cinéma Paradisio. Habituellement, nous n'avons pas le temps d'y aller. Cette année, nous n'en avons vu qu'un et, malheureusement, pas le meilleur. Terreur est en effet assez médiocre : beaucoup de grandes phrases pour pas grand chose. Encore un film que l'on va oublier très vite. Notre dernier film du festival, L'Empire des ombres est un peu de la même veine. Quelques bonnes idées mais au final rien de bien transcendant.

Et voilà le festival est fini pour cette année ! Demain, un article sur le palmarès qui nous a réservé quelques surprises...

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Festival de Gerardmer 2011 - Vendredi

Ne nous jugez pas, Devil, Rare Exports, Troll Hunter

Nous commençons par un film en compétition : Ne nous jugez pas. C'est un film mexicain traitant de cannibalisme, on aurait pu attendre quelque chose de plus délirant. En fait, c'est plus une fable un peu glauque, presque sociale, centrée sur le rapport entre les personnages. Le film est bien mais il lui manque quelque chose, le rythme est un peu lent, on voudrait peut-être plus de concret, de sang ! Enfin, nous n'avons toujours pas notre gagnant...

Ayant un peu de temps à midi, nous mangeons à la Géromoise qui a l'avantage, en plus d'être un très bon restaurant, d'offrir le wifi gratuit. Notre première séance de l'après midi est un film hors compétition et, confiants, nous n'arrivons que peu de temps avant le début. Et là, surprise, la séance est pleine ! Le festival est victime de son  succès et le nombre de pass festvial est tellement important qu'il peut remplir l'espace lac sans l'aide de la presse et du jury. Nous voilà donc un peu bête à revoir notre planning.

Nous nous rendons directement à notre prochaine séance, Devil à la MCL. Le film a été présenté à l'ouverture du festival mercredi soir et nous n'y étions pas. C'est sa dernière projection ici, dans cette petite salle excentrée. Nous entrons sans problème mais la séance est, elle aussi, pleine ! Si nous avions suivi notre programme initial, nous n'aurions pas pu le voir. Le film lui même n'est pas d'un intérêt évident. C'est une production de Night Shamalayan dans l'esprit de ses films précédents. On peut le qualifier de divertissant, il est certes bien réalisé. Mais il est creux, il a ce défaut des films trop commerciaux de n'offrir rien d'autre à l'esprit que d'avoir compris toute l'histoire. Il nous laisse sans questionnement, sans inquiétude, sans angoisse. On peut l'oublier aussitôt qu'on l'a vu.

On passe les heures qui suivent à se réchauffer dans un bar du centre on l'on se nourrit de crêpes et de vin chaud. Puis nous découvrons le film que nous aurions dû voir plus tôt cette après midi : Rare Exports, un conte de noël. Enfin, un peu de décalage, d'humour, de délire. C'est un film finnois, qui parle en effet du père noël. Mais attention aux enfants, car ce père noël est un peu effrayant et risque d'engendrer quelques cauchemars. En tout cas, c'est une belle découverte du festival.

On continue avec le délire nordique et on va voir The Troll Hunter, film norvégien se présentant comme un documentaire sur les trolls. Les trolls sont de sortes de gros géants pas très beaux ni très intelligents, à l'odeur marquée et qui vivent dans les forêts ou les montagnes. Le seul homme de Norvège qui s'occupe de leur régulation ne se trouve pas assez soutenu dans sa tâche et c'est pour ça qu'il accepte qu'une bande d'étudiants viennent faire un reportage sur son travail quotidien pour révéler au monde ce qui a été caché depuis si longtemps. Le film est un peu maladroit mais complètement délirant ce qui est toujours agréable. On y trouve une belle dose d'absurde, un humour décalé appréciable. Je le verrai bien obtenir le prix spécial.

Après ça, j'aurai bien voulu voir le premier film de la Nuit Claustrophobie, Bug, mais il est tard et je ne tiens plus, je m'endors sur place alors autant rentrer et dormir dans un lit.

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