Dans les temples

En arrivant dans la jolie ville de Takayama, nous trouvons tout de suite à nous loger dans une auberge de jeunesse qui se situe dans un temple ! Nous avons une grande chambre tatamis qui s'ouvre de deux côtés par des portes coulissantes à la japonaises. Nous sommes accueillis pas une membre du temple qui nous fait la visite : il y a le petit jardin, la salle commune, la cuisine commune et la salle de prière. Tous les matins, à 9h30 a lieu le rituel bouddhiste auquel peuvent assister les locataires. En fait, cette auberge est l'endroit à la fois le moins cher (30 euros par personne) et le plus pratique où nous avons logé : la cuisine nous a permis de prendre un vrai petit déjeuner, la chambre est spacieuse, les futons confortables et il y a même internet. Par ailleurs, le cadre est très agréable !

Une fois installés, nous allons nous promener dans la ville. Takayama a ceci de différent des autres villes japonaises qu'elle fait preuve de beaucoup plus d'unité architecturale. On se balade entre les petites maisons dans des rues agréables : pas de grands immeubles hideux mas des temples nichés au coin des rues. Il fait chaud, nous nous installons à la terrasse d'un café, chose très rare au Japon, et nous reposons tranquillement. Nous y rencontrons une jeune femme qui a vécu en France pendant 10 ans et qui parle donc le français, artiste, elle est venue se réinstaller au Japon et a son atelier en face du café. Nous ne visitons rien de précis, mais nous laissons juste bercé par la douceur de la ville. Le soir, nous mangeons dans un petit restaurant qui sert une spécialité locale de nouilles. Le lendemain matin, nous allons jusqu'au parc qui surplombe la ville : encore des petites maisons, fleuries de rhododendrons roses et bleus, symbole de la région. Nous ne faisons pas le grand tour car le parc est un peu trop escarpé pour la chaleur qu'il fait déjà et le temps que nous avons mais profitons un moment des allées boisées.

Déjà il faut quitter Takayama et revenir vers Matsumoto et plus loin, Nagano. Nous reprenons la même route qu'à l'aller, toujours aussi agréable. Nous nous arrêtons pique-niquer près d'une nouvelle rivière : nous sommes simplement sortis de la route principale lorsque nous avons pu et nous sommes arrêtés "n'importe où". Puis nous avons descendu à travers les buissons les quelques mètres qui nous séparaient du torrent : l'eau est glacée, on ne peut pas s'y baigner, mais on profite de l'agréable fraîcheur de l'air et du joli cadre.  Enfin, la route de montagne se termine et voilà l'autoroute entre Matsumoto et Nagano. C'est dans cette ville que nous avons décidé de nous arrêter pour nos deux dernières nuits : en effet, dimanche je dois me rendre à Nagoya alors que Seb doit ramener la voiture à Tokyo, Nagano semblait le point le pratique.

Mais si elle a été choisie pour des raisons logistique, la ville n'en est pas moins agréable. Elle est plus grande que celles où nous avons été jusqu'à présent. Dans son ensemble, elle se distingue peu des autres cités japonaises : moderne et fonctionnelle. Mais au centre, autour du temple Zenko-ji et de ses dépendances, tout un quartier a gardé son âme à l'ancienne. C'est là que nous logeons dans un ryokan traditionnel conseillé par le lonely planet, vieille maison tenue depuis 130 ans par la même famille. Le lieu lui même, principalement en bois, semble entièrement fait de couloirs et d'escaliers qui s’entremêlent en un étrange labyrinthe cachant les chambres derrières les portes vitrées coulissantes. Il faut faire tout un périple pour se rendre à la salle de bain et nous n'avons toujours pas bien compris l'architecture de l'ensemble.  La chambre elle même est confortable, l'hôtesse nous y sert un thé vert pour nous accueillir.

C'est la fin de l'après midi et nous visitons le temple principal tout proche. L'heure est idéale, la chaleur du jour s'estompe ainsi que la foule. Nous nous promenons entre les pagodes aux toits incurvés, baignées de la lumière du crépuscule. Arbres, pierres, étangs où nagent les tortues : toute la poésie des décors japonais dans la douceur du soir.  Nous flânons un moment dans ce charmant univers. Tout proche de notre auberge, nous trouvons une mignonne petite place avec plusieurs restaurants. C'est là que nous mangeons notre tofu grillé, nos brochettes de poulet avec de la miso soupe et un bol de riz.

Samedi est le dernier jour de cette première partie des vacances (la deuxième partie aura lieu après la conférence). Pour une fois que nous n'avons pas à changer d'hôtel ou de ville, nous n'avons pas de contraintes horaires matinales et pouvons dormir tranquilles. Le temps de se laver, de prendre le petit déjeuner, de faire une lessive et de traîner, il est déjà midi quand nous nous décidons à sortir. Nous partons en voiture pour aller nous promener en forêt. Il faut bien monter une heure sur une route de montagne pour atteindre le sanctuaire de Togakushi. Nous nous arrêtons à Chusha où se situe un premier temple, il y a du monde en ce jour de week-end et un groupe de musiciens habillés de kimonos tonnent en rythme sur leurs tambours.  Nous marchons à travers la forêt jusqu'à un second arrêt populaire, le point de départ du chemin pour le temple d'Okusha. Là bas, nous goûtons à la glace au "soba" ou sarrasin servie par une petite échoppe, une idée pour les bretons ? On sent véritablement le goût de la céréale et c'est assez bon ! Mais fini les sucreries, c'est le début de la balade : deux kilomètres le long d'une grande allée bordée de cèdres centenaires. Les grands arbres font toute la majesté du lieu avec leurs larges troncs qui semblent s'élancer vers le ciel. La route se termine par un escalier qui me semble interminable pour enfin arriver au petit temple. Pour moi qui ne suis pas bouddhiste, je me demande un peu pourquoi je me fatigue à aller jusqu'au bout : les autres, eux, vont prier ! Je me contente d'admirer les montagnes dans la brume, les petites pagodes fleuries de rhododendrons. Au retour, nous faisons un détour par la forêt. Il n'y a plus personne sur le petit chemin bien délimité entre les haut roseaux. Nous marchons au dessus des marrais et entendons frissonner la nature autour de nous.

La promenade se termine par un joli étang puis nous retournons le long de la route à Chusha où se trouve la voiture. Au final, nous aurons marché quatre heures, ce qui nous change un peu des longues journées de voiture. Dans les hauteurs, la température est de plusieurs degrés inférieure à celle Nagano (elle même déjà plus fraîche que Tokyo) ce qui rend ce genre de balade tout à fait agréable. Et quoi de plus voluptueux en rentrant que d'aller plonger ses muscles endoloris dans l'eau chaude du bain de l'auberge, les habitudes japonaises ont du bon... Nous nous laissons piéger par le temps et avons du mal à nous trouver un restaurant le soir. Loin de l’exubérante Tokyo, on ne mange pas après 20h ! Et voilà notre première partie de séjour terminée. Le lendemain, dans la petite gare de Nagano, je trouve facilement mon train. Depuis la fenêtre, je regarde défiler les montagnes et les petits villages direction Nagoya...

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Dans les montagnes

Le mercredi matin, le soleil brille et le ciel est dégagé. Nous admirons la majestueuse silhouette du mont Fuji depuis la terrasse de notre auberge où nous prenons le petit-déjeuner. Pas d'expériences japonaises ce matin mais des yaourts achetés à la supérette la veille. A 10h, nous reprenons la route. Nous sommes au nord du mont Fuji, dans la région des lacs : 5 lacs dans les montagnes depuis lesquels on peut admirer le volcan. Nous en faisons le tour en voiture, les paysages sauvages côtoient de petits hôtels et le fantomatique mont Fuji comme décor. Seule frustration, ces lacs sont magnifiques et possèdent même de petites plages où viennent se poser les barques, mais personne ne se baigne ! Je n'ose pas lancer le mouvement ni ne trouve de petit coin tranquille pour me glisser en douce et ces eaux qui m'attirent resteront inviolées... Si quelqu'un en sait la raison, je voudrais bien la connaître, j'ai l'impression pour ma part qu'il y avait pas de réelle interdiction mais simplement que ça ne faisait pas partie des habitudes locales.

Nous montons vers le nord, quittons le mont fuji et traversons une jolie zone de montagne. Puis revoilà la plaine, beaucoup moins agréable et nous roulons pendant une longue période dans une zone assez laide. Tout à l'heure, près des lacs, nous étions au parfait endroit pour prendre un pique-nique mais nous n'avions rien à manger. Maintenant que nous avons trouvé une supérette et que nous avons faim, nous sommes dans la banlieue industrielle d'une ville peu attrayante. Nous continuons, les montagnes au loin se rapprochent et rétrécissant la vallée où nous roulons. Nous sommes maintenant entourés de rizières. Nous quittons la route au hasard simplement pour trouver un endroit où nous installer. Nous suivons les petites routes et serions bien incapable de dire où nous nous sommes arrêtés. Mais, par miracle, il y a une table de pique-nique et la vue sur les montagnes est agréable...

Ce soir, nous sommes à Matsumoto jolie petite ville à l'entrée des montagnes. Le premier hôtel indiqué par le guide était plein, le deuxième trop cher. Nous avons donc cherché au petit bonheur la chance avec nos gps et les divers informations que nous repérions et nous avons trouvé ! L'hôtel est bien situé, il propose des chambres européennes et japonaises (nous avons pris la chambre européenne, notre dernière nuit nous ayant fait un peu mal au dos). Ces "buisness hôtel" que l'on trouve parfois peuvent s'avérer moins cher que les auberges traditionnelles où l'on paye par personne et non par chambre. On ne trouve pas d'auberge à moins de 40 euros par personne, et encore, c'est un pris bas qui n'inclut pas le petit déjeuner ou le dîner, souvent il faut compter au moins 60 euros voire des sommes encore plus élevées 100 ou 200 euros par personne ! Dans les hôtels, il aussi difficile de trouver à moins de 70 ou 80 la nuit (pour la chambre cette fois) mais on a, pour ce prix là, un peu de confort même s'ils ont moins de charme que les auberges.

La ville de Matsumoto est assez jolie. Son style est inégal, on trouve aussi bien des maisons anciennes que des immeubles moches ou des créations architecturales contemporaines parfois réussies. L'ambiance, cependant, est très agréable : petits cafés, boutiques, ... Nous marchons jusqu'au château, jolie bâtisse de bois noire et blanche dans un agréable parc. Il est trop tard pour le visiter mais pas pour l'admirer ni pour flâner dans son parc, admirer les tortues, les cygnes et les carpes dans ses douves, s’asseoir sur un banc en profitant du soleil de la fin d'après midi avec la vue sur les montagnes. Quand la nuit sera tombée, nous marcherons encore dans la vieille ville endormie et trouverons un très bon restaurant, très peu cher, par pure chance car nous ne choisissons que par rapport au cadre et sommes incapables de lire la carte à l'extérieur (on voit seulement les prix, sans savoir à quoi ils correspondent). A l'intérieur, les restaurant ont presque toujours une carte en anglais mais ils ne l'affichent jamais.

Dans le "buisness hôtel", le petit déjeuner n'est au pas au niveau de celui de l'auberge que nous avons eu deux jours avant. Je me contente de riz blanc, de thé vert et d'un peu d'omelette japonaise. Avant de quitter Matsumoto, nous allons cette fois visiter le château. De l'extérieur, il semble frêle et délicat avec ses fenêtre en bois sombre et son toit ciselé. Mais c'est en fait l'équivalent de nos châteaux forts du moyen-âge et il est conçu de façon ultra défensive. Autrefois, il était entouré de nombreuses douves et murailles dont peu subsistent aujourd'hui. Dans toutes les pièces, on nous explique comment les samouraï combattaient, comment les attaquants étaient repoussés. Le bâtiment lui même date du XVIème siècle, il est assez incroyable que des bâtiment survivent aussi longtemps dans un pays sans arrêt secoué de tremblements de terre et balayés chaque année par de puissants typhons. Je dois dire que je ne connais absolument rien à l'histoire du Japon et que j'ai très peu révisé avant mon départ. Mais quand je visite, le présent m'intéresse en fait d'avantage. Certes il est intéressant d'apprendre la vie des samouraï et l'histoire du château mais il l'est aussi d'observer les japonais eux même visitant leurs trésors nationaux et l'organisation de tout ça. Ici, il faut retirer ses chaussures à l'entrée. On visite le château pieds nus en portant ses chaussures dans un petit sac plastique. Tout est fléché évidemment, et le parcours se fait dans un sens bien précis selon une organisation sans faille. Comme partout au Japon, il y a beaucoup de personnel, non seulement un garde à l'entrée (pour vous dire d'enlever vos chaussures) mais un autre à la sortie (pour vous dire de les remettre) mais aussi plusieurs autres à l'intérieur devant les escaliers un peu raides simplement pour vérifier que tout va bien et dire à tous les visiteurs : "attention à votre tête le plafond est bas".

La visite terminée, nous quittons Matsumoto et roulons à travers la montagne vers la ville de Takayama. C'est une petite route qui serpente dans la forêt en traversant ce qu'on appelle les "alpes japonaises". C'est absolument magnifique, une rivière coule dans le fond de l'étroite vallée. Elle est bloquée par plusieurs barrages et devient alors un large fleuve, presque un lac, et les montagnes semblent alors surgir directement de son eau émeraude. Quand nous quittons la route principale pour nous enfoncer plus profondément dans la montagne, les à-pics sont d'autant plus impressionnants tout comme les virages, et les panoramas fabuleux. Il fait un temps superbe, le ciel est bleu et à peine taché de nuage. Les sommets verts et noirs, parfois encore mouchetés de neige s'y dessinent comme dans un pittoresque tableau. Quand deux petits tanukis (sorte de ratons laveurs) traversent la route, cela ajoute encore au charme de la balade. Nous nous rendons à Shirahone, une petite station thermale perdue dans la nature. Ce n'est pas une ville mais on y trouve quelques ryokan (auberges) à des prix élevés. Nous n'avons pas l'intention d'y séjourner, seulement de profiter de ses onsen (bain chauds) : les auberges ouvrent en effet l'accès aux bains pour les visiteurs en journée (en payant bien sûr). Dans celui où nous nous rendons, les hommes et femmes sont comme d'habitude séparés et nous avons chacun un bassin intérieur et un autre extérieur. Celui extérieur n'est pas très grand mais c'est un petit paradis : au milieu de la montagne, entouré de rochers et d'arbre. Son eau laiteuse, chargée de souffre, me rappelle le blue lagoon en Islande. Le bassin des femmes surplombe celui des hommes, en se penchant un peu, on le voit parfaitement. Mais les hommes eux ne peuvent pas voir les femmes dans leur bain : sans doute les hôteliers ont pensé que les japonaises n'avaient aucun désir particulier d’espionner les hommes et ne profiteraient donc pas de cet impudique situation, le contraire étant certainement faux. Aujourd'hui, de toutes façons, nous sommes aussi bien Seb que moi, seuls dans les bains ! Nous en profitons donc pour discuter d'un bassin à l'autre à travers les rochers.

Sortis du bain, nous descendons rejoindre une jolie rivière qui se jette en torrent dans les rochers. Ses eaux bouillonnantes et ses petites cascades me tentent certainement mais il est impossible de s'en approcher et elle semble sans doute un peu trop agitée. C'est là que nous pique-niquons, les cheveux encore mouillés et la peau rafraîchie par l'eau du onsen, dans ce cadre paradisiaque avant de reprendre la route vers Takayama.

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Minshugu et Onsen

Nous quittons Tokyo le lundi matin. Nous nous rendons d’abord avec tous nos bagages à la station de Shinagawa où nous trouvons, relativement facilement, le loueur de voitures chez qui nous avons réservé. Tout se passe très vite et nous voilà, lâchés dans les rues de Tokyo. Le GPS est en Japonais mais une petite notice explique comment régler les instructions en anglais et comment définir la destination à l’aide des numéros de téléphone. C’est ainsi que nous arrivons à sortir de la ville, en suivant aveuglément le GPS à travers les voies rapides et les grattes ciels. Nous sommes sur la bonne autoroute, roulant vers l’ouest, et petit à petit, les grands immeubles laissent la place à la campagne.

Nous prenons la direction du sud vers la péninsule d’Izu Hanto. L’océan apparaît soudain devant nous et la voie rapide se transforme en petite route longeant le littoral. Nous voici à Atami, première ville de la péninsule. On y retrouve l’ambiance d’une station balnéaire avec sa jolie plage et son petit port. Le soleil brille et les familles se prélassent sur le sable. Très accessible depuis Tokyo, elle doit être prise d’assaut le week-end. Nous mangeons dans un grand snack bar avec vue sur la mer avant de repartir.

La route est agréable, entre mer et montagne, de jolis panoramas apparaissent à chaque circonvolution. Il est un peu plus de 16h quand nous arrivons à Kawazu petite ville au sud de la péninsule dans laquelle nous souhaitons passer la nuit. Il n’est pas aussi évident d’arriver à l’improviste, sans réservation, au Japon que ça pouvait l’être en Corée par exemple. Le principal mode d’hébergement sont les auberges traditionnelles : les ryokan et les minshugu. Tenus par des particuliers, ce sont des sortes de B&B japonais. Mais il faudrait déjà savoir les reconnaître et ensuite, ils n’apprécient pas forcément les visiteurs non annoncés (sans compter que peu parlent l’anglais). La solution : se rendre à l’office de tourisme. Là bas, tant bien que mal, on arrive à se faire comprendre et à réserver une chambre à ce qui nous semble être un prix correct. On suit ensuite le petit plan, quittant un peu la côte pour s’avancer dans la montagne.

Notre minshugu se situe le long d’une magnifique route au milieu de la forêt le long d’une gorge. On nous y accueille chaleureusement. Comme dans beaucoup de lieux japonais, on enlève ses chaussures à l’entrée de l’auberge. Puis on nous amène à notre chambre : pas de lit, le sol est recouvert de tatamis (nattes en bambous) et dans le placard on trouvera les futons qui nous serviront de matelas. On nous a donné un petit sac chacun avec un drap et plusieurs serviette ainsi qu’un kimono pour porter à l’intérieur de l’auberge. Celui qui m’a été donné est taillé pour les japonaises, c’est à dire qu’il est beaucoup trop petit pour moi. J’ai l’air tellement à l’étroit dedans que, dès qu’elle me verra le porter, l’hôtesse m’en proposera un de la taille au dessus qui lui s’avérera très confortable.

Nous n’avons pas de salle de bain dans la chambre et il n’y a pas non plus de salle de bain commune comme on les connaît en Europe. Il y a des bains, les fameux « onsens ». Derrière un rideau rouge pour les femmes, bleu pour les hommes, une première pièce avec casiers pour se changer. Puis on entre dans la salle avec les bassins : un bassin intérieur et un extérieur aussi bien chez les hommes que chez les femmes, plus un sauna chacun. On ne se baigne pas directement, d’abord on se lave avec les douches disposées autour des bassins qui proposent aussi savon et shampoing. Mais attention pour les pudiques : on se douche et on se baigne nue devant les autres femmes. A vrai dire, les deux fois où je me rendrai dans le petit onsen de l’auberge, je serai toujours seule et aurai donc une salle de bain géante uniquement pour moi !

Après avoir goûté aux plaisirs du bain, nous nous rendons, habillés de nos kimonos, au dîner servi à 18h. J’ai réussi à expliquer un peu plus tôt que je ne mangeais ni poisson, ni fruits de mer grâce à ma phrase apprise par coeur en japonais : «watachi wa sakana to shifudo arerugi desu». Ca a bien fonctionné, même si j’ai quand même un soufflé aux crustacés, mais au moins, l’hôtesse me prévient ! Par ailleurs, je ne manque pas de nourriture : on nous sert plein de petits plats, petites soupes, salades, légumes avec du riz à volonté et du thé vert. Le minshugu semble tenu par deux femmes, l’une, plus agée est peut-être la mère de l’autre. La plus jeune se promène partout avec sur son dos un bébé placide qui accepte sans sa situation sans se plaindre, véritable gardien zen de ce lieu qui s’appelle d’ailleurs « zen » quelque chose.  Il est très tôt par rapport à nos habitudes tokyoites quand nous remontons dans notre chambre pour finir la soirée à lire tranquillement sur les tatamis. Mais comme demain, le petit déjeuner sera servi à 7h30 autant essayer de prendre un rythme moins couche tard.

Le lendemain matin, je vais avec un peu de crainte au petit déjeuner. La nourriture est assez proche de celle du dîner avec cependant plus de fruits et du poisson grillé pour Sébastien ! Un pays assez vicieux pour servir d poisson au petit-déjeuner n’est certainement pas fait pour moi sur le long terme. Mais je ne me plains pas car tout est très copieux et on m’a remplacé le poisson par une soupe de pois assez épaisses. Pour ceux qui ne supportent que le café-croissant, il faut faire un peu d’efforts. Mais ayant déjà un peu voyagé, je suis habituée à manger des choses étranges le matin : du riz et de la soupe, pourquoi pas ?

Nous profitons encore un peu des bains et reprenons un peu de sommeil sur nos futons avant de partir. Nous allons encore vers le sud pour rejoindre la ville toute proche de Shimoda. La route entre Kawazu et Shimoda est magnifique. Nous sommes retournés sur la côte et longeons la mer le long d’abruptes falaises. Ce sont des paysages qui sont assez rares au Japon qui n’est pas réputé pour son front de mer. La route descend ensuite et nous arrivons sur une plage. Nous nous arrêtons là pour profiter d’une baignade dans le pacifique. De jolies vagues viennent mourir sur une côte rocailleuse mais il est difficile d’en profiter car, justement, il y a trop de rochers et on s’érafle les pieds et les genoux. Il faut nous rabattre sur la petite baie artificielle protégée de l’océan par une digue : il y a moins de rochers, mais aussi moins de vague. Mais la baignade reste un moment délicieux et le lieu est si joli qu’il fait oublier les quelques inconvénients.

Arrivés à Shimoda, pointe sud de la péninsule, nous reprenons la route du nord et quittons la côte pour passer par l’intérieur montagneux : adieu Océan ! Nous remontons une jolie et étroite vallée. Le long de la rivière, poussent quelques rizières quand le fond est assez large. Mais souvent la gorge se resserre et nous roulons à flanc de montagne. Nous descendons voir une cascade, plus loin des gens se baignent. Des échoppes vendent une grosse racine verte que nous supposons être du wasabi. Nous goûtons de drôles de sucreries, sortes de chips sucrées au wasabi.

Nous quittons à présent à la péninsule ainsi que le joli paysage. Aux abords de la ville de Mishima, nous retrouvons les zones industrielles présentes au Japon comme ailleurs. Notre but ce soir est d’arriver au mont Fuji ou plutôt sur l’un des lacs qui s’étendent au nord de la montagne. A 16h, nous sommes à celui Yamanaka mais, du mont, nous n’avons rien vu car la brume est tombée et il est invisible. Une nouvelle fois, nous baragouinons à l’office du tourisme et réussissons à nous faire indiquer une auberge. Comme la dernière fois, c’est un minshugu, il est tenu par un couple dont le mari parle un peu anglais. Nous n’avons pas le repas inclus ce qui fait d’ailleurs que c’est moins cher. L’auberge est plus simple que la nuit dernière : nous avons une chambre tatami sans salle de bain, mais il n’y a pas non plus de bel onsen, simplement une petite salle de bain à partager avec une douche et un petit bassin comme chez de nombreux japonais (on se douche toujours avant d’aller dans la baignoire). Cependant, on nous donne un bon de réduction pour le grand et luxueux onsen à cinq minutes de l’auberge. Nous allons avec joie profiter de tous ces bassins à diverses température et depuis lesquels on peut admirer le mont Fuji qui apparaît derrière la brume.

Le soir, nous mangeons dans un restaurant italien au bord du lac. La ville me fait penser à Gerardmer : même paysage montagneux avec un lac, même ambiance de petite station touristique familiale. Nous sommes les seuls touristes étrangers dans le restaurant qui n’a d’ailleurs même pas de carte en anglais !

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