Bas Saint-Laurent

Le voyage commence véritablement lorsque nous quittons Québec le mercredi. La veille, nous avons fait la route depuis Montréal où nous venons de passer quelques jours. Nous avons acheté chez MEC les quelques éléments qui manquaient à notre équipement et fait quelques provisions : divers fruits secs et graines, du pain de mie nord-americain, un peu de fromage, des barres de céréales, des fruits en boîte. Nous avons maintenant un peu d'expérience du camping et arrivons à nous nourrir plus ou moins bien avec comme seul matériel un minuscule réchaud à gaz et une sorte de grosse timbale métallique pour chauffer de l'eau.

À Québec, nous logeons dans une résidence universitaire transformée en hôtel pour l'été. La chambre, en hauteur, offre une vue magnifique sur le Saint-Laurent. Nous prenons la route en fin de matinée après un petit-déjeuner dans un café de zone commerciale péri-urbaine. Notre premier arrêt se situe juste à la sortie de la ville : je veux montrer à Seb les chutes de Montmorency que j'ai, moi, visitée il y a 7 ans. Elles sont toujours aussi majestueuses et impressionnantes. Il y a toujours les 500 marches et, comme la dernière fois, je n'ai aucune envie de les gravir. Nous sommes garés en haut. Je laisse Seb faire l'aller-retour jusqu'en bas tandis que j'attends, assise dans l'herbe, admirant le fleuve sur la plaine.

C'est à Québec que le Saint-Laurent commence vraiment à s'élargir, se transformant petit à petit en océan. C'est aussi là qu'on trouve le dernier pont que nous avons dépassé pour visiter les chutes. Plutôt que de faire demi-tour, nous décidons de remonter un peu la côte nord et de traverser plus tard, en bac. Nous suivons donc tranquillement la route qui relie Québec à Tadoussac, traversant les pittoresques petites villes. C'est la forme des toits, légèrement arrondis et remontant en pointe, qui me fait utiliser l'adjectif "pittoresque". En fait, je suppose que ce sont plutôt les considérations pratiques des chutes de neige en hiver qui dictent cette architecture.

L'après-midi étant déjà bien avancée, nous décidons de nous arrêter à Saint-Simeon où nous trouvons un joli camping. Il est presque plein mais il reste tout de même un bel emplacement. Derrière les arbres, nous apercevons le fleuve. On peut descendre jusqu'à la plateforme qui surplombe la falaise pour admirer la vue. L'autre rive est encore visible bien que lointaine et brumeuse. Dans le brouillard, de grands bateaux avancent, fantomatiques. Et au milieu de l'eau, on voit apparaître par intermittence de grosses boules blanches et lisses qui sortent et replongent. Ce sont les belugas : gros animaux assez amusants à mi-chemin entre la baleine et le dauphin. De retour à notre emplacement, nous allumons notre premier feu de camp et laissons la nuit tomber à la lueur des flammes avant de nous calfeutrer sous la tente.

Nous pensions prendre le ferry au nord de Tadoussac pour rejoindre directement Trois-Pistoles. Nous découvrons cependant qu'un autre ferry plus rapide et plus fréquent relie directement Saint-Siméon, où nous sommes, à Rivière-du-Loup sur la côte sud. Nous décidons alors de laisser Tadoussac à un prochain voyage, celui où nous remonterons la côte nord, et de prendre le bac dès maintenant. Saint-Siméon n'est en fait rien d'autre que quelques maisons posées au creux de la falaise autour de l'embarcadère. Nous arrivons très en avance, installons notre voiture dans la file puis sortons faire un tour. Le soleil brille et une magnifique plage s'étend devant nous. Le sable est clair et l'eau transparente et glacée. Les courants froids viennent depuis les tréfonds de l'Atlantique Nord se mêler à l'eau du fleuve. Ils apportent avec eux la faune marine, baleines et belugas : les stars du coin. Faute de se baigner, nous profitons simplement du beau temps et de l'air marin pour marcher sur la plage. Puis nous grignotons nos sandwichs sur la terrasse du petit snack en attendant le bateau.

Le ciel s'est couvert de nuages et nous sommes surpris par une averse alors que nous retournons à la voiture. Elle est intense mais courte et la pluie cesse quand nous nous garons sur le bateau. Cependant, le fleuve est encore recouvert de brume et c'est dans ce brouillard humide, sur une eau verte et grise, que nous commençons la traversée. Je suis dehors, profitant du vent marin, admirant les oiseaux, les crêtes d'écume sur les vagues, la vue qui s'éloigne et le fleuve qui s'éclaire tandis que le ciel se dégage. Et, en milieu de traversée, voilà à nouveau les belugas qui viennent nous saluer. Nous voyons sous la surface leurs longs corps blancs qui nagent.

En une heure, nous rejoignons la rive sud à Rivière-du-Loup. Visiblement, ce côté là est plus peuplé que l'autre. Nous sommes dans une grosse bourgade assez différente du petit village que nous venons de quitter. Dans le centre ville : un grand parc qui habrite de très jolies chutes d'eau. C'est l'occasion d'une agréable promenade dans les bois avant de reprendre la route.

Nous roulons vers l'Est, vers la Gaspésie au bout de l'estuaire. Le fleuve, majestueux, est sur notre gauche. La rive est très différente de ce côté-ci. Pas de falaises : la terre remonte en pente douce depuis l'eau. Il pousse de part et d'autre de la route de hautes herbes et de magnifiques fleurs multicolores. Nous traversons aussi quelques champs de blé. C'est ainsi que nous arrivons à Trois-Pistoles où nous nous arrêtons passer la nuit. Notre camping est directement sur la plage. C'est-à-dire que devant notre tente, on trouve quelques galets sur deux ou trois mètres, puis le Saint-Laurent. À peine quelques roseaux nous séparent de l'eau. Nous pouvons donc admirer à loisir le fleuve splendide tandis que le soir tombe. Tout d'abord, il se recouvre de brume. La rive opposée que nous apercevions encore à l'horizon, disparaît dans le brouillard. Puis l'eau elle-même semble être engloutie, la plage autour de nous. Mais bientôt, tout s'éclaire de nouveau en une explosion de couleur. Le soleil rougeoyant descend lentement vers la ligne brumeuse de l'horizon, se reflétant dans les milliers de miroirs du fleuve. Enfin la nuit arrive et le ciel rose s'assombrit petit à petit. La foule du camping qui s'était amassée sur la berge pour observer le spectacle se disperse peu à peu. Les étoiles apparaissent. Nous restons un moment au coin du feu avant d'aller nous coucher.

Le lendemain, nous prenons le petit-déjeuner au bord de l'eau : pâle, presque blanche dans la lumière du matin. Nous tentons une baignade mais la température glaciale (environ 8 degrés) ne nous permet pas de nous immerger au delà du mi-cuisse ou alors seulement très rapidement, telle une bravade accompagnée d'un cri d'effroi. Je crains peu l'eau froide mais le Saint-Laurent et les courants de l'Atlantique Nord ont la victoire pour ce coup-ci.

Nous effectuons un dernier arrêt avant de rejoindre la Gaspésie plus à l'Est : le parc national du Bic. On y trouve de très jolies balades le long de magnifiques petites criques. La marée basse découvre de longues plages de sable humide et donne accès à de petits islets. La sensation du sable sous mes pieds, les flaques d'eau sur la vase, l'odeur des embruns me rappellent la Normandie mais le paysage planté de conifères n'a vraiment rien à voir. Nous nous promenons longuement sur la plage jusqu'à rejoindre de magnifiques falaises balayées par le vent. Lorsque le chemin devient trop hasardeux dans les rochers que la mer houleuse vient frapper, nous faisons demi-tour et retournons au parking par un petit chemin à travers la forêt, bordé de buissons fleuris. Nous effectuons un dernier détour avant de quitter le parc : nous nous rendons au Cap Caribou pour voir les phoques se prélasser sur leurs rochers !

Juste après le parc, nous arrivons à Rimouski que Seb a visité il y a longtemps pour une conférence. Nous traversons la ville en voiture et ses banlieues aux allures de stations balnéaires. Ça y est, nous sommes en Gaspésie !

Commentaires

Montréal mon amour

Je suis tombée amoureuse de Montréal lors de ma première visite en 2011. Je me souviens en particulier de ma première journée à arpenter seule la ville dans la fraîcheur de l'automne sous les arbres dorés. Depuis, de nombreuses fois je suis revenue, logeant ici ou là. À chaque fois, mon attachement s'est accru. J'y ai des amitiés, des souvenirs, des habitudes. J'y ai vécu sans y vivre, ne restant jamais plus de quelques semaines.

Cette fois-ci, je reviens pour trois semaines après deux ans d'absence. La ville m'a manqué et je la retrouve avec plaisir. Tout de suite, la mémoire des lieux me revient : les rues, les métros, l'organisation générale. La première fois, j'habitais un petit hôtel sur Sherbrooke, à 5 minutes du bâtiment de maths de l'UQAM qui se trouve derrière la place des Arts. Revenue quelques mois plus tard, je m'installais sur Côte des Neige près de l'UdM, autre université francophone. Le quartier me plut moins. Pour mon troisième voyage, je restais un mois entier et sous-louais l'appartement d'un ami sur le plateau, au niveau du Parc La Fontaine, le quartier que je préfère. Cette fois ci, je m'installe plus au nord sur Rosemont dans un magnifique AirBnb tenu par un couple de Français.

Le quartier est plus résidentiel, plus calme que le fameux plateau, son voisin du sud. Mais cependant, l'épidémie de petits restos, de boutiques vintages et d'épiceries bio le contamine petit à petit. Ma rue est très tranquille : jolies maisons de briques découpées en petits appartements auxquels on accède par des escaliers extérieurs et des balcons en fer forgé. Elle est plantée de hauts arbres et ses minuscules jardins sont fleuris de lilas. Bien qu'epuisée de décalage horaire et abrutie d'avion, je sors dîner dans la rue Beaubien et rejoins un petit parc quelques rues à l'est.

C'est peut-être exactement ici qu'à la fin des années 30, se sont rencontrés les parents de mon amie Marie. Sa mère, fille de bûcherons des Laurentides venue travailler à Montréal pour l'été en "se plaçant" dans une famille riche d'Outremont. Et son père, fils d'un professeur, issu du milieu plus instruit mais plus stricte de la petite classe moyenne francophone. Je ne sais pas où se trouvait l'échoppe qui servait de restaurant où ils se sont vus pour la première fois. Mais la maison des grands-parents de Marie était juste là, rue Molson, donnant sur le parc. Et son père a passé ses premières années à jouer dans le kiosque qui existe encore aujourd'hui. À l'époque, Rosemont était un quartier populaire mais cependant moins pauvre que le plateau ou Saint-Henri. Les ouvriers qui avaient réussi à se sortir de la misère venaient s'y installer. Je ne sais encore rien de tout cela tandis que je profite de la douceur du soir à la terrasse d'un café, avalant ma pizza en essayant de ne pas m'endormir...

Le lendemain, me voilà d'attaque pour me balader dans la ville. Comme lors de mon premier séjour, j'ai tout un dimanche à moi avant de commencer à travailler le lundi. Seulement, cette fois, la ville n'est plus une inconnue et je suis moins solitaire. Je rejoins mon ami Jake qui habite pour l'été un bel appartement donnant sur le parc Jeanne Mance et le Mont Royal. Anglophone originaire de Montréal, il est temporairement de retour dans sa ville natale et prend au moins autant de plaisir que moi à la parcourir. Nous profitons du soleil pour pique-niquer dans le parc puis parcourons les rues du plateau. Il m'emmène goûter un bagel cuit au four au coeur du quartier juif. C'est une spécialité : "Comment ça, tu n'as jamais mangé un bagel de Saint-Viateur ?". Le soir, je dîne avec un autre ami qui, lui aussi, vit sur le plateau: belles retrouvailles avec la ville pour ce premier jour.

La première semaine de conférence se déroule à l'UQAM, juste derrière la place des Arts. Après m'avoir offert une belle journée, Montréal est revenu à la pluie et au froid assez inhabituel pour cette fin mai. Le printemps a été très mauvais me dit-on : de la pluie qui a débordé partout en graves inondations. Les habitants en ont marre, après les très longs mois d'hiver, ils veulent l'été. Cependant, entre les gouttes, je profite des rayons du soleil pour jouer sur les balançoires musicales installées devant l'université. Lorsque je sors à midi, je déjeune dans l'étrange friperie du boulevard Saint-Laurent qui fait aussi restaurant. Lors de mon premier voyage en 2011, j'y avais loué un exubérant costume d'Halloween dont je me souviens encore aujourd'hui.

La semaine passe, le week-end revient avec un temps un peu meilleur. Je passe le samedi avec mon amie Marie. Nous déjeunons dans un restaurant assez simple mais qui sert du pain doré et des oeufs bacon. Puis, l'après-midi, nous nous promenons et faisons quelques courses au marché Jean Talon. Elle me dit qu'autrefois, ce n'était que des petits producteurs locaux et des produits assez simples mais sa popularité grandissante auprès des touristes et nouveaux habitants français le change petit à petit. Le dimanche, je descends à pied du nord de Rosemont où je loge jusqu'au plateau. Le boulevard Saint-Laurent traverse la Petite Italie où l'on trouve les cafés, les restaurants, les épiceries et aussi, sans doute, la mafia. Le dimanche soir, je chante du Jazz à "l'open mic" du dièse 11 que j'ai découvert lors de mon dernier voyage il y a deux ans.

Deuxième semaine, cette fois je suis à l'UdM : au nord, de l'autre côté de la montagne. Depuis la plateforme légèrement surélevée de l'université, on a une très belle vue sur le nord de la ville qui se perd dans les nuages. Très vite, je retrouve mes habitudes. À midi, on descend la colline pour rejoindre Côte des Neige, et, systématiquement, je choisis de déjeuner à "Première Moisson" qui fournit aussi les croissants des pauses cafés. La semaine commence pluvieuse et froide puis le beau temps arrive brusquement et le week-end s'annonce magnifique.

Samedi, Jake propose de me faire visiter le quartier de Saint-Henri au sud ouest de la ville. Autrefois, ce fut l'un des plus pauvres de Montréal. Il abritait les tanneries puis les usines et les populations ouvrières qui y travaillaient. Il est le lieu du roman Bonheur d'occasion de Gabrielle Roy que je n'ai pas (encore) lu qui décrit le quartier dans les années 40. Autre quartier ouvrier, le plateau, avait entamé sa transformation dès les années 80, devenant rapidement le nouveau coeur à la mode de la ville. Pour Saint-Henri, la transformation est beaucoup plus récente, c'est le "nouveau plateau" me dit Jake. Peut-être est-ce la proximité de l'université Columbia ou juste la mutation économique de la ville. Le marché Atwater a été réhabilité. Les usines ont fermé et ont été transformées en appartements à la mode. Alors que nous pique-niquons sur les rives du canal de Lachine, les familles se baladent à vélo sur les berges ensoleillées.

Nous longeons le canal vers l'ouest puis tournons tranquillement vers le nord. Nous traversons la "Petite Bourgogne" qui a historiquement accueilli la population noire de la ville, descendant des esclaves américains et travaillant dans les chemins de fer. La gentrification suit son cours et les nouveaux habitants ont la peau beaucoup plus claire. Nous retournons vers le centre-ville. La géographie de Montréal est assez étrange. La ville est découpée selon un quadrillage à l'américaine : grandes rues perpendiculaires orientées soit "est-ouest" ou "nord-sud". Cependant, l'orientation de l'île s'adaptant mal à cette logique implacable, le "nord" Montréalais des rues est en réalité le nord ouest selon les conventions classiques. Cela trouble beaucoup ceux qui ont un vrai bon sens de l'orientation et des points cardinaux. Ce n'est pas mon cas, et je considère facilement que le "nord" est là ou la ville l'a mit. "J'habite plus au nord. - Tu veux dire du côté du parc olympique ? - Non, je veux dire du côté de Jean Talon, je parlais du nord Montréalais…". Par ailleurs, il arrive que le quadrillage lui même se distende lorsque la géographie de l'île refuse de se plier à la géométrie des rues. Ainsi Jake me fait remarquer que bien que nous ayons l'impression de suivre une rue parallèle à Sainte-Catherine, nous marchons en réalité en arc de cercle et parcourons une distance beaucoup plus longue. Nous atteignons cependant le centre-ville et nous enfuyons rapidement en métro vers le plateau : c'est le week-end du "grand prix de Montréal" et nous n'avons aucun goût pour les voitures bruyantes et la foule qui les accompagne.

Depuis l'appartement de Jake en face du parc, il est possible de sortir par la fenêtre sur un petit balcon et, de là, de rejoindre le toit de l'immeuble par une échelle métallique. On a alors une très belle vue sur la ville. La montagne, comme on appelle le Mont Royal, s'élève juste devant nous à l'ouest surmontée de sa croix illuminée. De l'autre côté, on aperçoit le parc olympique et la biosphère plus au sud puis le centre ville dont les fenêtres des gratte-ciel reflètent les derniers rayons du jour. Au "nord", entre les toits et les nuages, le soleil se couche…

Le dimanche, c'est Marie qui me fait parcourir la ville. Elle m'emmène au nord, dans le quartier Ahunstic dont le nom vient d'un compagnon du missionnaire Nicolas Viel qui s'est noyé avec lui dans la Rivière des Prairies en 1625. Lorsque nous nous promenons dans le parc de la Visitation, la rivière m'a l'air pourtant bien tranquille. Ses rives boisées me rappellent les bords de Marne. Autour du parc, de très belles maisons entourées de jardins. C'est dans l'une d'elles que sont venus s'installer les grand-parents de Marie après avoir quitté Rosemont, s'éloignant encore un peu plus de la misère du plateau et rejoignant les notables de la ville. Cependant, il parait que leur maison rue Molson était magnifique et que sa grand-mère la regretta toujours. Marie me dépose chez moi en fin d'après-midi et je ressors en soirée pour aller, à nouveau, chanter au Dièse 11.

C'était mon dernier week-end, déjà la fin du séjour approche. Je sors tous les soirs cette dernière semaine profitant de l'effervescence du retour de l'été. Ici, l'hiver est si long à s'en aller que dès que les beaux jours reviennent, toute la ville semble exploser de gaieté. Il y a des festivals partout, de la musique partout. On ferme les rues : boutiques et restaurants s'étalent en terrasses. Jeudi soir, dernière soirée, je vais voir un petit spectacle du festival Fringe puis profite encore un peu du Boulevard Saint-Laurent et du toit terrasse de l'appartement de Jake. Le vendredi est le jour de mon départ. Marie voulait me montrer sa ville natale dans les Laurentides au nord de Montréal mais la pluie nous décourage : ce sera pour mon prochain séjour. Nous restons en ville, déjeunons au Jurançon, joli petit resto tenu par un Français où Marie a ses habitudes (Mais Marie connaît tout le monde à Montréal : Justin Trudeau l'appelle par son prénom, elle a rencontré son père Pierre Elliott Trudeau, elle a été à une "party" dans la maison de Léonard Cohen et a eu chez elle la guitariste de Prince). C'est l'anniversaire du patron et il est de très bonne humeur car il offre un verre et trinque avec tous les clients ! C'est sur cette touche joyeuse que je quitte cette ville aimée. Je reviendrai à coup sûr, voilà 6 ans que je connais Montréal et je m'y attache chaque fois un peu plus...

Commentaires

Dernier Week-end à Montréal : Mont Royal

Samedi 5 novembre, c'est mon dernier week-end à Montréal avant de rentrer à Paris. Un collègue m'a rejoint et nous allons découvrir le parc du Mont Royal. On peut y aller à pied depuis l'hôtel, on s’arrête d'abord manger un bon petit-déjeuner au Restaurant rue Milton puis nous voilà entre l'université Mc Gill et l'hôtel Dieu, à l'entrée sud est du parc. De là, commence une très agréable balade qui monte très doucement, traversant le parc d'est en ouest et grimpant jusqu'à la fameuse croix qui domine la ville. Il fait un temps magnifique : fraicheur automnale et grand ciel bleu. Les feuilles ne sont pas encore tombées, et les érables en particulier éclatent de leur jaune doré sous le soleil. C’est une balade en forêt où la ville apparait comme par surprise entre les branches. On croise les familles qui viennent profiter du beau temps, les joggeurs, les cyclistes, les promeneurs avec leurs chiens. Nous marchons jusqu'au lac aux castors : nom mensonger, il n'y a aucun castors. Mais l'endroit est joli, c'est un petit étang artificiel dans une agréable clairière. L'hiver, l'eau gèle et ça devient une patinoire. Aujourd'hui, les canards peuvent encore en profiter et nous aussi, assis sur notre banc au soleil. Nous avons d'autres compagnons : les écureuils. Ils sont aussi peu farouches que des pigeons (et bien que plus jolis, je crois qu'ils sont comme eux une vraie plaie pour les habitants). D'ailleurs, on ne les trouve pas dans le fond du bois et les allées perdues du parc, mais toujours là où il y a le plus de monde ! La balade continue vers le belvédère, belle place en hauteur où l'on peut admirer la ville. Puis nous montons plus haut et rejoignons la croix, le point culminant du parc et de la ville.  Hier soir, un collègue nous a fait monter sur le toit de son immeuble et nous avons vu la ville de nuit dans un magnifique panorama à 360 degrés. La voilà de jour, avec le Saint Laurent et le vieux Montréal que l'on devine. J'arrive à repérer l'université et la place des arts et, à l'est, le Plateau avec ses petites maisons et ses rues perpendiculaires.

Nous redescendons tranquillement par le même chemin et arrivons dans le parc Jeanne Mance. De retour en ville, on commence par se reposer longuement dans un café qui sert des sandwichs dans un pain noir très épais. Puis nous reprenons la balade et traversons le quartier du Plateau. On est assez loin du centre, mais c'est comme si on en retrouvait un. Parfois, nous sommes dans une rue plus résidentielle, les petits immeubles de trois étages se suivent avec leurs escaliers extérieurs, leurs corniches et leurs colonnes. Il y a toujours une allée d'arbres orangés qui les séparent de la rue et parfois des plantes grimpantes qui ajoutent aux couleurs chatoyantes de leurs façades. Et puis nous arrivons dans une rue commerçante, et là, c'est une succession de cafés, de restaurants, de petites boutiques, de friperies. Tout donne envie d'entrer, de tester, de flâner. C'est un quartier dans lequel on s'imagine tout de suite vivre et se sentir bien. On se contente de le traverser et de rejoindre le parc La Fontaine. Dans ses grandes étendues vertes, courent des dizaines d'écureuils ! Ils s'approchent de nous en nous reniflant cherchant à savoir si nous allons leur donner à manger. Ils nous observent accrochés la tête en bas sur un tronc d'arbre, agiles et futés. Le parc compte deux petits étangs mais ils sont à sec et ressemblent à de tristes tas de cailloux. Nous nous reposons sur un banc mais la lumière du jour décline emportant avec elle la douceur du soleil et nous livrant au froid hivernal.

Dans le soleil couchant, nous retournons dans les rues tranquilles du plateau. Nous aurions voulu manger au "Pied de cochon", restaurant réputé pour servir de la cuisine québécoise (celle qu'on a tant de mal à trouver), mais il est plein : il aurait fallu réserver (et peut-être assez longtemps à l'avance). Tant pis, nous marchons jusqu'à la rue Saint-Denis (je l'ai souvent parcouru côté sud mais c’est la première fois que je me balade côté nord). Comme il est encore tôt, nous prenons d'abord une boisson chaude dans un café avant de trouver une brasserie un peu chique et très agréable pour mon dernier repas en ville... Ils servent en dessert des tartes au sirop d'érable et du cheese cake, donc l'orientation américaine de la carte est tout de même là.

Le dimanche, c'est encore la nourriture qui prime : nous allons bruncher "Chez Cora". C'est une chaine spécialisée dans les crêpes et les fruits. L'enseigne la plus proche se situe dans le quartier du village, connu pour être le quartier gai. Le dimanche matin, il semble se réveiller de sa nuit agitée. Les junkies sont un peu pales et endormis, les fêtards rentrent chez eux. Tout le monde se requinque chez Cora déjà plein en cette heure matinale et qui sert des litres de café. Le repas est consistant, les crêpes ont la largeur de crêpes françaises mais l'épaisseur des pancakes, sur la mienne, il y a en plus du pain perdu et des fruits partout. Mon collègue a commandé ce qui ressemblait à une crêpe fourrée classique, mais quand elle arrive, elle en fait à peu près deux ou trois fois la taille ! Et bien sûr, sirop d'érable à volonté...

Le reste la journée n'a rien d'extraordinaire. Nous prenons le métro jusqu'au parc Jean Drapeau, sur une île du Saint-Laurent avec une belle vue sur la ville. Là bas, nous visitons la bio sphère qui renferme le musée de l'environnement. L’intérêt est plus dans le bâtiment lui même (une grande sphère à l'armature métallique qui date de l'exposition universelle) que dans les expositions : je pensais trouver des animaux mais j'avais confondu avec le biodome ! Ce sera pour une autre fois. On retourne ensuite sur le plateau : mon collègue a perdu son téléphone portable dans le parc La Fontaine, mais on aura beau scruter les feuilles mortes, les écureuils garderont le secret. Il est agréable de parcourir ce quartier une deuxième et dernière fois, bientôt, je suis de retour à l'hôtel : direction la gare routière puis l'aéroport, au revoir Montréal !!

Commentaires