Films janvier - février

En Janvier et Février, en plus des 16 films vus à Gerardmer, nous avons vus 7 films.

Une Nuit de Philippe Lefebvre

Mon opinion reste un peu mitigée pour ce petit film français. D'un côté, de très bons acteurs, en particulier Roschdy Zem, et une ambiance nocturne très bien rendue. Ce monde des boites de nuits, des bars, des rues parisiennes m'a plu. Tout comme les personnages secondaires, éphémères, comme éclairés juste un instant par un lampadaire. Cependant, le scénario ne tient pas assez debout, la fin est trop prévisible et teinte le tout d'incohérences assez difficiles à gober...

 

  Take Shelter de Jeff Nichols

J'avais entendu parlé de ce film lors de l'étrange festival mais n'avais pas pu le voir au moment. C'est un magnifique film sur la folie, le personnage central est à la fois touchant et effrayant. Pris par des cauchemars horribles, il sombre dans l'obsession d'une catastrophe qui va l'engloutir lui et sa famille. On ressent toute la complexité de son état, il a conscience qu'il perd pied mais ne peut se raisonner. Il achète en même temps un livre sur la maladie mentale et un autre sur la construction d'abris. Les acteurs sont très bons, les images magnifiques, à recommander. Sans compter que l'obsession du personnage fait écho à celle de toute une société et aux névroses de chacun d'entre nous.

Millenium de David Finsher

J'ai lu le premier tome du roman (et je lirai sans doute les deux autres dès que j'en aurai l'occasion) mais avais été assez déçue par l'adaptation suédoise, trop plate à mon goût. J'attendais donc avec impatience cette nouvelle adaptation de David Finsher. On peut dire que la qualité est au rendez-vous, le réalisateur a su rendre l'ambiance que j'ai tant aimée dans le livre : les paysages froids, oppressants de cette petite île suédoise. Niveau scénario, on reste très près du roman ce qui n’est pas pour me déplaire. Les acteurs sont à la hauteur, Lisbeth en particulier jouée par Rooney Mara. L'actrice suédoise avait déjà réussi à rendre toute la complexité du personnage et Rooney Mara s'en tire tout aussi bien. C'est surtout Mikael qui m'avait déçue dans l'adaptation suédoise, complètement amorphe. Ici Danier Craig lui donne beaucoup plus de caractère sans en faire un James Bond super héros. On ne peur reprocher à ce film que les défauts qu'on trouve déjà dans le livre : une fin un peu trop rocambolesque (qui n'a pas été exagérée par le passage à Hollywood), une histoire un peu tirée par les cheveux.

The Descendants d'Alexander Payne

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre et ce fut une très bonne surprise. Il est rare qu'un film fasse passer si naturellement du rire aux larmes, et c'est le cas ici ! Le sujet est grave mais le ton reste toujours décalé sans être indécent : parfois l'humour dit plus de vérité qu'un pathétique appuyé. Les personnages secondaires sont particulièrement bien pensés. Sans compter que ce film a l'originalité de nous faire découvrir Hawaï autrement que sur une brochure d'agence de voyage. Les îles et leurs habitants sont montrés par petite touche dans leur variété et mixité. En voyant ce film, j'arrive à ressentir les tropiques non comme on nous les vend, mais comme ils sont avec les feuilles et les fruits tombés sur les trottoirs, l'humidité de l'air, la lourdeur du ciel, la chaleur.  J'aime ces films qui sans être des documentaires, se placent résolument dans un lieu et une époque, nous raconte une histoire et nous raconte un peu le monde.

  Louise Wimmer de Cyril Mennegun

Voici un film social certainement, mais pas cliché ni bien pensant. Louise Wimmer est à la rue, elle se bat contre le monde avec sa voiture qui risque de tomber en panne à chaque instant et cache, trop fière, la précarité de sa situation à tout le monde, même à l'assistante sociale. L'actrice Corinne Masiero arrive à nous rendre le personnage attachant sans pour autant être sympathique. Souriante dans un bar, elle est belle et jeune. Mal attifée dans sa voiture, on voit ses rides, sa fatigue. Elle n'est pas encore out, un lien ténu la relie au reste de la société, mais on sent qu'il peut se briser pour un rien et elle passerait alors définitivement de l'autre côté. Le film a le défaut de son genre, un peu lent, pas beaucoup de scénario, mais aussi les qualités, de bons acteurs, des plans bien choisis, une réalisation soignée. Il a le mérite d'exister et de nous mettre en face d'une réalité.

Chronicle de Josh Trank

Nous n'avons pas vu ce film au dernier festival de Gerardmer mais nous en avons entendu parler ! Le scénario reprend le thème du super-héros mais à contre courant. De jeunes ados se découvrent des supers pouvoirs mais ne savent pas vraiment quoi en faire. On a donc un film pour ado (plutôt bon) sur les doutes et problèmes existentiels de ces trois lycéens mais avec les supers pouvoirs en plus ce qui aide pour devenir la star du lycée. Le film ne reste pas dans le superficiel et aborde la noirceur de façon assez frontale avec des choix de scénario plutôt originaux. La fin m'a tout de même semblé un peu trop facile (et peu trop super-héros) avec plein de boum boum partout, mais on lui pardonne.

 

 

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Films novembre - décembre

En novembre et décembre, 12 films !

Polisse de Maiwenn

Le film m'a beaucoup touchée sur le coup. Certaines scènes m'ont simplement coupé le souffle. Après, je lui ai trouvé quelques défauts. Mais chacune des petites anecdotes est racontée avec finesse, l'équipe de police, l'ambiance, sont bien restituées. Le film cloche un peu quand on part dans la fiction, le personnage de Maiwenn ne semble pas à sa place, pas crédible, pas intéressant. L'histoire d'amour est hors sujet...

Mon Pire Cauchemard de Anne Fontaine

Franchement, le scénario ne case pas trois pattes à un canard, d'ailleurs tout est attendu et prévisible, tout en étant tout à fait improbable. Mais ceci étant dit, le film reste agréable et drôle. Cela tient sans doute au talent des acteurs, en particulier à celui de Benoit Poelvoorde. Il arrive à jouer un personnage très lourd sans le devenir ce qui n'est pas évident. Son jeu est toujours empreint de sincérité, d'une détresse authentique et troublante et on arrive presque à croire à l'improbable histoire d'amour avec Isabelle Huppert.

Toutes nos envies de Philippe Lioret

Encore un livre d'Emmanuel Carrère qui se transforme en film, ici c'est l'excellent D'autres Vies que la miennes qui est en partie adapté. D'abord, je vous conseille de lire le livre qui fut une de mes séances de lecture les plus émouvantes. Mais on peut tout de même voir le film. Le réalisateur n'a choisi que deux des axes du roman : le cancer et le sur-endettement. Et encore, l'axe "cancer" est surtout là pour ajouter un peu d'urgence et de drame, il est loin d'être aussi bien traité et aussi troublant que dans le livre. Le sur-endettement est bien montré, la lutte légale contre les compagnies de crédit, le David contre Goliath, tout ça est très bien vu. La relation entre les deux personnages est dessinée avec finesse, le fait d'avoir deux très bons acteurs aide beaucoup. C'est quand le film s'éloigne du roman qu'il se perd le plus : la façon dont la femme mourante "offre" une nouvelle épouse à son mari me parait très peu subtile et un peu larmoyant.

Contagion de Steven Soderbergh

J'aime le point de vue froid et méthodique, presque médical, choisi par le réalisateur pour décrire la propagation de cette maladie. J'apprécie assez le principe du film catastrophe, d'autant plus quand il est bien fait : voir en direct l'effondrement des valeurs de la société a toujours un côté effrayant et agréable. Après, sur le fond même du scénario, on peut se poser quelques questions. Les autorités, si elles sont plutôt incapables, restent toujours très honnêtes avec beaucoup de gentil héros comme Kate Winslet. Ca ne me dérange pas trop mais je trouve dommage que le seul outsider, le blogueur Jude Low, soit si mal traité. Il aurait pu avoir tort tout en étant honnête, sa cupidité donne au film un manichéisme douteux. Dans ce genre de situation, c'est la polyphonie de voix sincères et contradictoires qui pose vraiment question. Surtout que le cynisme de l'économie, de l'état, du reste du monde n'est que légèrement évoqué. A cet égard, il manque toute une partie au film : que se passe-t-il après ? Une fois qu'on a trouvé le vaccin, quels pays y ont accès, qui dirige tout ça ?

L'Ordre et la Morale de Mathieu Kassovitz

Il est agréable de retrouver Mathieu Kassovitz dans un film hors Hollywood et de qualité. Certes, il y a quelques défauts de forme, ça manque parfois de justesse ou de finesse. Mais le film a le grand mérite de porter fièrement son thème et son histoire en nous racontant ce massacre en Nouvelle Calédonie perpétré par l'armée française dans l'indifférence totale. Il questionne aussi sur l'engagement, l'identité, et cette position coloniale de la France dans ces terres d'outre mer que tout le monde oublie.

Drive de Nicolas Winding Refn

Voilà une des révélations de l'année. Quand ma mère m'a dit qu'elle avait aimé ce film bien qu'il parle principalement de voitures et de courses poursuites je me suis dit qu'il y avait quelque chose de spécial. Et je découvre donc Drive. J'ai cherché ce qui faisait la différence et la qualité, on ne retrouve aucune des symboliques habituelles. La première course poursuite est filmée avec un calme effrayant, le conducteur est concentré et méthodique, pas d'adrénaline, pas d'excitation, rien qui rappelle cette symbolique de puissance et de domination. L'acteur principal, excellent, renferme une violence qui n'apparait que par flash mais dont il ne tire aucune fierté, aucun plaisir. Le plaisir d'ailleurs, il ne l'exprime guère, on ne le voit que dans un échange de regard, dans un léger sourire. Il est silencieux, sacrifié, broyé par un monde contre lequel il lutte mais dont la puissance l'achève.

Livide de Julien Maury et Alexandre Bustillo

Voilà le plus mauvais film que j'ai vu cette année. Et c'est bien dommage car j'aurai aimé aimer ce film français fantastique,  il y en a si peu. J'ai donné beaucoup de bonne volonté, j'ai ignoré les faiblesses de jeu visibles dans les premières scènes, j'ai vraiment eu de l'espoir quand le groupe de personnages bringuebalant s'est embarqué dans cette vieille maison hantée. La caméra nocturne, le vieux manoir, une veille femmes encore vivante mais endormie telle un fantôme : les deux réalisateurs avaient réussi à créer quelque chose. Mais je n'ai pas pu adhérer, malgré toute ma bonne volonté. A un moment, mon esprit a dit "stop", cette histoire ne tient pas debout, c'est du grand n'importe quoi, je ne crois plus à rien et la maison qui plane au milieu des étoiles a véritablement donné le coup final...

Carnage de Roman Polanski

Le film est directement tiré de la pièce de Yasmina Reza. On retrouve d'ailleurs cette unité théâtrale du lieu car tout se passe dans le petit espace d'un appartement. C'est un jeu de texte, de parole, d'échanges de plus en plus acerbes. il y a quelque chose de L'Ange Exterminateur dans ces deux couples qui veulent sans arrêt partir et qui pourtant finissent par rester. Le film avance et le verni craque, sous la couche de la cordialité formelle apparaissent bientôt les frustrations, les obsessions, les failles. Comment tout cela peut-il si mal tourner ? Comment peut-on vivre "la pire journée de sa vie", d'après l'aveu d'une protagoniste, avec une simple conversation ? Les quatre acteurs font un sans faute, on saisit toute la subtilité de chacun de leurs personnages, tout le désarroi aussi.  Il manque peut-être une fin, le film semble atteindre un point culminant puis perd petit à petit de son énergie et se termine presque dans la lassitude. Polanski aurait peut-être dû s'éloigner de la pièce et faire "exploser" tout ça d'une façon ou d'une autre.

  Intouchables de Eric Toledano et Olivier Nakache

Et enfin, je vois LE phénomène de l'année et qui est, d'ailleurs, toujours en salle. J'avais assez peur, je dois l'avouer. Mais j'ai été agréablement surprise. On retrouve ici une véritable comédie populaire de qualité et c'est tellement rare que ça fait vraiment plaisir. Le duo comique fonctionne très bien, le film évite les bons sentiments et la facilité et conserve un humour assez subversif. La banlieue et ses problèmes sont évoqués sur le registre comique (alors qu'on ne les voit que dans les films sociaux ou les drames sur la violence) sans en devenir caricatural et sans pour autant minimiser la situation : le personnage d'Omar a fait de la prison, sa mère galère, son frère galère, tous ses potes et lui aussi galèrent. J'aime beaucoup la rapide petite scène dans l'appart encombré de gamin où il essaie de prendre sa douche. Évidemment, c'est un peu conte de fée, mais il est agréable de voir un film qui prône des valeurs positives et dans lesquelles les gens se retrouvent : ouf ! Les français ont aimé (adoré) Intouchables, il ne sont pas tous des aigris, racistes, malheureux !!

Les Neiges du kilimandjaro de Robert Guédiguian

Robert Guédiguian ne touche pas un public aussi large que celui d'intouchables et la fracture qu'il illustre dans son film est peut-être celle dont il souffre lui même : celle qui sépare la vieille garde populaire, les engagés des droits sociaux des premières heures, les vieux communistes, des nouveaux pauvres , de la jeunesse désoeuvrée qui n'a plus de syndicats, plus d'union et qui lutte de petits boulots en petites magouilles pour s'en sortir. La vieille génération est très joliment interprétée par Jean-Pierre Daroussin et Ariane Ascaride, touchant dans leur questionnement profond sur leurs valeurs, leurs luttes communes, la vie qui a été la leur. Le personnage du jeune homme qui représente la nouvelle génération m'a paru plus artificiel, bien joué, mais trop construit par un discours haineux et revendicatif qui ne me semble pas tout à fait à sa place. Le film reste beau et émouvant, un joli moment de cinéma.

Malveillance de Jaume Balaguero

Surtout, n'allez pas voir ce film si vous avez des tendances paranoïaques ! Après ça, vous ne voudrez plus jamais donner vos clés à votre gardien et vous ne vous coucherez plus sans regarder sous votre lit. Le film explore les fantasmes malsains liés à l'inconscient du sommeil, à la crainte enfantine du monstre sous le lit. Mais ici, Jaume Balaguero s'éloigne du fantastique et du film de genre qu'il maitrisait pourtant déjà bien, il va vers le thriller psychologique, vers la subtilité de la perversité purement humaine. En ça, il se rapproche de certains films de Polanski. Il n'égale pas le maître mais il est sur le bon chemin : belle réalisation, bonne tension tout au long du film, scénario bien maitrisé. Il m'avait déjà convaincue avec REC et il confirme son talent !

  A Dangerous Method de David Cronenberg

Je termine avec un grand réalisateur mais malheureusement pas son plus grand film. Je ne comprends pas comment les personnages peuvent tant parler de la psychanalyse et se disputer tout au long du film sans qu'à la fin on en est plus appris sur les tenants et les aboutissants de la chose, la genèse de cette nouvelle méthode, les dissensions entre Jung et Freud... Je sors presque aussi ignorante que je suis rentrée. Le film est trop bavard et n'use pas assez des atouts propres au cinéma pour nous faire véritablement vivre l'évènement. Ce qui est bien vu, en revanche, est la relation patient-soignant. Keira Knightley est excellente dans le rôle de Sabina Spielrein, jeune femme hystérique, soignée par Jung, devenue son amante puis elle même psychanalyste. Le transfert de la folie, de l'attachement, de l'amour entre la patiente et le docteur est parfaitement montré. On aurait aimé plus de choses dans ce goût et moins de parlote pour comprendre la relation qui lie Jung et Freud avant de se déchirer.

 

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Films : septembre - octobre

Durant ces deux mois, j'ai vu 11 films dont 4 que j'ai déjà commentés lors de mes billets sur l'étrange festival.

Requiem pour un massacre de Elem Klimov

Je commence par ce film, c'est le dernier que j'ai vu à l’Étrange Festival mais je n'ai pas eu le temps d'écrire à son propos. Je l'avais choisi comme cinquième film plutôt qu'un inédit car on n'a pas toujours l'occasion de découvrir les anciens chefs d'oeuvre sur grand écran. On m'avait annoncé de la violence, mais j'ai surtout vu du cinéma : des plans fixes sur des visages, la nature filmée dans une lumière blanche et froide. C'est un film qui a peine besoin de dialogues tant les images parlent d'elles même. Sans doute le meilleur film que j'ai vu sur la seconde guerre mondiale et même sur la guerre en général.

Mes meilleures amies de Paul Feig

On passe à beaucoup plus léger avec Mes Meilleures amies. J'avoue que ni le titre, ni l'affiche, ni le résumé  ne me donnaient la moindre envie de voir ce film qui se profilait comme une énième mauvaise comédie américaine. Mais j'ai été interpellée par de bonnes critiques presses et quand l'occasion s'est présentée, je me suis laissée tenter. Bien m'en a pris ! Il est rare d'avoir de si bonnes surprises avec la comédie. On est bien loin de la mièvrerie habituelle, il y a de la cruauté et et de l'invention dans cet humour là. Les personnages secondaires sont bien pensés même si parfois un peu caricaturaux. La descente aux enfers de l'héroïne en anti-perfect-bridesmaid est tout à fait plaisante, la scène de la shower party en particulier est hilarante. Je retiens le talent comique de l'actrice principale Kristen Wiig et j'espère qu'on retrouvera ce genre de qualités dans d'autres films.

  La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli

Ce film a eu ses fans et ses détracteurs. Sans aller jusqu'à être fan, je me range du côté des "pour". Valérie Donzelli traite une histoire difficile sans jamais tomber dans le pathos. Ca raconte l'histoire de gens ordinaires qui se retrouve face à l'insurmontable, qui doivent épuiser toute leur force, toute leur énergie à cette lutte contre une fatalité incompréhensible. De l'énergie, les deux acteurs en ont à revendre et on entre avec eux dans la bataille. Contrairement à ce qui a été dit, j'ai trouvé qu'il y avait du vrai cinéma au delà du récit : cette façon hachée de raconter les choses, plans réalistes rythmés par des musiques hétéroclites. La réalisatrice marque son style et donne le ton...

 

Et maintenant, on va où ? de Nadine Labaki

Rien que pour sa première scène, chorégraphie mortuaire belle et sombre, le film vaut le coup. On retrouve cette féérie à plusieurs autres moment, dans les chansons en particulier. On peut peut-être lui reprocher cet aspect conte, assez naïf parfois (les guerres ne sont pas faites que par des hommes, mais bien aussi par les femmes). Cependant, un film si drôle et poétique sur un sujet si grave ne peut être qu'applaudi. La dernière scène est un pied de nez à l'absurdité religieuse, un cri de la réalisatrice pour son pays le Liban.

  Habemus Papam de Nanni Moretti

Je me méfie toujours un peu de la thématique religieuse et je n'étais pas très emballée par un film sur les questions existentielles d'un Pape. Mais il semble que ni la foi ni la religion ne soit le vrai sujet ici. La position de Pape n'a été choisi que pour son envergure mondiale et la responsabilité qu'elle incombe. Le film parle justement d'un homme qui se rend compte qu'il ne veut pas du pouvoir, qu'il ne veut pas des responsabilités. Il parle de ce besoin des hommes de suivre un leader de se laisser guider par quelqu'un, se s'échapper de leurs propres questionnements. Les cardinaux sans leur pape sont comme des clowns perdus qui adorent une ombre derrière un rideau et jouent au volet dans la cours en vieux messieurs qu'ils sont. Michel Piccoli est excellent en Pape fugueur dans les rues de Rome, le film est à la fois plein de grâce et d'humour.

We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay

Un film glaçant sur la maternité. Il est construit sur un rythme non linéaire : on passe du présent où l'on devine peu à peu la catastrophe au passé qui retrace la relation de Kevin avec sa mère. Le malaise est là, comme un mal caché derrière une vie douce et des musiques joyeuses. La réalisatrice a su faire transparaitre cette réalité décalée, une froideur qui enveloppe tout le film. Elle ne cherche pas à expliquer le problème : une relation entre une mère et un fils qui n'a tout simplement jamais eu lieu, la conséquence dramatique d'une dépression mal soignée ? Finalement, il reste la phrase emblématique du titre que personne ne prononce jamais et qui aurait peut-être pu changer quelque chose... Le thème de la culpabilité, de la responsabilité est aussi très bien traité dans les scènes du "présent", comment vivre quand on a engendré un monstre ? Comment rester en vie ?

The Artist de Michel Hazanavicius

Ce qui est étonnant avec The Artist, ce n’est pas tellement qu'il soit muet mais plutôt que l'on oublie qu'il l'est. On pouvait avoir peur d'un simple exercice de style, mais Hazanavicius a fait un vrai film dans lequel on entre pleinement, acceptant tout naturellement ce mode de langage. Il utilise même des effets purement "muet" comme le "boum" de la fin, tout à fait drôle. Le film est plein d'humour mais aussi de poésie, de lyrisme. Je suis touchée par une ode à une époque que je n'ai pas connue et je trouve plein de beauté les faux extraits de films dans le film, images kitch et démodées et parfois très touchantes.

 

 

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