Dernier Week-end à Montréal : Mont Royal

Samedi 5 novembre, c'est mon dernier week-end à Montréal avant de rentrer à Paris. Un collègue m'a rejoint et nous allons découvrir le parc du Mont Royal. On peut y aller à pied depuis l'hôtel, on s’arrête d'abord manger un bon petit-déjeuner au Restaurant rue Milton puis nous voilà entre l'université Mc Gill et l'hôtel Dieu, à l'entrée sud est du parc. De là, commence une très agréable balade qui monte très doucement, traversant le parc d'est en ouest et grimpant jusqu'à la fameuse croix qui domine la ville. Il fait un temps magnifique : fraicheur automnale et grand ciel bleu. Les feuilles ne sont pas encore tombées, et les érables en particulier éclatent de leur jaune doré sous le soleil. C’est une balade en forêt où la ville apparait comme par surprise entre les branches. On croise les familles qui viennent profiter du beau temps, les joggeurs, les cyclistes, les promeneurs avec leurs chiens. Nous marchons jusqu'au lac aux castors : nom mensonger, il n'y a aucun castors. Mais l'endroit est joli, c'est un petit étang artificiel dans une agréable clairière. L'hiver, l'eau gèle et ça devient une patinoire. Aujourd'hui, les canards peuvent encore en profiter et nous aussi, assis sur notre banc au soleil. Nous avons d'autres compagnons : les écureuils. Ils sont aussi peu farouches que des pigeons (et bien que plus jolis, je crois qu'ils sont comme eux une vraie plaie pour les habitants). D'ailleurs, on ne les trouve pas dans le fond du bois et les allées perdues du parc, mais toujours là où il y a le plus de monde ! La balade continue vers le belvédère, belle place en hauteur où l'on peut admirer la ville. Puis nous montons plus haut et rejoignons la croix, le point culminant du parc et de la ville.  Hier soir, un collègue nous a fait monter sur le toit de son immeuble et nous avons vu la ville de nuit dans un magnifique panorama à 360 degrés. La voilà de jour, avec le Saint Laurent et le vieux Montréal que l'on devine. J'arrive à repérer l'université et la place des arts et, à l'est, le Plateau avec ses petites maisons et ses rues perpendiculaires.

Nous redescendons tranquillement par le même chemin et arrivons dans le parc Jeanne Mance. De retour en ville, on commence par se reposer longuement dans un café qui sert des sandwichs dans un pain noir très épais. Puis nous reprenons la balade et traversons le quartier du Plateau. On est assez loin du centre, mais c'est comme si on en retrouvait un. Parfois, nous sommes dans une rue plus résidentielle, les petits immeubles de trois étages se suivent avec leurs escaliers extérieurs, leurs corniches et leurs colonnes. Il y a toujours une allée d'arbres orangés qui les séparent de la rue et parfois des plantes grimpantes qui ajoutent aux couleurs chatoyantes de leurs façades. Et puis nous arrivons dans une rue commerçante, et là, c'est une succession de cafés, de restaurants, de petites boutiques, de friperies. Tout donne envie d'entrer, de tester, de flâner. C'est un quartier dans lequel on s'imagine tout de suite vivre et se sentir bien. On se contente de le traverser et de rejoindre le parc La Fontaine. Dans ses grandes étendues vertes, courent des dizaines d'écureuils ! Ils s'approchent de nous en nous reniflant cherchant à savoir si nous allons leur donner à manger. Ils nous observent accrochés la tête en bas sur un tronc d'arbre, agiles et futés. Le parc compte deux petits étangs mais ils sont à sec et ressemblent à de tristes tas de cailloux. Nous nous reposons sur un banc mais la lumière du jour décline emportant avec elle la douceur du soleil et nous livrant au froid hivernal.

Dans le soleil couchant, nous retournons dans les rues tranquilles du plateau. Nous aurions voulu manger au "Pied de cochon", restaurant réputé pour servir de la cuisine québécoise (celle qu'on a tant de mal à trouver), mais il est plein : il aurait fallu réserver (et peut-être assez longtemps à l'avance). Tant pis, nous marchons jusqu'à la rue Saint-Denis (je l'ai souvent parcouru côté sud mais c’est la première fois que je me balade côté nord). Comme il est encore tôt, nous prenons d'abord une boisson chaude dans un café avant de trouver une brasserie un peu chique et très agréable pour mon dernier repas en ville... Ils servent en dessert des tartes au sirop d'érable et du cheese cake, donc l'orientation américaine de la carte est tout de même là.

Le dimanche, c'est encore la nourriture qui prime : nous allons bruncher "Chez Cora". C'est une chaine spécialisée dans les crêpes et les fruits. L'enseigne la plus proche se situe dans le quartier du village, connu pour être le quartier gai. Le dimanche matin, il semble se réveiller de sa nuit agitée. Les junkies sont un peu pales et endormis, les fêtards rentrent chez eux. Tout le monde se requinque chez Cora déjà plein en cette heure matinale et qui sert des litres de café. Le repas est consistant, les crêpes ont la largeur de crêpes françaises mais l'épaisseur des pancakes, sur la mienne, il y a en plus du pain perdu et des fruits partout. Mon collègue a commandé ce qui ressemblait à une crêpe fourrée classique, mais quand elle arrive, elle en fait à peu près deux ou trois fois la taille ! Et bien sûr, sirop d'érable à volonté...

Le reste la journée n'a rien d'extraordinaire. Nous prenons le métro jusqu'au parc Jean Drapeau, sur une île du Saint-Laurent avec une belle vue sur la ville. Là bas, nous visitons la bio sphère qui renferme le musée de l'environnement. L’intérêt est plus dans le bâtiment lui même (une grande sphère à l'armature métallique qui date de l'exposition universelle) que dans les expositions : je pensais trouver des animaux mais j'avais confondu avec le biodome ! Ce sera pour une autre fois. On retourne ensuite sur le plateau : mon collègue a perdu son téléphone portable dans le parc La Fontaine, mais on aura beau scruter les feuilles mortes, les écureuils garderont le secret. Il est agréable de parcourir ce quartier une deuxième et dernière fois, bientôt, je suis de retour à l'hôtel : direction la gare routière puis l'aéroport, au revoir Montréal !!

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Toronto en une soirée

On ne peut pas dire que j'ai vraiment eu le temps de visiter Toronto. J'y suis restée une journée entière mais j'étais principalement à l'université. Levée à 5h30 du matin, je quitte Montréal par avion à 8h. Il est donc relativement tôt quand j'atterris à Toronto. Je ne savais pas qu'il existait un aéroport en centre-ville et j'arrive donc dans le grand aéroport international à l'extérieur de la ville. De toute façons, ce n'est pas dans le centre que je me rends mais à l'université de York. On peut s'y rendre en bus depuis l'aéroport et me lance pleine de volonté dans la tache ardue de prendre le bus dans une ville inconnue.

L'université de York a été créée en 1960 avec la volonté de faciliter l'accès à l'éducation pour tous et elle se trouve dans une banlieue lointaine. En terme d'habitants, Toronto n'est pas tellement plus grande que Montréal mais la ville est beaucoup plus étendue. En dehors du centre, des kilomètres de banlieues résidentielles s'étalent en petits blocs d'immeubles bas ou de maisons découpés en un strict quadrillage  par des rues infinies. C'est l'une de ses rues interminables que je longe en bus. Evidemment, mes indications ne sont pas assez claires et je descend au mauvais endroit. Mais bien vite, je me rends compte de mon erreur : les stations de bus ne portent pas le même nom en fonction du bus dans le lequel on se trouve. En fait, un bus avance toujours dans la même direction sur une seule et même rue. Il s’arrête à toutes les intersections et la station porte simplement le nom de la rue que l'on croise. Pour aller à l'université il faut prendre deux bus qui semblent ne jamais vouloir arriver.  Heureusement, après mon erreur,  j'ai réussi à convaincre un chauffeur de me laisser remonter sans devoir payer à nouveau un ticket.

Me voilà donc sur le campus de York University. On peut dire qu'on est non seulement loin du centre mais aussi loin de tout. La seule animation semble venir des travaux d'extension du métro qui devrait bientôt enfin atteindre l'université. Dans ce no man's land, le campus fait office de ville miniature, pour moi qui ne connais que quelques universités parisiennes, il parait très grand, et d'ailleurs si je ne passais pas mon temps à suivre des collègues, je me perdrais à coup sûr. Pour vous donner une image : on y trouve en plus des bâtiments universitaires un espèce de centre commercial où sont regroupés des restaurants pour les étudiants. Si en France, on considère que l'état doit pourvoir aux besoins des étudiants (comme les repas), ici on mélange aisément le service public avec le privé. Je ne pense pas qu'il serait très bien vu que l'université de Marne-la-Vallée permette à Starbucks d'ouvrir une antenne au rez-de-chaussée du bâtiment...

Je vous passe les détails de ma journée à l’université qui c'est d'ailleurs très bien passée. Vers 16h, on me propose de me déposer dans le centre. Je dois d'abord aller déposer mes affaires à l'hôtel : car oui, j'ai trouvé un hôtel à côté de l'université de York et sans doute le moins cher de la ville. Enfin, "hôtel" est un bien grand mot. au sud de l'université, on trouve un petit lotissement de maisons en briques tout nouvellement poussé. En fait, l'université à vendu des terrains à des promoteurs à des prix très attractifs pour essayer de développer le quartier et ainsi forcer le gouvernement à presser un peu les travaux d'extension du métro. Mon logement de ce soir est censé se situer dans l'une de ses rues. J'arrive devant une porte fermée avec l'affiche suivante : "Ne pas sonner, ne pas frapper à la porte, appeler ces numéros". Je ne suis pas l'injonction et commence par sonner et frapper. Comme je ne reçois aucune réponse, j'appelle, un peu irritée d'avoir à utiliser mon forfait qui s'écoule plus vite que le Saint-Laurent. Au premier numéro, personne de répond, au second, on ne me donne pas vraiment d'informations mais on m'assure qu'on va me rappeler. Seule avec mon sac devant cette porte fermée, et mes amis dans la voiture qui m'attendent un peu dubitatifs, je suis sur le point de partir me chercher un autre hôtel (un vrai cette fois, dans le centre ville). Quand voilà un irlandais qui rentre chez lui avec ses courses. Et chez lui, c'est chez moi, car ma chambre est en fait à l'intérieur d'une maison louée en collocation. L'irlandais appelle le proprio et après quelques "yes" et "ok", il me montre une petite chambre. Je laisse mon sac, je prend la clé posée sur le mini-frigo et je repars sans plus d'explications.

Nous descendons donc vers le centre ville. La personne que je suis venue voir à Toronto ne peut pas passer la soirée avec moi : en effet, ce soir c’est Halloween, et tout bon parent rentre faire le tour des maisons avec ses bambins déguisés en pumkin ou en cup cake. Me voilà donc au croisement de deux grandes rues, libre et souriante. Quel bonheur de n'avoir rien à faire d'autre que de se promener dans une ville inconnue sans but précis, sans programme, sans contrainte. J'avance un peu au hasard, je m’arrête pour regarder les boutiques je prends en photo les beaux exemples d'architecture contemporaine que je trouve un peu partout. Les couleurs de l'automne sont particulièrement belle : ici nous sommes plus au sud et très peu de feuilles sont déjà tombées. Les arbres rougeoient de toute leur puissance. Je n'avais pas l'intention de visiter la CN tower, je ne savais d'ailleurs pas ce que c'était, mais quand j'ai vu ce grand pic dressé au milieu de la ville avec au sommet une espèce de soucoupe volante, je n'ai pas pu résister. C'est un peu comme monter en haut de tour Eiffel, un truc à touriste qu'on ne fait pas quand on vit dans la ville mais qui est très amusant. Le billet coûte un prix tout à fait exagéré mais soyons fous ! En plus, on voudrait me vendre des tas d'extras complètement inutiles comme une séance de cinéma 3D ou d'autres choses du même genre, mais je me contente du prix minimum (tout de même presque 30 dollars canadiens).  Je ne regrette pas l'achat, une fois en haut, la vue sur la ville est splendide : je n'ai qu'une soirée à Toronto, autant en voir le plus possible d'un coup ! J'y suis à la meilleure heure, le soleil baisse dans le ciel et la ville s'allume sous les lumières du crépuscule. Je vois les grandes tours de bureau, le lac qui s'étend au sud comme une mer et la ville interminable jusqu'à l'horizon. Toronto est plus impersonnelle que Montréal, plus américaine, mais que les villes américaines sont belles de nuit ! Je reste longtemps, attendant que la pénombre ait complètement remplacé le jour, laissant la ville ne devenir plus qu'une série de points lumineux sur la toile sombre. Les voies rapides se transforment en myriades rouges et jaunes, étoiles filantes dans l'infini de la nuit.

Je redescend sur la terre ferme. Je marche dans les rues, cherchant à quitter celles visiblement dédiées aux boutiques et commerces pour trouver les restaurants. Enfin, je m'installe dans un agréable pub où je mange une tourte dans une ambiance chaude et feutrée. Pour rentrer, il me faut prendre le métro et le bus mais, par miracle, je descends exactement au bon endroit et retrouve tout de suite la maison où je loge. Pour le prix que je paye (30 dollars la nuit), la chambre est relativement correcte. Je pensais voir le manager ce soir pour payer, mais personne n’est là alors tant pis. Finalement, je recevrai un mail le lendemain et la somme sera directement prélevée sur mon compte : je n'ai vu personne à part l'irlandais qui m'a ouvert. Le lendemain, je vais à 9h prendre le bus sur la place principale du campus encore étouffée par la brume, des écureuils noirs courent sur le trottoirs et je bois un thé Starbucks à emporter. Cette fois, j'arrive à l'aéroport sans encombre et suis tout à fait à l'heure pour mon vol pour Montréal. Je n'ai eu que peu de temps à Toronto, la ville ne m'a pas autant séduite que Montréal mais je pense qu'elle a beaucoup à offrir, une autre fois peut-être ?

 

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Brunch et chutes de Montmorency

Dimanche 30 octobre, je me réveille chez mon hôtesse Stéphanie, à Beauport, un quartier résidentiel de la ville de Québec. Ce matin, elle organise un brunch pour sa famille venue de Gaspésie. Au menu : pain doré (pain perdu en québécois), fruits frais, sirop d'érables, toasts, oeufs au bacon, pommes de terre sautées, haricots au lard. Ici on mélange sans complexe le sucré et le salé et j'ai vu plusieurs fois des gens verser le sirop directement sur le bacon ou les pommes de terre. Je ne vais pas jusque là mais, pour une française, je suis très ouverte d'esprit sur la question et ce petit déjeuner est pour moi un vrai régal ! Je découvre aussi une nouvelle boisson : le mimosas. Sur quelques centilitres de mousseux, on se verse un verre de jus d'orange. Le résultat est frais et pétillant, peu alcoolisé et tout à fait agréable, un vrai apéritif du matin. Je profite aussi du repas pour discuter avec la famille. Leur accent est assez prononcé mais ne m’empêche pas de comprendre et je pense qu'ils font un effort quand ils s'adressent à moi directement.  La Gaspésie est une région du "Québec profond" bien loin de la grande métropole qu'est Montréal. La ville d'où ils viennent est à 800 kilomètres au nord de Québec, dans un endroit où les montagnes tombent directement dans la mer. Si c'est une magnifique région, elle souffre de dépeuplement ayant perdu son industrie et n'étant plus capable d'offrir à sa jeunesse un avenir à la hauteur de ses espérance.

Plus tard, la famille part "magasiner" et il ne reste que Stéphanie et sa mère. Je pars seule dans les rues de Beauport pour visiter les chutes de Montmorency. Beauport est comme une ville de banlieue et n'a plus rien à voir avec le vieux Québec. Les maisons sont déposées les unes à côté des autres, toujours entourées de petits jardins. Les styles sont assez hétérogènes et colorés. On trouve les marques typiques de l'Amérique du nord avec les corniches et balcons à colonnes romaines et les lames de bois ou de pvc qui recouvrent les murs. Après 10 minutes, on arrive à l'entrée du parc où se situent les chutes. On y arrive par en haut : face à une large falaise, comme un affaissement du terrain où se jette la rivière. Les chutes font 83 mètres de hauteur et même si après l'Islande, il est difficile d'être impressionné, ça reste un beau spectacle. On longe la falaise sur une promenade en bois puis on traverse la rivière juste au dessus de la chute. De là, on peut prendre un chemin qui remonte la rivière vers l'intérieur de la forêt.  Nous sommes plus au nord que Montréal et les feuilles sont presque toutes tombées, elles forment un tapis coloré au sol et un parfum d’automne embaume. Entre deux branches nues, on peut voir sauter un écureuil.

Je retourne vers les chutes et retrouve Stéphanie et sa mère qui m'ont rejoint. On peut descendre en bas de la falaise par un escalier de 487 marches. Stéphanie l'utilise pour "s'entrainer", c’est ce qu'elle fait aujourd'hui en descendant et remontant 8 fois de suite... Personnellement, je ne fais que descendre puis longe ensuite le lac qui se forme en bas des chutes pour rejoindre le petit téléphérique qui permet de remonter.  L'hiver, les chutes ne gèlent pas mais le lac oui et elles sont entourées de glace. Au pied de la falaise se forme alors un "pain de sucre", comme une colline de glace sur laquelle les gens viennent glisser. Stéphanie vient, elle, pour faire de l'escalade sur glace. Je me contenterai de la vision d'automne, très belle, elle aussi.

Nous retournons à Beauport et c'est la fin de mon très court séjour à Québec. Stéphanie me dépose à la gare routière et je reprends le bus pour Montréal mais je ne regrette pas cette petite virée d'un week-end qui m'a permis d'avoir un aperçu un peu plus large du Québec...

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