Il est 5h du soir quand nous arrivons à Cordoue. Nous nous garons puis nous nous lançons à pied dans la vieille ville. Elle se réveille à peine de la sieste et tout est encore vide. Au coin d’une rue, on trouve une sorte de petit salon de thé. Nous sommes les seuls clients et commandons une horchata. Sur une télé dans un coin, il y a Nicole Kidman qui parle d’une voix espagnole dans « Ma Socière bien aimée le Film ».

CordoueCordoue est la seule ville dans laquelle je n’ai pas réservé d’hôtel, c’est donc notre première priorité. Cela se fera sans difficulté : en suivant une indication du Guide du routard, on découvre l’Hostal Seneca. Derrière une petite grille, un patio frais et fleuri décoré de céramique. Il y a une chambre de libre, mais sans salle de bain, ça ira très bien. Notre chambre est petite et donne sur le patio, pas de clim mais un ventilateur. Tout le bâtiment s’organise autour du patio et la frontière entre intérieur et extérieur est plutôt floue. Les chambres sont au premier étage dans un dédale de couloirs ombragés.

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On retourne à la voiture chercher nos bagages. Le GPS nous guide à travers les rues presque piétonnes de la vieille vielle pour retrouver l’auberge. On va ensuite garer la voiture à l’extérieur du centre, à quelques minutes à pied dans un parking souterrain. Une fois installés dans la chambre et rafraîchis par une douche méritée, on ressort découvrir un peu Cordoue.

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CordoueLe centre n’est qu’un labyrinthe de rues blanches bordées de patios fleuris. Au centre, se dresse la Mezquita, imposante, magnifique. On rejoint les rives du Guadalquivir sous le ciel déjà rose du soir. On retourne à la Mezquita pour s’intaller sur la terrace d’un café prendre notre repas du soir.

Le serveur est muet, ou du moins il ne parle qu’en espagnol et aux espagnols. Est-ce par peur que nous ne le comprenions pas qu’il ne prononce pas un mot en notre présence ? Il ne s’exprime que par gestes et mimiques étranges. Je commande un Gazpacho, le premier du voyage, délice rafraîchissant de l’Andalousie. Devant nous la Mezquita se dresse, les murs dorés par le soleil du soir, se découpant dans le ciel de plus en plus sombre. Il y a un fou assis sur ses marches. Un homme seul qui ne bouge presque pas et parait normal. Seulement toutes les dix minutes il se lève pour aller pisser contre un des murs (toujours le même). Il ne se cache pas vraiment, sa tête dépasse sur le bord du mur et il donne l’impression de fixer les gens. Nos voisins de derrière l’ont remarqué aussi et le prennent même en photo. Au bout d’un moment, il part comme si de rien n’était.

Il est l’heure pour nous aussi de rentrer à l’hôtel. On utilise de la petite monnaie pour payer une partie de l’addition, puis on finit par laisser toutes nos pièces pour alléger nos porte- feuilles. Le serveur n’apprécie pas vraiment notre geste et, toujours sans rien dire, nous sermonne de regards noirs. On ne peut pas trop discuter, donc on s’en va, le laissant avec toutes nos pièces.

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CordoueLe lendemain matin, on se réveille à l’heure pour notre petit déjeuner : servi en bas dans le patio. Etant donné qu’une nouvelle chambre est libre avec salle de bain, on range nos affaires pour un mini déménagement. On laisse nos sacs dans le couloir aux soins d’une toute petite dame puis on part à nouveau à l’assaut de la ville. Au programme ce matin, la visite tant attendue de la Mezquita.

Derrière les hauts murs de pierre vieux de plusieurs siècles, se cache la cour des orangers, plantés par Isabelle la Catholique, où l’on trouve les restes des bassins servant autrefois aux Ablutions. C’est là qu’on achète les billets. Comme on veut en apprendre le plus possible sur le bâtiment, on prend aussi l’audioguide. On pénètre enfin dans la mosquée. J’ai déjà visité la Mezquita, il y a presque 10 ans lorsque je suis venue en Andalousie avec ma mère et ma sœur et c’est un des souvenirs les plus marquant qu’il me soit resté. Une nouvelle fois, je suis frappée par la splendeur de l’édifice, par ses rangées infinies de colonnes tout autour de moi. Notre audioguide n’est pas très bien fait, il explique mal et ne comprend pas bien de quoi il parle. Au bout d’un moment, il finit même par tomber en panne. Mais bon, on a tout de même pu en tirer quelques infos.

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CordoueJe suis impressionnée par l’age de la mosquée : c’est en 786 que la première partie a été construite. Lorsque je vois que les plus anciennes ruines d’Irlande ne date que du Xeme siècle… A sa place, s’érigeait autrefois une église et encore avant, sans doute un temple païen. C’est d’ailleurs les colonnes d’ancien temples qui ont été utilisées pour sa construction ce qui explique qu’elles soient toutes différentes. Après la première phase de construction, la mosquée fut agrandie à trois reprises par les émirs successifs. Quand les chrétiens reprirent Cordoue, en 1236, la mosquée redevient un lieu de culte chrétien et plus tard une cathédrale. C’est au XVIeme siècle, sous le règne de Charles Quint qu’elle est encore modifiée. Plusieurs arcades ouvertes sur l’extérieur sont fermées par des chapelles et l’on détruit les colones centrales pour ériger une chapelle gothique. Charles quint, en voyant la mosquée, regrettera plus tard son geste qui a dénaturé l’édifice original. Mais ce mélange étonnant d’architecture et de culte est aussi ce qui donne son aspect si incroyable à la Mezkita.

La visite nous a pris toute la matinée et on se dirige en sortant vers un petit restaurant. On y déguste de délicieuses tapas à base de fèves, d’artichaut ou encore de chorizo. Je suis intriguée par la carte des desserts qui propose un « lait frit ». Lors de monvoyage en Espagne avec ma mère, je me rappelle parfaitement avoir goûter au « leche merengada » que j’avais trouvé délicieux. Je commande donc un « lait frit », m’attendant à voir arriver un grand verre de lait parfumé ou sucré. C’est en fait une sorte de gros flan recouvert de cannelle que l’on m’apporte. C’est plutôt bon, mais je ne m’attendais pas du tout à ça…

CordoueIl est pratiquement 14h lorsqu’on sort de table, la chaleur commence à monter sur la ville et nous décidons de rejoindre notre hôtel. Dans le patio frais, on lit tranquillement à l’ombre des murs blancs avant de s’adonner au plaisir de la sieste…

Vers 17h, on ressort en ville pour terminer notre visite. On se dirige vers l’ancienne synagogue, puis on passe devant l’Alcazar avant de se rendre au petit musée municipal.

CordouePendant tout ce temps, on cherche désespérément un bar qui servirait de la horchata. On finit par rejoindre la tétéria derrière notre auberge, et là surprise : de la horchata ! Seb est content (c’est principalement lui qui en voulait). Moi je craque plutôt pour une sorte de milk-shake en mieux et moins glacé de lait et de noix. On goût aussi le thé aux amandes et plusieurs pâtisseries arabes. L’endroit est extrêmement agréable, encore une fois dans un patio décoré de céramique, de fleurs et de fruits bercé par une musique d’ambiance arabisante. On y passe tranquillement notre fin d’après midi avant de rejoindre notre hôtel et de se préparer pour notre soirée.

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Ce soir, j’ai préparé une surprise. Comme la réservation par internet n’a pas marché, ce n’est plus vraiment une surprise mais je n’ai dévoilé le programme que hier soir. J’avais repéré dans le guide du routard un établissement de « hammams » qui faisait aussi restaurant et j’avais vu une formule intéressante pour une soirée « bains + repas » sur leur site web. Nous commençons par le repas, le restaurant est au dessus de la salle des bains autour de son plafond en coupole. Nous avons le droit au menu « découverte » qui commence par une « soupe aux algues » qui a en fait le goût d’une classique soupe à l’oignons. Ensuite, vient l’entrée (le meilleur d’après moi), composée de houmous, caviar d’aubergine etc. On enchaîne avec un tajine plutôt classique suivi du dessert, un assez bon riz au lait.

CordoueL’originalité du repas n’est pas vraiment dans l’assiette mais dans le spectacle qui nous est présenté. En effet, à deux reprises, une jeune femme entame une danse du ventre entre les tables. Je suis impressionnée par sa dextérité et son endurance car elle arrive à enchaîner les chansons à un rythme endiablé. Elle n’a pas beaucoup d’espace pour danser mais se glisse en experte entre les tables et les serveurs qui l’évitent naturellement, à peine dérangés dans leur service. Il est presque minuit quand nous terminons notre repas et nous rejoignons l’entrée des bains au rez-de-chaussée. Là, on nous distribue des serviettes et un ticket pour le massage. Après avoir patienté dans le patio, nous passons nous changer et pénétrons dans ce qu’ils appellent le hammam. A vrai dire, ce sont plutôt des termes romains, ici pas de bains de vapeurs mais différents bassins à trois températures. La première salle est petite, on y trouve les deux bassins froids. On passe ensuite à la salle principale, où une grande piscine nous attend entre ses colonnes de marbres. Autour, les masseurs installent les tables. Les bassins chauds sont dans des petites salles derrière, comme de grandes baignoires sous la lumière tamisée des bougies. La décoration authentiquement mauresque n’est faite que de marbre et de céramiques. La lumière ne vient que par petite touche éclairée cette ambiance feutrée.

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Bientôt, nous sommes appelés pour le massage. Alors que j’en profite pleinement, me détendant presque jusqu’à la somnolence, Sébastien reste tendu comme à son habitude. Mais il nous reste après ça presque une heure et demie pour nous relaxer entièrement, passant d’un bassin à l’autre, de l’eau chaude à l’eau froide entre les salles sombres et intrigantes.

Il est prés de deux heures du matin quand nous rentrons à notre hôtel à travers les rues de Cordoue endormie. Après cette journée magique dans ce lieu comme hors du temps, demain nous partons pour Grenade.

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