Challenge adaptations : Atonement / Expiations

J'ai décidé de participer au challenge proposé par Happy Few. C'est assez simple, il suffit d'écrire la critique d'un livre et son adaptation. En plus, c'est en plein dans le thème du prochain swap de livraddict.

J'ai choisi de parler du livre Expiation de Ian Mc Ewan, ou plutôt, Atonement comme je l'ai connu moi, en VO. En effet, j'ai lu ce livre en Irlande avec le book club, je n'avais aucune idée de ce dans quoi je me lançais. J'ai tout de suite apprécié. La première partie m'a particulièrement plu, elle se déroule en une seule journée mais prend la moitié du livre. Le style rend parfaitement la lenteur du temps qui passe sans pour autant être ennuyeux. C'est une journée très chaude dans l'Angleterre des années 30, tout semble innocent et pourtant on soupçonne qu'il va se passer quelque chose, que chaque détail restera gravé.

On a l'impression d'une journée qui n'en finit pas, qui s'étire à l'infini. En particulier car la narration n'est pas linéaire, elle prend le point de vue d'un personnage puis d'un autre, repars en arrière avant d'avancer pour de bon. La même scène est racontée sous plusieurs points de vues. Ces points de vue : celui de la petite fille au bord de l'adolescence, celui de la jeune femme, celui de l'amoureux, sont la clé de la claque qui va s'abattre sur les personnages. On découvre Briony et on apprécie Briony : inventive, pleine de vie. Et pourtant Briony, toute jeune qu'elle est, va commettre l'irréparable annoncé par les touches cruelles de l'auteur.

La seconde partie est aussi palpitante mais m'a tout de même moins touchée. On y découvre la débâcle des armées françaises et anglaises en 40 et, bien sûr, les conséquences de la première partie. Elle est très différente de la première. Le rythme change, on revient à une narration plus classique mais elle complète bien le livre et la fin étrange sous forme de mise en abime nous questionne et nous laisse libres.

J'ai aussi vu le film qui a été tiré du livre. Contrairement à certains, j'aime voir les adaptations des livres que j'ai lus et appréciés. Je n'ai pas peur que le livre me soit gâché par le film, au contraire ! En voyant le film, je retrouve les sentiments qui m'ont traversés pendant la lecture et le plaisir est entier. Bien sûr, il arrive aussi que je n'apprécie pas le film, mais j'ai tout de même tendance à être plus clémente dans mon jugement. C'est ce qui s'est passé pour Atonement. Objectivement, le film n'est pas à la hauteur du livre. Keira Knightley fait une bonne Cecilia mais l'originalité du style, la force de l'écriture n'est pas rendue. Les gens autour de moi qui l'ont vu (sans l'avoir lu) l'ont trouvé au pire ennuyeux et au mieux agréable mais oubliable. Oui, l'histoire d'amour est attirante, oui, les scènes de guerre sont bien faîtes mais il manque quelque chose, cette petite palpitation qui donne envie de le voir jusqu'au bout. Moi, je n'ai pas pu m'empêcher d'apprécier, de retrouver le plaisir et les émotions de ma lecture. Peut-être que j'avais juste envie de revivre le livre avec cette pleine satisfaction de "savoir" ce qui va se passer. Bon je dois tout de même avouer que la scène de la bibliothèque (comprenne qui a lu) m'a plus fait vibrer lors de la lecture que lors du visionage car, tout de même, la force subjective de l'écriture reste beaucoup puissante que celle de l'image.

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World Books Challenge

Lire en voyageant, voyager en lisant...

Il y a un petit moment déjà, j'ai créé une application facebook sur le thème du "World Books Challenge". L'idée est très simple : tenter de lire un livre par pays du monde ! Même sans relever le défi, on peut aussi juste remplir les différents pays pour voir où on se place.

Application facebook

Je n'ai pas beaucoup avancé depuis que j'ai commencé mais j'ai décidé de m'y remettre un eu plus sérieusement ! Et surtout, j'ai décidé de partager ce challenge en parlant ici, sur mon blog et en incitant les participants à faire de même. J'ai créé une page spéciale où je recenserai les différents blogs participants ainsi que le lien vers l'application facebook et la liste des pays pour ceux qui n'auraient pas facebook.

En supprimant les pays trop peu peuplés, j'en suis arrivée à 187. Pour l'instant, j'ai que 21 pays de validés. Je vais présenter les livres que j'ai déjà lu 3 par 3 au fur et à mesure de mes posts. Voici les trois premiers :

Pour l'Autriche : Le Joueur d'échecs de Stephen Zweig

Un grand classique que j'ai beaucoup apprécié ! L'histoire d'un homme enfermé seul pendant des mois et qui n'a pour seule occupation un manuel d'échecs. Stephan Zweig décrit ici la torture psychologique, la folie, la solitude.

Il est étonnant de voir que bien que l'histoire parle des nazis, elle a été publiée en 1943 alors que l'étendu des sévices du régimes était loin d'être connue. Stephan Zweig n'en eu jamais connaissance, il s'est suicidé devant l'atrocité de la guerre avant même la parution de sa nouvelle.

Pour la Belgique : Métaphysique des tubes d'Amélie Nothomb

J'ai choisi Amélie Nothomb car même si elle ne révolutionne pas la littérature, je l'aime bien !

J'ai lu plusieurs roman d'elle et je n'ai pas tout apprécié mais vraiment, Méthaphysique des tubes est l'un de ses plus réussis. On y retrouve tout son humour, toute son absurdité. De façon générale, j'aime plus les romans "autobiographiques" qu'elle a écrit que les autres. Bon, évidemment, ça parle plus du Japon que de la Belgique mais bon, on fait ce qu'on peut !

Pour le Canada : Life of Pi de Yann Martel

Un joli conte plein de sensibilité. On y parle plus de l'Inde que du Canada mais qu'importe !

Un jeune homme est le seul survivant d'un naufrage, il doit survivre sur un radeau avec, rapidement, pour seule compagnie un Tigre féroce...

On peut le voir comme une histoire absurde (mais racontée de telle façon qu'elle semble presque crédible !)  ou on peut y trouver un sens plus métaphorique. Une lecture très agréable en tout cas.

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Mes lectures irlandaises

Voilà un an 1/2 que je suis rentrée en France mais j'ai eu envie de revenir sur un aspect de mon séjour que je n'avais pas abordé : la littérature. En effet, quand on est plongé comme ça pendant deux ans dans une autre langue / culture / pays et qu'on aime lire comme moi, on fait des découvertes.

D'abord j'ai découvert que les livres en Irlande étaient différents. Bien qu'ayant rapporté, et régulièrement acheté, des livres français, j'ai assez vite pris le parti de lire les livres du pays et de lire en anglais. J'avoue avoir été un peu décontenancée au départ : je ne savais pas quoi acheter, où aller, quoi lire. Je ne trouvais pas d'équivalent de la fnac et toutes les librairies me semblaient chères et étranges. Les auteurs n'étaient pas les mêmes, les livres ne ressemblaient pas à ce qu'on trouve en France. Car oui, les livres anglo-saxons sont différents ! En général, ils sont plus massifs, avec de grosses couvertures épaisses et colorées. Tout semble "flashy" pour un lecteur français.

Sans argent et un peu perdue, je devins l'amie de la bibliothèque. Le lieu lui même mérite description. La bibliothèque Illac est perdue au milieu d'un centre commercial. Pour y aller, il faut prendre un grand escalier qui semble ne mener nulle part. Là, coincée entre les boutiques et le plafond, voilà la bibliothèque. La lumière du jour n'y pénètre qu'à travers une minuscule fenêtre derrière une porte de bureau. Il y fait un peu chaud et moite par manque d'aération. Il y a toujours du monde. Ça pullule d'étrangers venant apprendre l'anglais sur les ordinateurs. C'est d'ailleurs ici que se passaient les échanges linguistiques. Dans le fond, entre les lecteurs livides et les étagères, au milieu du rayon des livres audio, se réunissent tous les mois les membres du book club.

Assis autours d'une table, la vieille bibliothécaire au fort accent irlandais nous amène du thé et des gâteaux. Parmi les membres du clubs, beaucoup d'autres vieilles dames ressemblant à des bibliothécaires, quelques rares hommes, des femmes plus jeunes. Je suis de loin la plus jeune. Mais les conversations sont agréables (et le thé et les gâteaux aussi) et ce système de book club me donne des livres à lire, des idées. Car on ne lit pas les mêmes auteurs en France et en Irlande et on les lit pas au même moment !

La Mandoline du Capitaine Correli de Louis de Bernière

C'est un des premiers livres que j'ai découvert avec le book club. C'est un vrai best seller en Irlande, mais en France, bien qu'il ai été traduit, je n'en ai jamais entendu parlé. Il a été adapté en un mauvais film mais ne vous laissez pas dégouter par la mine larmoyante et fleur bleue de Penelope Cruz : c'est un livre tout à fait agréable et palpitant. Une vraie histoire d'amour et d'aventure sur une petite île grecque pendant la seconde guerre mondiale, sortez vos mouchoirs et attendez-vous à ne plus lâcher votre bouquin.

Au delà du tape à l'œil, c'est un livre vraiment touchant. La description de la guerre, réaliste et dure, m'a beaucoup marquée. Les personnages secondaires sont bien faits, on se laisse happée par l'histoire et on apprend beaucoup de choses sur la Grèce et la seconde guerre mondiale ! Du même auteur, à découvrir aussi : The War of Don Emmanuel's Nether Parts (La guerre des fesses de Don Emmanuel).

The Sacred and Profane love Machine de Iris Murdoch

Une de mes plus belles découvertes book club ! Je me souviens qu'un des principaux problèmes que l'on rencontrait au book club c'était d'obtenir assez livres pour tout le monde. Chaque mois, nous écrivions une longue liste d'ouvrages que nous souhaitions obtenir pour le mois d'après mais la bibliothèque manquait toujours d'exemplaires. Pour Iris Murdoch nous avions été obligé d'étudier chacun un livre différent.

J'avais choisi celui-ci sans doute car il était moins encombrant que les autres (pourtant, je crois bien me rappeler qu'il était très encombrant, pas pratique à lire dans le bus !). J'ai énormément aimé ce livre. J'ai été séduite par le style très sarcastique d'Iris Murdoch, par sa description acerbe de ses personnages, de la société bourgeoises anglaises. L'histoire était très entortillée : un homme qui trompait sa femme, sa femme qui le découvrait, sa maitresse qui avait un fils, le voisin dont la femme était morte et qui aimait la femme, la femme qui voulait élever le fils, ... Mais chaque mot était une petite touche, chaque phrase, une aiguille.

J'aurai bien lu d'autres Iris Murdoch mais la discussion du book club fut assez étrange. En racontant chacun l'histoire de notre livre, nous nous sommes rendus compte que tous les livres racontaient plus ou moins la même chose ! Chaque fois que quelqu'un décrivait un personnage quelqu'un d'autre disait : "Ah, moi aussi, j'ai ce même personnage !", et pareil pour les situations. Comme si l'auteur s'était amusée à prendre différentes données et à les mélanger pour former un livre. Cela prouve qu'Iris Murdoch doit avoir un monde à elle et je prendrai le temps, un jour, de le découvrir.

Le book club pour moi dura environ un an et je fis d'autres lectures. Je fis aussi partager des auteurs qui m'étaient chers comme Haruki Murakami. La seconde année, je ne pouvais plus y aller : ça tombait en même temps que mes cours de dessin. Mais entre temps, je m'étais faite à l'Irlande et à ses livres tape à l'oeil. J'avais plus d'argent et achetais des livres à la belle librairies Chapters qui, contrairement à la bibliothèque, exposait ses ouvrages dans une magnifique baie vitrée. Et puis ma mère s'était chargée de faire des recherches littéraires irlandaises et m'avait offert des livres "on topic"

Les Cendres D'Angela de Frank McCourt

Ça, c'est un peu l'incontournable sur l'Irlande ! L'auteur est irlandais d'origine, immigré aux Etats-Unis et raconte ici son enfance misérable à Limmerick. Je l'ai lu en anglais, peu de temps après mon arrivée (je l'avais emprunté à la bibliothèque).

Tous les irlandais connaissent ce livre et il a eu un succès international (et un film). Bien que très sombre, il est aussi plein d'humour et de tendresse, un très beau livre ! En anglais, on a l'avantage d'avoir l'accent irlandais retranscrit mais évidemment, tout le monde ne peut pas en profiter. Le style très spécial est tout de même bien rendu dans la traduction. Tout est vu par les yeux de l'enfant qui décrit son monde et sa misère. C'est un livre qui permet de comprendre ce que fut l'Irlande et qui aide à connaitre le pays. L'auteur a écrit deux suites toujours autobiographiques. J'ai loupé celui du milieu mais j'ai lu Teacher Man qui m'a beaucoup plu. Si vous êtes un écrivain qui n'avez jamais osé écrire un livre, Frank McCourt vous redonnera peut-être espoir : il n'a commencé à écrire que très tard, après sa retraite de professeur d'anglais ! Avant ça, il enseignait, il n'avait pas le temps...

Note : c'est le livre que j'ai choisi pour le World Boos Challenge pour l'Irlande.

La série policière de Soeur Fidelma de Peter Tremayne

J'ai découvert cette série de romans policiers grâce à ma mère qui m'en a offert des exemplaires à noël. J'ai commencé en français et suis passée à l'anglais quand la traduction ne suivait plus.

Ce fut mon petit plaisir irlandais. J'adorais me plonger dans un de ces romans au point que parfois, je ne faisais plus rien d'autre ! Ça a sauvé l'été 2007, le plus pluvieux de ma vie (l'Irlande n'a pas que du bon). L'auteur n'est pas irlandais et de façon assez étranges, ces romans ne semblent pas très connu en Irlande. Et pourtant ! Tout se passe dans sur l'île des 5 royaumes à l'époque médiévale où l'Irlande était une pionnière en terme de culture et sophistication. Sœur Fidelma, à la fois bonne sœur, avocate et princesse y résout des enquêtes à l'aide de frère Eadulf. On découvre les débats religieux qui faisaient rage, la loi des 5 royaumes, le monde médiéval de l'époque (l'auteur est un historien) et les aventures sont assez palpitantes.

Are you Somebody? et Almost There de Nuala O'Faolain

Encore une découverte de ma mère mais cette fois c'est un vrai best seller en Irlande. L'auteur est une ancienne journaliste qui, un jour, a voulu publier ses chroniques. En avant propos, elle a voulu écrire un peu sur elle. Ce "un peu" s'est transformé en un roman autobiographique d'une telle sincérité qu'il a ému tout un pays. On y retrouve à nouveau l'Irlande, cette fois vu à travers les yeux d'une femme. Car être une femme en Irlande, c'est loin d'être simple, et être une femme irlandaise en dehors de l'Irlande non plus !

Si on veut comprendre ce pays, il faut lire Nuala O'Faolain mais même si on en a rien à faire de l'Irlande, il faut la lire quand même ! Elle écrit simplement, sans prétentions. Son livre semble s'être construit au hasard mais sa vie réussi à toucher chacune d'entre nous qui s'y retrouve quelque part.

Nuala O'Faolain est morte récemment d'un cancer et l'Irlande a pleuré...

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