Marrakech

Nous arrivons le soir dans la Médina encore trépidante de son activité quotidienne. Le taxi nous a déposé à l'entrée d'une petite rue où nous sommes pris en charge par l'homme qui doit nous conduire à l'hôtel. Il pousse nos bagages dans une grosse charrette. Nous le suivons, nous faufilant entre les passants, les marchands, les scooters, les vélos, etc. Nous apprendrons vite à reconnaître ces rues mais pour l'instant, elles paraissent un labyrinthe. Nous avons tourné dans une ruelle plus étroite encore, un Derb. C'est aussi beaucoup plus calme. Nous suivons la charrette, nous enfonçant de plus en plus dans les entrailles de la vieille ville, happés par ses hauts murs dans la douceur du soir. Au bout d'un cul-de-sac, on nous indique la porte du Riad que rien ne laisse deviner à l'extérieur.

Un jeune homme nous accueille chaleureusement. C'est l'employé du lieu. Il s'occupe des visiteurs à toute heure du jour ou de la nuit : nous le verrons toujours, que nous rentrions à l'hôtel tard le soir ou que nous nous levions pour le petit déjeuner. Il s'assure que chacun passe un agréable séjour, nous donne des conseils touristiques et s'occupe de tous les aspects pratiques.

Pour l'instant, il nous sert du thé à la menthe et des petits gâteaux dans le magnifique patio. Le Riad est plus petit que je ne l'imaginais. Il n'est formé que d'une unique cours autour de laquelle sont organisées les chambres sur plusieurs étages. Nous sommes tout en haut, donnant sur le toit terrasse où sera servi le petit déjeuner.

Les couleurs chatoyantes, les céramiques, les lumières, les motifs sculptés, tout nous donne l'impression d'un précieux écrin caché dans la Médina. Notre hôte nous sert le dîner : soupe marocaine et Tajines. Les femmes s'affairent à la cuisine. Nous discutons avec nos voisines britanniques et il est déjà tard quand nous terminons notre repas. Nous décidons tout de même de sortir pour ressentir la ville une première fois. Notre hôte nous donne des indications très précises pour que nous ne nous perdions pas et nous voilà dans les rues de la vieille ville.

Je n'ai gardé que peu de souvenirs touristiques de mon premier séjour ici. En 98, alors adolescente, je faisais le tour du pays avec ma mère et ma soeur. À Marrakech, ma soeur était malade. J'avais passé la majeure partie du temps à son chevet dans un hôtel à la climatisation défaillante. Cependant je reconnais tout de suite la place Jemaa El-Fna. Nous donnions sur la grande mosquée dont nous entendions les appels du Muezzin. La place était brûlante sous le soleil avec son sol en goudron noir.

Dans la nuit de novembre, l'air est plus doux que sous le soleil d'août. Le sol a été pavé. La grande mosquée est magnifiquement éclairée : énergie renouvelable, COP22 oblige. Mais la place a gardé la même agitation frénétique que dans mon souvenir. C'est un lieu qui fascine et qui effraie, le coeur palpitant de la ville. Un marché est installé qui vend des fruits et des pâtisseries. Des petites échoppes-restaurants alpaguent les passants avec véhémence. Plus loin, des groupes d'hommes jouent de la musique traditionnelle formant avec leurs spectateurs des grappes humaines dispersée dans le noir. Nous marchons un temps autour de la mosquée, encore tout étonnés d'être si soudainement dans un nouveau pays. Ce matin, nous étions encore à Paris... Il est bientôt minuit et les boutiques de la Médina ferment enfin. Nous retrouvons facilement le chemin de l'hôtel et passons notre première nuit à Marrakech.

Notre séjour ici est particulièrement court : nous n'avons qu'une journée pour visiter la ville. Demain matin, nous repartons à Paris. Cela étonne le jeune homme de l'hôtel. Il nous est si facile de venir ici et de repartir, ça ne nous coûte même pas cher. Pour la plupart des marocains, le voyage inverse est complètement impossible. Par ailleurs, pris dans nos tâches quotidiennes, nous n'avons absolument rien préparé et n'avons aucune idée de ce que nous allons faire. Le jeune homme, consciencieux, nous offre un plan de la ville où il entoure les principaux points d'intérêt et nous concocte rapidement un planning raisonnable pour la journée.

Le soleil matinal se faufile dans notre ruelle réchauffant les pierres où dorment des chats sauvages. Le stuc ocre des murs s'effrite légèrement. Nous commençons par rejoindre à nouveau la place Jemaa El-Fna. Il y a toujours autant d'agitation même si elle est différente de celle de la nuit. Le marché aux fruits est toujours là mais les restaurants ont disparu. Il n'y a plus de musiciens. Je ne trouve pas non plus les charmeurs de serpents que j'avais vus en 98. Par contre, on voit beaucoup de petits singes tenus au bout de laisses par des dresseurs qui cherchent à impressionner des touristes. Je suppose qu'il y a des modes dans les animaux exotiques. Je préférais les serpents qui me semblaient plus indifférents à leur sort de bête de foire...

Nous dépassons la place et descendons vers le sud de la Médina. Les rues étroites et ombragées ont un parfum de cuir, d'épices et de pot d'échappement. Les scooters pétaradent et la vie bat son plein. J'avais le souvenir d'une atmosphère légèrement oppressante, peut-être aussi due à la chaleur de l'été. Aujourd'hui, l'air est doux et c'est un plaisir de retrouver une ambiance estivale pour nous qui entrons dans l'hiver. Par ailleurs, les marchands sont moins pressants que ce que je craignais. Très bons en marketing, leurs premières phrases sont souvent "ici, aucune pression, juste pour regarder !". Signe que le tourisme de la ville s'est internationalisé, on nous parle souvent en anglais.

Quand la rue devient un peu plus large, les voitures se faufilent ajoutant un peu au chaos de la circulation. Nous tournons dans le Derb qui mène au musée Dar Si Said, première visite de la matinée. La maison date du XIXeme siècle. C'est celle d'un ministre, transformée à présent en musée d'art traditionnel. Au delà des objets présentés, la visite vaut surtout pour les salles de l'étage aux magnifiques décorations en stuc sculpté. Ce sont mes retrouvailles avec l'art arabe qui m'a surtout marquée en Andalousie. Nous enchaînons avec le Palais de la Bahia. La maison Dar Si Said était celle d'un ministre, le palais de la même époque est celui du Sultan... Il s'étend de plein pied en un enchevêtrement de cours et de petites pièces richement décorées. Les pièces engloutissent et recrachent de grands groupes de touristes de toutes nationalités. Le jeu est d'essayer de trouver les espaces laissés momentanément inoccupés pour ne pas être happés par ces énormes masses. "Allons ici, les américains viennent de sortir. Ah non, mince ! Ils ont été remplacés par les espagnols !". Le tourisme de masse (dont nous faisons finalement partie bien que nous ne nous déplacions à 2 plutôt qu'à 15) ne nous empêche cependant pas de profiter de la balade. Je suis particulièrement fascinée par la géométrie des pavages et bas reliefs. Souvent, je m'arrête un moment et laisse filer mes doigts sur les murs pour en comprendre la logique : la figure de base est un octogone régulier, et les lignes qui partent d'ici pour former cette étoile arrivent en fait ici sur le côté du polygone, etc. On doit pouvoir faire des thèses inter-disciplinaires maths-histoire de l'art pour catégoriser les différentes formes qui apparaissent...

En sortant du palais, nous nous promenons un moment dans le quartier juif du Mellah avant d'aller déjeuner. On est samedi et la synagogue est fermée mais les rues sont agréables. On s'est un peu éloigné des attractions touristiques et au lieu des boutiques habituelles, on trouve les comptoirs plus quotidien du marché : viandes, légumes, etc. Les femmes font leurs courses vêtues de leurs djellabas et foulards, les enfants jouent et nous saluent en souriant. Je remarque, par ailleurs, que je n'ai pas vu ces groupes d'enfants miséreux qui mendient, ni d'ailleurs beaucoup de mendiants. Je ne sais pas si le Maroc est devenu plus riche ou si Marrakech, en vue d'asseoir sa stature de ville internationale, a fait en sorte de chasser la pauvreté de la Médina. En remontant vers le nord, nous retrouvons les touristes avec le souk aux épices. Le vendeur qui nous parle a bien rodé sa technique. "Comment vous appelez ça ?" Nous demande-t-il en nous mettant sous le nez une espèce de petit chardon jaune. Interloqués, nous ne savons que répondre. "C'est le cure-dent berbère", se répond-il à lui même en arrachant une petite brindille pour nous montrer. Puis il commence un cours sur tous ses différents produits, nous faisant sentir, goûter, tester, deviner, etc. Tout au long de ses explications, il nous assure de nombreuses fois de sa complète bonne foi : s'il nous raconte tout ça, c'est par pur amour de la transmission des connaissances, nous n'avons aucune obligation d'acheter quoi que ce soit. C'est d'ailleurs vrai, nous aurions sans doute pu repartir les mains vides. C'est un pari qu'il fait... Mais évidemment, notre curiosité a été éveillée et nous avons ENVIE d'acheter ! Tout comme les trois françaises qui nous ont rejoint pendant l'exposé, nous repartons avec du thé royal et du Raz-el-hanout broyé devant nous. Les prix au kilo sont affichés sur les étalages ce qui rassure les touristes comme moi qui n'ont aucun goût pour le marchandage mais n'empêche sans doute pas les amateurs de se lancer dans les interminables palabres.

Nous déjeunons sur la place des Ferblantiers. Les serveurs des terrasses des différents restaurants se disputent les touristes comme des rapaces : qui aura le droit à sa commission, celui qui nous a parlé la première fois ou celui qui nous a finalement assis sur une chaise ? On nous sert des sandwichs et des pastillas. Sur les remparts du palais El Badîî, les cigognes ont installé leurs nids. A nos pieds, des chats salivent et attendent qu'un bout de viande s'échappe de notre assiette. Ce palais, nous en chercherons longtemps l'entrée avant de découvrir qu'il est en travaux et qu'on ne peut pas le visiter. Mais nous verrons la jolie mosquée Moulay El Yazid (de l'extérieur, on ne peut pas rentrer...) et les tombaux Saadiens à ses pieds qui datent du XVIème siècle.

Après ça, nous remontons vers le nord, dépassons la place Jemaa El-Fna, puis notre hôtel, et marchons encore un moment avant de sortir de la Medina. Entre ancienne et nouvelle ville on trouve une grande place et encore un marché (comment peut-il y avoir autant de marché ?). Là, nous n'arriverons pas à échapper au vrai-faux guide qui nous a repéré à la sortie de la Médina. Il a bien compris que nous allions au jardin Marjorelle et a décidé de nous montrer le chemin (sans que nous n'ayons rien demander). Il faudrait beaucoup de fermeté pour empêcher l'homme de nous guider ou beaucoup de volonté (et un peu de méchanceté) pour ne rien lui donner une fois qu'il a marché avec nous pendant 10 minutes. Il nous dit qu'avec la COP22, les autorités sont devenues beaucoup plus sévères et qu'il a beaucoup de mal à faire son métier (de vrai-faux guide donc). D'ailleurs, il ne nous laisse pas exactement aux jardins mais un peu avant, sans doute de peur de se faire repérer.

La plupart des touristes se contentent de se faire déposer en bus ou en taxi juste devant le jardin. Il est vrai que la ville nouvelle a moins de charme que l'ancien centre mais l'architecture reste en harmonie, utilisant les mêmes couleurs, les mêmes formes. Et bien sûr, ça doit être beaucoup plus pratique pour vivre. Espérons simplement que la Médina ne devienne pas qu'une ville musée où toutes les maisons auront été rachetées par les européens (d'après le chauffeur de taxi, les saoudiens, eux, se font construire des villas sur les hauteurs).

Le Jardins Marjorelle est une création du peintre français Jacques Marjorelle qui a par la suite été repris par Yves Saint Laurent. Entre ses allées luxuriantes, on trouve l'ancien atelier du peintre qui accueille le musée de la culture Berbère. Les murs sont d'un bleu profond, dans un style rappelant l'architecture arabe mais teinté de modernisme. Installés dans le café, fatigué de notre journée de marche, nous buvons du thé à la menthe dans ce charmant environnement. Plus tard, nous prenons le taxi pour rentrer et allons nous reposer à l'hôtel.

C'est la fin de notre très court séjour. Nous passons la soirée chez une connaissance de Seb, un français qui s'est installé ici comme de nombreux entrepreneurs qui espèrent y trouver la prospérité (le Maroc offre des gros allègements d'impots aux nouvelles entreprises). L'occasion d'apercevoir d'autres versions de Marrakech que la touristique Médina, celui des riches villas de banlieues qui rappellent habilement la tradition dans leur architecture. Et dans la nuit, derrière le terrain de Golf, on devine les montagnes de l'Atlas qui nous appellent par leur simple stature. Nous ne verrons pas le Marrakech pauvre, qui doit pourtant exister, mais qui n'est pas celui des français qu'ils soient touristes ou expatriés. Au matin, nous prenons le petit-déjeuner sur le toit terrasse, profitant une dernière fois du soleil et du chant des oiseaux. Puis nous voilà à l'aéroport (magnifique par ailleurs) et bientôt sous la pluie parisienne...

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Les chèvres sauvages du Valhalla

Ma motivation pour me rendre au Valhalla Provincial Park est relativement futile. Quelques temps avant le début de notre voyage, Leigh et Spring, que nous avons vus à Squamish, ont posté des photos d'eux entourés de chèvres sauvages au sommet d'une magnifique  montagne. Depuis, mon désir enfantin de voir des animaux sauvages me pousse à tenter l'aventure. Je n'ai que très peu d'informations : rien ne mentionne ce parc dans le guide gratuit du Kootenay récupéré à Vancouver. Je ne sais même pas si une randonnée d'une journée suffit à grimper là haut et si c'est à ma portée. J'ai récupéré sur le web un pdf décrivant les différents chemins de randonnées du parc, mais sans cartes et dont les informations à la fois trop spécifiques mais pas assez précises ne font pas beaucoup de sens...

Dans tous les cas, je n'ai rien à perdre. On ne verra peut-être pas de chèvres mais on s'en sortira bien et on fera "quelque chose". C'est ainsi qu'après 4 heures de route dans cette belle région du Kootenay, nous arrivons le samedi soir dans la petite ville de Slocan. Elle se trouve à la pointe sud du parc et c'est de là que semblent partir les randonnées. J'espérais un centre d'information ou un truc du genre, je me retrouve devant un grand panneau marqué "Valhalla" et quelques cartes floues... La ville elle-même est formée de quelques rues en quadrillage semées de maisons espacées et s'ouvrant sur un long lac. C'est le Slocan Lake qui marque la frontière est du Valhalla Provincial Park.

Il y a un camping et il est plein. Il faut dire qu'on est zu milieu d'un long week-end. Il a été réservé pour une réunion de famille... À la loge du camping, où il n'y a personne, on récupère cependant un prospectus avec un plan pas très précis décrivant 3 ballades partant de Slocan. Parmi celles-ci, une se nomme "Gimli Peak". Je reconnais tout de suite que c'est celle que je veux faire. Elle est indiquée comme "moderare", 9km aller-retour et quelques plus de 2000 pieds de dénivelé. Seb lance d'une voix lacunaire "c'est mort". Extrêmement vexée, je lui fais remarquer que ce sont des pieds et non des mètres et que d'abord, c'est moi qui décide ce que je peux faire ou non. Après conversion, on trouve 750 mètres : c'est difficile mais c'est possible...

Avant de partir en randonnée, il faut trouver à se loger. Nous reprenons la route et montons au nord de Slocan où quelques autres petites villes sont posées le long du lac. Nous mettons du temps à rejoindre la prochaine, Silverton, car nous sommes pris d'un seul coup dans une averse mêlant pluie et grêle et qui dure bien 10 minutes... La pluie a cessé quand nous arrivons, le lac réapparaît dans la brume  et les maisons fleuries sont toutes luisantes de leur récent arrosage. Il y a un camping et on rencontre le gérant : il pourrait nous offrir un emplacement pour une nuit mais pas deux car un grand groupe a réservé pour le "festival" à partir de demain. À New-Denver, ce sera plein, mais il nous conseille de monter jusqu'à Rosebery où il restera peut-être quelque chose. Sinon, on peut revenir chez lui pour au moins avoir un emplacement ce soir.

Nous suivons donc son conseil et continuons vers le nord, dépassons New Denver et arrivons à Rosebery. Nous suivons un panneau "campground" pensant trouver celui du Provincial Park indiqué dans mon guide. Nous arrivons sur un petit terrain où sont installés tout un tas de camping-cars. Il n'y a aucune information. Dans un coin : une sorte de grange pleine de fourbi, et aussi, des emplacements libres. Ce n'est clairement pas le Provincial Park... On se renseigne auprès d'un résident. Il nous pointe la caravane de "Tim", s'il n'est pas là c'est qu'il va bientôt revenir. En attendant, on peut se mettre où on veut. C'est ce que nous faisons : nous trouvons un très joli emplacement en lisière de forêt avec un petit tapis d'herbe pour la tente  (c'est mieux que les graviers). Notre voisin est un vieux routard sympathique qui parle avec nostalgie de son voyage à Paris. Les autres locataires ont l'air du même genre.

Alors que nous montons la tente, nous rencontrons le fameux Tim qui nous salue chaleureusement. Il semble être le propriétaire de ce "resort" auto-proclamé et légèrement foutoir bien que très agréable... À 10 dollars la nuit, le rapport qualité-prix est largement gagnant. À peine nous sommes nous installer que la pluie revient. Pour nous occuper, nous continuons alors notre errance le long de la route du lac. Entre les averses, la vue orageuse des montagnes au dessus de l'eau est à couper le souffle.

Tout d'abord, nous nous rendons à New Denver pour faire quelques courses. Nous rencontrons un couple de français qui habitent à Kimberley et connaissent d'ailleurs le guide français du rafting !  Ils viennent de passer une semaine en vacances à se balader sur le lac de camping en camping  (la plupart des campings sont de l'autre côté du lac, accessibles uniquement en bateau). Ils évoquent un festival de jazz ce qui fait écho au festival mentionné par le gérant du camping à  Silverton : nous décidons d'aller voir.

La ville de Silverton paraît bien calme et il n'y a pas de jazz en vue. J'ai même du mal à voir où pourrait avoir lieu le festival car il n'y a vraiment pas grand chose ici... Les maisons semblent dormir dans leurs jardins fleuris et le lac se repose de la pluie. L'eau est si claire et attirante que nous retournons à la voiture chercher nos maillots pour nous baigner. Au retour, nous croisons enfin quelqu'un : elle nous confirme que le festival existe et nous donne de vagues indications sur où trouver des informations. En fait, nous ne trouverons jamais aucun affichage, aucune annonce de ce festival. Le lendemain, quelqu'un nous dira qu'il ne commence que lundi et nous quitterons donc le lieu sans avoir entendu le moindre jazz...En attendant, nous retournons dîner au camping. Ce soir, Seb se lance dans de la grande cuisine : des coquillettes "carbonara" (comprenez un jaune d'oeuf, du fromage et du pepperoni). C'est le plus grand degré de gastronomie que nous ayons atteint en camping ! 

Le lendemain, nous nous préparons tôt  pour  notre grande randonnée. Nous allons vers le Gimli Peak même s'il reste beaucoup de points d'interrogation. J'ai une vague idée de l'endroit où se situe le début de la balade mais c'est à peu près tout. Nous savons qu'il est question d'une certaine route : la possibilité de prendre cette route sans 4x4 n'est pas très claire. Par ailleurs, on nous a parlé de "short hike" mais mon dépliant indique 9km ce qui n'est pas si short...Le dépliant ne mentionne d'ailleurs pas la route...

Enfin bon, nous roulons jusqu'à Slocan et suivons les indications "Valhalla" qui semblent aller dans la bonne direction et nous voilà en effet sur une petite route de graviers qui monte dans la montagne. Les français nous ont dit qu'ils ne pensaient pas qu'on pouvait monter cette route sans 4x4 mais Tim du camping était plus optimiste. Le pdf que j'ai telechargé  (et qui maintenant que je suis dans le parc fait un peu plus de sens) évoque une "rough road" et "high clearance vehicle 4x4 advised". Comme je l'ai dit, le dépliant ne mentionne rien du tout. Déjà, nous découvrons qu'il faut rouler 25 kilomètres. Heureusement, au départ, aucun problème et nous avançons donc : advienne que pourra ! 

C'est seulement lorsque nous arrivons dans les hauteurs que la route devient plus difficile. Il y a quelques gros cailloux, des trous un peu plus importants. Nous continuons, espérant se rapprocher du début de la balade. Alors que nous pensons être proches, nous arrivons sur une grande pente où est arrêtée une autre voiture, non 4x4. Un couple sort : ils sont en fait en pleine marche arrière n'ayant pas réussi à grimper la pente et ayant donc décidé de partir à pied... D'après leur GPS, le début de la randonnée devrait être dans 2km.

Nous observons la pente à notre tour : elle est très raide et surtout bien défoncée. De peur de rester coincés, nous nous arrêtons là nous aussi et préparons nos affaires. Il est 10h, nous prenons quelques provisions pour ce midi, de l'eau, un pschit à ours, les vestes et de la crème solaire. Et nous voilà partis. La route est jolie, nous sommes entourés de forêt et de beaux pics rocheux se détachent sur le ciel. Il semble que ce soit notre but bien qu'ils paraissent très loin (en fait, on monte sur un pic un peu plus proche mais que l'on ne voit pas). La route monte mais, en ce début de journée, je ne m'en sors pas trop mal... Le seul problème, ce sont les gros taons qui nous poursuivent.

Après un moment, nous croisons l'autre couple dépité qui a décidé de faire demi-tour. Je comprends ce qui les a découragé : la route prend un tournant en épingle et semble partir dans la mauvaise direction... Bon, nous avons de quoi marcher une journée et rien à perdre : nous continuons. Le GPS de Seb indique que nous avons déjà fait deux kilomètres. En plus, le taon qui nous embêtait nous a laissé pour l'autre couple !

La route est barrée d'un gros rocher tombé de la falaise, ce qui rend le passage difficile pour les véhicules. C'est indiqué sur mon PDF ! D'après ce que je comprends, nous sommes à 2km du départ. D'ailleurs, nous croisons deux jeunes femmes en 4x4 qui en reviennent et nous confirment l'information. Nous repartons motivés. Cependant, la nouvelle orientation de la route n'est pas à mon avantage. Le soleil me fait face et, même avec mon chapeau, je souffre de la chaleur. Il n'y a pas d'ombre; j'ai l'impression de bouillir. Je voudrais me jeter dans les fourrés juste pour être au frais. Mais je continue, douloureusement. Je repense à l'eau fraîche de la rivière à Kimberley, à la douce sensation quand on plonge dedans. Quand enfin nous croisons un court d'eau, je me precipite pour mouiller mon chapeau, mes vêtements, ma tête dans le torrent. Rafraîchie, je vais mieux et, alors que je remonte, un 4x4 s'arrête. Ils sont en route pour la balade et nous proposent de nous déposer. Il ne reste qu'un dernier kilomètre mais c'est déjà ça ! Ce sont des canadiennes, originaires du coin mais qui n'ont jamais pris le temps de monter là-haut.

Et donc enfin, nous voilà au début de la randonnée. Plusieurs 4x4 sont garés, leurs roues protégées par des grillages pour se empêcher porc-épics de les grignoter (visiblement friands de caoutchouc). Le panneau de départ indique 3.5 km (donc 7 aller-retour et non 9) et 750 mètres de dénivelé. Je sais ce qui m'attend, je me lance en connaissance de cause.

Requinquée par le torrent et la pause en 4x4, je commence très en forme. Au début, le chemin est plat jusqu'à ce que l'on traverse une petite rivière  (le même torrent que tout à l'heure, je suppose) puis les difficultés commencent. Nous sommes dans la forêt et nous montons, nous montons et nous montons encore. Je sens mes forces diminuer, les signaux de mon corps qui s'affolent  (j'ai faim, j'ai soif, je veux m'arrêter, je suis essoufflée) mais je ne veux pas faire de pause pour l'instant : je veux d'abord monter le plus possible. La forêt semble interminable, je voudrais qu'on en sorte, qu'on soit dans les hautes prairies. Après chaque montée, une nouvelle montée. Il faut que mon esprit rationel fasse un effort constant pour calmer la pensée qui m'assaille : "ça ne s'arrête jamais, ça continue pour toujours, ça monte éternellement. Non ! Ce n'est pas possible, on va sortir de la forêt, on va arriver au sommet, je peux le faire." Nous avons fait une courte pause mais les moucherons nous empêchaient de rester trop longtemps : je n'ai fait que boire et grignoter un peu. Seb marche derrière moi pour ne pas partir trop en avant et s'ennuie assez de mon rythme de plus en plus lent. Il me surnomme "one step, one stop". Ce n'est pas complètement vrai : je lui fais remarquer que je souhaite vraiment m'arrêter à chaque pas et que de ne pas le faire me demande un réel effort. En moyenne, je tiens 6 ou 7 pas, puis je respire et je regarde la nouvelle montée qui s'offre à moi, encore une, encore une. Mes jambes vont bien, ce n'est pas le problème, mais elles doivent tirer mon corps de plus en plus récalcitrant. La forêt s'est quelque peu éclaircie, laissant apparaître les montagnes. Il y a moins d'insectes. Nous nous arrêtons pour manger sur une large pierre plate.

Il me faut plusieurs minutes pour me remettre avant de pouvoir même commencer à manger. Cependant, le nourriture me fait du bien, je sens littéralement mon corps se réveiller. Jamais un sandwich oeuf-fromage ne m'a semblé si bon (je nous félicite d'avoir eu cette idée géniale de faire des oeufs durs). Restaurée, reposée, je peux repartir.

Je me sens mieux et mon rythme est meilleur  (il pouvait difficilement être pire). Par ailleurs, la forêt laisse enfin la place à la végétation moins dense des hauteurs, ce qui me donne l'espoir de voir un jour le sommet. Nous longeons une pente raide qui semble se précipiter vers la vallée. Pour une fois, ce n'est pas toujours à cause de moi que Seb s'arrête mais parce qu'il a le vertige. La montée est encore assez pénible. Je ne me sens pas trop fatiguée mais l'effort et l'altitude rendent ma respiration difficile. J'ai parfois la tête qui tourne.

Et puis, les voilà, d'un seul coup : les chèvres. Le pic rocheux du Gimli est maintenant visible, dressé telle une voile sur la prairie rocailleuses où les bêtes paissent dans le vent. Le chemin passe au milieu d'elles. Je m'assois là, elles sont ma récompense : ces chèvres au long pelage blanc qui me regardent d'un air blasé. On ne peut pas monter en haut du pic (c'est un mur) mais on peut monter encore un peu. Je suis Seb qui marche au loin dans les cailloux. Parfois je me retourne pour voir l'immensité qui m'entoure, les montagnes bleues à l'horizon. J'entends le cri aigu des écureuils des prairies et j'en vois parfois un ou deux filer vers leurs trous dans l'herbe. Seb est au pied d'un large névé et me fait signe : "est-ce qu'on s'arrête là ?". Non, je lui montre un passage à travers la neige et une petite crête, de là-haut on verra l'autre versant.

Pour atteindre le névé, il faut déjà  marcher sur un petit tas de neige et escalader quelques rochers. Mon pied s'enfonce dans un trou ce qui me fait légèrement trébucher et m'écorcher la main. Ce n'est rien mais cette simple perturbation me force à m'arrêter quelques minutes, bon indicateur de l'état de tension de mon corps et de ma respiration. Je reprends prudemment mon ascension, assurant chacun de mes pas dans la neige trompeuse.

Me voilà au sommet. La sensation qui m'envahit doit ressembler à celle d'un coureur de marathon en fin de course. Je l'ai fait !  Je suis en haut ! Cela semblait impossible et pourtant je suis là. La vue qui s'offre à moi est l'une des plus époustouflante du voyage  (et pourtant !). C'est un monde de glace et de roches, un ciel gris et contrasté, une peinture abstraite faite de traits noirs, blancs et argents. Tout au fond, entre les montagnes, s'étend une vallée sauvage d'un vert sombre. Autour de nous, sont installées les quelques tentes des courageux qui viennent passer la nuit ici. Une chèvre sautille entre les rochers.

Épuisée, je m'ecroule dans un coin. Je rêvasse sur mon sommet... Il faut plusieurs minutes avant que le froid ne m'atteigne mais ensuite le vent glacé est bien réel. Nous entamons la descente, prudents sur la neige pour ne pas finir sur les fesses. Difficile d'imaginer qu'il y a quelques heures, je souffrais de la chaleur et me passais la tête sous un torrent.

La pluie commence à tomber alors que nous disons au revoir aux chèvres. Nous passons à nouveau par les pentes vertigineuses puis retrouvons la forêt. Je me sens beaucoup mieux qu'à la montée bien que la descente soit elle aussi interminable. Nous arrivons en bas en même temps qu'un couple d'américains qui nous dépose à la voiture. En voyant la distance, je suis assez impressionnée par ce que nous avons parcouru avant même de commencer la balade officielle. Nous avons marché en tout 11km avec un dénivelé d'au moins 1000 mètres. Quand, enfin, nous retournons dans la vallée, nous trouvons le seul restaurant ouvert : le Valhalla Inn à New Denver et nous asseyons, épuisés, attendant patiemment nos plats. Il fait déjà nuit quand nous retrouvons la tente pour notre dernière nuit de camping.

Le lendemain, il nous faut tout replier pour la dernière fois. Dans la voiture, les affaires de camping s'étalent dans la valise ouverte. Sur les sièges et à l'avant sont posés divers vêtements, maillots, serviettes mis à sécher. Les sacs de provisions, bientôt vides, s'entassent dans le coffre. J'ai des bleus sur les jambes, des écorchures sur les bras, des tâches de rousseur sur la peau, beaucoup de boutons de moustiques et mes cheveux forment une crinière poussiéreuse autour de mon visage. C'est la fin de 14 nuits de camping. Aujourd'hui, nous repartons vers Vancouver. À Kelowna, à mi-chemin, nous trouvons par miracle une chambre dans un joli B&B au bord du lac. Nous profitons du Canada une dernière fois avant de retrouver notre vie urbaine...

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Whiteswan Lake et Kimberley

Dès que nous sortons du parc national, nous retrouvons les marques de l'activité humaine. La forêt autour de nous semble moins sombre, moins sauvage, moins inquiétante. Elle laisse la place à des champs, à des pâturages, à quelques habitations. Cependant, après quelques kilomètres, nous quittons la route principale pour nous enfoncer à nouveau dans la montagne. Les habitations et les champs disparaissent, ne reste que la forêt le long de la pente abrupte que nous longeons. Bientôt, nous ne sommes plus sur du goudron mais sur des graviers. Le ciel, d'un beau bleu estival dans la vallée, s'est maintenant couvert de nuages bas qui semblent couler sur la montagne.

Nous sommes dans le Whiteswan Lake Provincial Park. On trouve des Provincial Parks dans toute la région. De tailles variables, en général moins impressionnants que les National Parks, ils sont aussi moins touristiques et plus tranquilles. Pas besoin de payer un droit d'entrée, très peu d'installations touristiques : pas d'hôtels et rien qui ne ressemble à l'Icefield center. Souvent on y trouve un ou plusieurs campings publics, à la fois très simples et très agréables.

C'est le cas au Whiteswan Lake. Après un long moment, la route rejoint un beau lac de montagne où l'on trouve un premier camping. Il reste de la place, mais nous décidons tout de même de continuer car plusieurs autres sont indiqués. Les nuages se sont transformés en pluie. Sous l'averse, nous passons un camping complètement vide au bord d'une rivière avant de rejoindre un second lac encore plus vaste que le premier. C'est au bord de ce dernier que nous décidons de nous installer. Certains emplacements ont carrément leur petite plage privée, ce n'est pas notre cas mais nous sommes tout près. Nous attendons dans la voiture que la pluie cesse.

Enfin, après peut-être une demie-heure, nous pouvons sortir dans l'air encore humide et planter la tente. C'est la fin de l'après-midi et le soleil réapparaît. Seb décide d'aller courir, moi, je vais me baigner. L'air est doux et l'eau légèrement fraîche sans que cela ne soit désagréable. Il est difficile d'entrer car les pieds s'enfoncent dans la vase presque jusqu'au genou, je me mets vite à nager. Quel plaisir, quelle quiétude... Je suis seule dans l'eau, parfois un canoë vogue au loin. Je nage vers les eaux profondes, entourée par les montagnes, m'éloignant de la rive sans que celle d'en face ne semble se rapprocher pour autant. Je nage longtemps avant de retourner à la tente où Seb me rejoint bientôt. Malgré la pluie récente, il arrive (non sans difficultés) à lancer un feu qui prend assez bien pour entamer la très grosse bûche que nous traînons avec nous depuis Tofino. C'est notre dernière bûche et ce sera, en fait, la dernière fois que nous faisons du feu ! C'est aussi la dernière fois que nous passons une nuit vraiment fraîche...

Le lendemain, nous quittons le Whiteswan Lake. Nous n'irons pas nous promener autour de ses eaux calmes, ni passer une nuit dans le petit camping isolé, accessible uniquement à pied, que Seb a découvert dans sa course... Avant de quitter le parc, nous nous arrêtons à flanc de montagne et descendons le petit chemin qui nous mène aux Lussier Hot Springs.

La rivière coule en contre-bas de la route. La source jaillit d'un rocher et de petits bassins ont été aménagés avec les roches alentours. L'eau chaude et souffrée descend pour se mêler finalement avec celle, glacée, du torrent. La température des bassins varie en fonction du mélange des deux eaux : on peut passer du brûlant, au tiède puis froid. Les amateurs d'eau vive, comme moi, peuvent rejoindre le courant venu des montagnes et se "rafraîchir" dans son flux glacé. Le soleil descend dans la vallée, donnant à l'ensemble du tableau des allures de petit paradis. Installés sur les rochers, baignant dans l'eau tiède au soleil, admirant la forêt et la rivière sauvage, il nous est difficile de nous arracher de ce lieu idyllique pour reprendre la route...

La deuxième moitié de notre voyage est maintenant bien entamée mais il nous reste cependant quelques jours avant de devoir repartir vers Vancouver. Nous les passons dans la région du Kootenay dont j'ai récupéré un guide à l'office du tourisme de Vancouver. Notre étape pour les deux prochaines nuits est la petite ville de Kimberley, à une heure au sud de là où nous sommes.

Nous arrivons en fin de matinée, l'unique camping nous a été indiqué au centre d'informations de la ville. Il est très grand, s'étalant en terrasse sur tout un pan de collines. Les étages supérieurs sont entièrement occupés par des familles en camping-car ou caravanes et des grosses tentes. Il reste de la place pour nous tout en bas, dans la partie "unserviced" du camping : il n'y a pas d'électricité, il faut prendre la voiture pour aller à la douche et marcher un peu entre la place de parking et l'emplacement de la tente. C'est parfait : cette partie du camping est vide et calme, notre tente trône seule au coeur d'une jolie pinède et la rivière coule juste en bas. D'ailleurs, dès que nous sommes installés, nous allons nous y baigner. L'eau est froide mais pas aussi glacée que ce matin, aux sources chaudes. Il faut lutter un peu dans les cailloux ce qui me plaît toujours beaucoup.

Plus tard dans l'après-midi, nous retournons vers Kimberley. Pour les villes et villages, l'Amérique du Nord n'a pas le charme de l'Europe. On ne trouve pas toujours de centre, les villages ressemblent parfois plus à des zones commerciales, à des suites d'entrepôts... Ou alors, on tombe dans le "kitch Disney Land" ce qui n'est pas mieux. Cependant, on peut reconnaître que Kimberley fait un certain effort qui classe la petite ville dans les rares "mignonnes". Il y a un centre avec des rues piétonnes et de jolies boutiques, un certain charme. L'hiver, c'est une station de ski et elle jouit donc d'une jolie situation touristique, au coeur des montagnes. Il semble d'ailleurs que l'ensemble de la ville soit pris d'une hallucination collective, pensant être au sud de la Bavière ou même en Autriche : on trouve de l'Apfel Kugel, une Mozart Inn, un coucou qui yodule... De nombreux panneaux sont en allemand et les petites maisons en bois semblent s'inspirer de ce coin du monde. Après discussion, cela viendrait de l'origine des premiers migrants mais c'est surtout maintenant un jeu touristique. Nous nous baladons dans le petit "farmer's market" où nous pouvons acheter divers mets. Nous errons aussi à la recherche d'un nouveau matelas pour Seb, le sien étant percé (on n'en trouvera pas, et Seb se contentera d'une épaisseur de serviettes et couvertures pour les dernières nuits). Enfin, nous dînons le soir au restaurant avant de rentrer dans notre pinède.

Le panneau habituel qui avertit les conducteurs que des animaux risquent de traverser ne me semble pas suffisant sur la route qui mène au camping : il faudrait prévenir que ça arrive à chaque fois ! Nous croisions systématiquement une ou plusieurs biches. D'ailleurs, dans le camping lui même, on trouve plusieurs panneaux indiquant la présence de biches et de faons et nous interdisant formellement de les nourrir ou de nous en approcher. Nous en croisons une tandis que nous nous promenons au bord de l'eau en attendant le soir. Elle broute dans les buissons sans s'occuper de nous plus que nécessaire. La nuit est en train de tomber, nous marchons au bord de la rivière dans la forêt fleurie pleine de baies multicolores...

Le lendemain, le programme est déjà fixé : nous avons réservé une sortie en rafting sur la rivière. Depuis le début du voyage, l'eau vive écumant sur les rochers m'attire. J'ai justement choisi de m'arrêter à Kimberley car la photo d'illustration dans le guide représentait une baignade dans une rivière. Je n'ai pas beaucoup hésité devant le prospectus du rafting, trop heureuse qu'il reste des places. Le rendez-vous n'est qu'à 13h, nous profitons tranquillement de notre matinée : je lis à l'ombre des pins pendant que Seb va courir au bord de la rivière.

Nous voilà à 12h45 devant la petite boutique de pêche à la mouche qui propose les sorties en rafting. Un bus nous emmène avec le reste du groupe jusqu'au point de départ. Là bas, nous enfilons chaussures spéciales, gilets de sauvetage et casques avant de monter dans les bateaux.

Un bateau de rafting est une sorte de grosse bouée gonflable qui accueille environ une dizaine de personnes. Nous sommes aujourd'hui quatre bateaux et donc quatre guide : un par bateau. L'un des guides est d'ailleurs français et il semble un peu étonné de croiser des compatriotes. Nous partageons notre embarcation avec deux familles canadiennes qui se connaissent ainsi que plusieurs autres participants  (ils font partie d'un grand groupe). Tout le monde est complètement débutant. C'est visiblement la sortie d'introduction, familiale et accessible à tous. Vues nos prouesses en bateau, c'est sans doute mieux.

Notre guide est chilien, il enchaîne les étés entre les hémisphères. Il nous explique les instructions de base avant de partir : pagayer vers l'avant, vers l'arrière, rentrer dans le bateau. C'est assez simple même pour des boulets comme nous. Il n'y a jamais à ramer très longtemps car on se laisse souvent porter par le courant. Le guide maîtrise complètement l'embarcation, ses instructions sont claires et précises. D'ailleurs, nous comprenons rapidement qu'il est le "chef des guides", visiblement plus expérimenté que les trois autres.

La balade commence doucement, la rivière est plutôt calme. Le grand jeu consiste à faire des batailles d'eau entre les bateaux ce qui plaît énormément aux enfants. Les deux qui sont sur notre embarcation sont en charge d'un pistolet à eau géant et s'en servent à loisir. Parfois nous nous arrêtons dans des coins assez profond pour que l'on puisse sauter du bateau et nager. Un beau rocher qui nous sert même de plongeoir. Plus tard, nous passons par des rapides plus intéressants et ils nous donnent l'occasion d'aller nager dans le courant. Pour moi qui adore l'eau, c'est un vrai régal et les quelques heures que durent la balade sont trop courtes (j'aurais bien pris la journée entière plutôt que la demie-journée si elle avait été disponible). Nous passons devant la plage du camping et, peu de temps après, rejoignons le point d'arrivée et sortons de l'eau...

La fin de l'après-midi s'écoule tranquillement au bord de la petite piscine du camping. Puis nous  retournons en ville pour dîner. Le soir, alors que nous sommes installés devant la tente, une biche vient nous saluer..

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