En février, 4 films !

Le Discours d'un roi de Tom Hooper

Un film attendu, un peu convenu, mais qui réponds aux attentes du spectateur. Belle interprétation de Colin Firth avec son roi à la fois fragile et noble (comme il se doit !). Le personnage du médecin farfelu interprété par Geoffrey Rush donne un peu de piquant au film. L'arrière plan historique lui offre toute sa gravité. Clairement, un film à Oscar et certainement un des films à voir cette année.

La Fille du voyage de Pavee Lackeen

Après la famille royale, voici l'autre extrémité de l'échelle sociale. Ici, le réalisateurs s'intéresse aux "travellers", ces gens du voyage irlandais, exclus parmi les exclus. Le film est très minimaliste, presque documentaire. Les acteurs principaux ne sont pas professionnels  et l'on suit cette gamine  dont la vie hors de l'écran est sans doute aussi grise que ce qui nous est montré. Elle parait pourtant sympathique, amusante. Mais son sort semble scellé, sa misère inéluctable, victime de sa naissance et d'un système qui la dépasse. On peut reprocher au film de n'avoir pas su assez se détacher du pur social descriptif, de manquer un peu de scénario. Par ailleurs, l'aspect concret n'est pas toujours très bien traité et l'on se pose encore pas mal de questions au sortir de la salle. Cependant, l'expérience reste intéressante et l'on espère qu'elle aura permis à la petite de s'en sortir un peu moins mal.

Poupoupidou de Gerard-Hustache Mathieu

Un film français agréable plein d'un humour et de dérision. L'histoire de Candice semble être une copie de la vie de Marilyn à l'échelle de la Franche-Comté. David Rousseau est un écrivain de thriller à succès, pâle copie de James Ellroy. Le film lui même semble être l'image déformée d'un grand film à suspense, où rien n'aurait la grandeur promise. Tous les personnages ne sont que des copies dérisoires d'idéaux lointains, comme ce policier qui n'entrera jamais dans la police d'élite canadienne ou cet homme politique local qui n'a avec JFK qu'une vague ressemblance. Quand on sait qu'on a vu le film à l'UGC Orient Express des halles, dans une de ses salles où les murs se dégarnissent et tremblent à chaque passage du RER, on comprend qu'on était tout à fait dans le thème.  Cet aspect dérisoire est tout à fait assumé et fait toute la richesse de ce petit film bien agréable.

Incendies de Denis Villeneuve

Tiré de la pièce du même nom, Incendies est un film choc. Le pays n'est pas cité mais la référence au Liban est claire, et nous voilà plongé à travers des flash-backs dans la violence de la guerre civile. Le récit est tendu, haletant, les scènes vous laissent immobiles dans votre fauteuil, à peine capables de respirer. La scène du bus qui fait l'affiche est celle qui m'a le plus marquée. Je n'ai pas pour autant trouvé que le film en faisait trop, il ne cherche pas à nous accabler mais nous laisse en témoins impuissants comme le sont parfois ces personnages. La fin peu paraitre un peu trop théâtrale (et pour cause !) mais elle contient aussi une certaine beauté, une douleur, une amertume...

Black Swan de Darren Aronofsky

Voici une occasion de remarquer ce réalisateur dont on avait déjà eu quelques bijoux comme Requiem for a dream ou The Wresler. C'est un film beaucoup plus sur la folie que sur la danse. Le ballet n'est que la trame de l"histoire, prétexte de la tension montante chez l'héroïne. Mais dès les premières scènes, son angoisse est visible, et tout au long du film, on se demande quand et comment elle va éclater. Le film me rappelle certains aspects de Repulsion de Polansky, comparaison flatteuse pour Black Swan ! Nathalie Portman est à la hauteur de son rôle et fait corps avec son personnage. Elle est cette frêle créature au bras maigres, visage timide, angélique mais surtout tourmenté. Et elle sait devenir le cygne noir, et nous troubler de son double regard.