Nous arrivons à Gerardmer le mercredi dans la soirée et commençons notre festival par un agréable dîner au Grizzly avec de la fondue savoyarde. Le jeudi matin, nous sommes d'attaque pour notre première journée sous le ciel gris de la petite ville brumeuse (et sans neige).
Le premier film que nous découvrons est le néo-zélandais Grafted, premier long métrage de sa réalisatrice Sasha Rainbow. Dans la scène d'ouverture, un scientifique meurt devant sa fille de 10 ans suite à une expérience qui tourne mal. C'est gore et bien fichu, ça s'annonce bien. Puis nous voilà quelques années plus tard. La petite fille devenue adolescente quitte la Chine pour s'installer en Nouvelle-Zélande. Complexée par une grosse tâche de naissance noire sur son cou et son visage, elle doit s'intégrer dans ce nouveau pays. Le film dresse bien ses difficultés face à la cruauté adolescente et dessine de jolis personnages. Malheureusement, la deuxième partie n'est pas à la hauteur. La jeune fille glisse beaucoup trop rapidement dans la folie meurtrière et on perd complètement tous les personnages. Les aspects gore très "organiques" sont plutôt sympa mais pas utilisés à leur plein potentiels. Dans l'idée, ça rappelle The Substance mais en moins bien. Le scénario et le montage souffre aussi de grosses incohérences et lenteurs. Dommage car ça commençait très bien et on aurait voulu aimer.
Nous avons ensuite le temps de rentrer manger rapidement à l'appartement avant de revenir à l'espace lac pour la séance de 14h30, She loved Blossoms more du grec Yannis Vesleme et avec Dominique Pinon. Le voilà d'ailleurs sur scène avec le réalisateur et le producteur pour nous présenter le film.
On nous annonçait un film étrange et un peu lent. En effet, on suit trois frères catatoniques qui, dans une grande maison gothique pleine d'animaux, expérimentent avec une espèce de vieille armoire qui fait des lasers multicolores et semble permettre de voyager à travers différentes dimensions. On se retrouve ainsi avec un demi poulet qui continue de se mouvoir bien que traversé par un portail inter dimensionnel.
Le film prend des orientations psycho-érotiques avec l'arrivée du seul personnage féminin, assez peu développé, vu que très vite elle se fait mettre de force dans l'armoire et finit avec un œil au milieu du crâne et un aspect de plante exotique.
C'est à peu près à ce moment là qu'arrive Dominique Pinon (qui est le père des trois gus) et peu de temps après que je n'arrive plus à ouvrir les yeux assez régulièrement pour lire les sous-titres (une grande partie du film est en grec). Je me réveille un peu plus tard alors que le héros discute avec une marionnette bizarre et que la fille revient avec une tête de poulet. L' expérience globale n'est pas inintéressante et je viens aussi à Gerardmer pour voir ce genre de choses, la micro sieste était par ailleurs plutôt agréable, mais bon ça n'atteint pas le niveau pour en faire un film vraiment remarquable au delà du simple exercice psychédélique.
Après ce film, on a une courte pause puis nous revoilà à 17h à l'espace lac pour le 2ème film de la compétition, In a Violent nature du canadien Chris Nash. Le résumé est très classique : un tueur maudit attaque des jeunes dans une forêt. Le traitement est cependant original. Une grande partie du film est vue du point de vue du tueur qui avance lentement à travers la forêt pour massacrer méticuleusement ses victimes. On s'attache peu à ces dernières qui paraissent toutes et tous très bêtes, s'agitent inutilement et prennent de mauvaises décisions. J'apprécie le contraste entre leur agitation stérile et le calme triste du tueur (qui ne veut que récupérer le collier de sa maman volé par les jeunes bêtas) . Il y a un aspect presque métaphysique à voir ses longues marches dans la nature splendide entrecoupées des scènes plus gores les unes que les autres de ses meurtres. J'aime ce film mais mon avis n'est pas partagé par la majorité du public qui s'attendait sûrement à un slasher plus classique et que la lenteur a vite ennuyé.
Et on termine cette première journée avec une belle surprise : Oddity de l'Irlandais Damian Mc Carthy. Sur le papier, l'histoire semble assez classique : un meurtre, une femme qui pense communiquer avec l'au delà, des fantômes. Mais l'ambiance est parfaitement installée et l'intrigue très bien menée. On est dans une grande maison isolée. On voit une femme joyeuse qui travaille à la rénover. On comprend qu'elle meurt mais on ne sait pas comment. Puis nous revoilà dans cette maison avec son étrange sœur aveugle, une nouvelle femme et une marionnette en bois absolument flippante. On se retrouve accroché à son siège, tendu, attendant la résolution, guettant les coins sombres prêts à sursauter. Ce n'est pas souvent que j'ai peur. Là j'ai eu peur et ça m'a plu.