Cette année les courts métrages sont pour la première fois divisés en 2 séances distinctes à l'Espace Lac. Nous voilà donc à 11h pour la première séance avec 4 films, tous de bonne qualité. Le premier est peut-être mon préféré : Flush de Raphaël Treiner a une inspiration ouvertement lovecraftienne mais ce qui me plaît surtout ce sont les dialogues et le personnage de la femme enceinte (qui se trouve à devoir combattre des démons sortis de sa plomberie) jouée par une actrice pleine de caractère. Je retiens sa très bonne réplique quand son ami lui demande comment se passe sa grossesse "bah écoute, ça serait bien que ça s'arrête mais après c'est encore pire alors bon". On voit aussi Le Bézoard de Laure-Élie Chénier-Moreau où une jeune femme se débat avec un gros monstre poilu qu'elle a engendré et qui lui gâche la vie, puis Naissance d'un feu de Archibald Martin, survival très correct dans la forêt allemande, et enfin Serpente de Félix Imbert où un jeune homme rencontre une sorte de sirène étrange.

On a ensuite tout notre temps pour déjeuner avant de revenir à 15h pour la deuxième séance de courts métrages. Là aussi, je suis impressionnée par la qualité des films. Nous voyons Dans l'ombre de Jérémy Barlozzo, petit morceau horrifique type zombie, puis Familiar de Marco Novoa avec un vampire Drag très sympathique et La Voix de son Maître de Alexandre Pierrin qui a peut-être des trucs à régler avec sa maman. On termine enfin par l'excellent Les Liens du sang de Hakim Atoui. Un frère et une sœur arrivent pour le déjeuner du dimanche chez leur mère et découvrent son nouvel androïde assistant un peu inquiétant. La relation de famille est montrée avec finesse et humour avec toutes les petites frustrations que nous connaissons tous. Une dispute éclate et là le robot s'en mêle et ça devient à la fois sanglant et très drôle. Le réalisateur n'était pas trop sûr d'avoir sa place dans un festival de genre et pourtant ça colle tout à fait et la salle apprécie visiblement. C'est à lui que va ma préférence pour le prix de ce soir.

Le samedi, c'est la grosse journée pour l'affluence dans les salles. Nous n'avons pas réussi à réserver les deux prochains films à l'espace Lac et même les autres séances étaient pleines. Il est 16h30 et nous avons donc une longue pause avant de rattraper ce soir à 21h les 2 films en compétition que nous ne pouvons pas voir maintenant. On en profite pour se prendre un succulent goûter au Neptune où je mange une coupe de glace chocolat mirabelle tandis que le soleil se couche sur le lac. Puis nous nous baladons un peu dans le centre, achetons quelques cadeaux et souvenirs avant de rentrer à l'appartement se reposer un peu.

À 20h30, nous sommes dans la file pour notre prochain film au cinéma du Paradisio. Tous les films en compétition sont présentés en première séance à l'espace lac puis repassent deux ou trois fois dans l'un ou l'autre des 3 autres cinéma du festival : le Casino, la MCL et le Paradisio. Le Paradisio est connu pour être le moins confortable de tous avec ses chaises qui grincent, ses rangées trop serrées et les têtes des voisins de devant qui vous empêchent de voir l'écran. Les séances sont aussi souvent en retard et il est plus de 21h quand nous rentrons enfin dans la salle. On était plutôt devant dans la queue et on trouve par hasard les meilleures places du cinéma : devant nous il y a deux places marquées "réservées" et qui resteront finalement vides nous permettant de voir l'écran complet. Derrière nous sont assis les équipes des films vietnamiens présentés hors compétition.

Nous voyons le film Else du français Thibault Emin, 7ème film de la compétition. On suit le début d'histoire d'amour entre un jeune homme un peu coincé et sa nouvelle copine plus exubérante. Mais voilà que le monde est touché par une étrange épidémie. Ça commence par un problème de peau puis on finit par se transformer en objet ou, plus précisément, à fusionner avec le monde environnant (pierres de la rue, bois de la table, etc). Lui, vit dans l'angoisse de la contagion. Elle, se retrouve à s'installer chez lui dans la ville confinée et à lui apporter un peu de vie et de légèreté. Leur histoire est jolie mais autour d'eux, le monde se transforme. Petit à petit leur immeuble "fusionne" et ressemble de plus en plus à un être vivant où l'on voit apparaître des visages et des yeux. C'est assez poétique et étrange et baigné de beaucoup de mélancolie. La fin est quasiment métaphysique et surtout un peu longue mais j'ai globalement bien aimé.

Nous enchaînons avec un second film toujours au Paradisio qui commence à quasiment 23h30 (et nous sommes un peu moins bien placés). C'est La Fièvre de l'Argent de l'espagnol Galder Gaztelu-Urrutia, 8ème film en compétition. J'avais très envie de le voir car le pitch est intéressant : une maladie mortelle ne touche que les personnes les plus riches du monde. Ça commence plutôt bien. On suit une productrice de cinéma visiblement très ambitieuse qui vient d'obtenir une importante promotion et regarde avec envie les milieux ultra riches. Mais voilà que la nouvelle de la maladie des riches commence à se répandre, créant le chaos alors qu'elle essaie de rejoindre sa fille à Barcelone. C'est à ce moment que l'histoire commence à se perdre un peu. On ne comprend pas vraiment pourquoi ni comment ce chaos s'installe. Puis l'héroïne a retrouvé sa fille et son ex et ils s'enfuient tous en famille sur un bateau. Le film fait un parallèle assez lourd entre leur périple et celui des migrants qui cherchent à rejoindre l'Europe avec une espèce de "situation inversée" (mais qui quand on y réfléchit, ne fait pas beaucoup de sens). Surtout la vision de la migration reste très caricaturale et européano centrée. Globalement, le film fait assez illusion car il est bien réalisé mais plus le temps passe, plus il baisse dans mon opinion car je vois bien que malgré son idée de départ, il reste très conventionnel et n'a pas du tout le ton subversif qu'on aurait voulu.

Il est plus d'une heure du matin lorsque nous nous couchons enfin. Le lendemain, il faut quand même se lever (mais pas trop tôt) pour ranger le petit appartement et arriver à l'heure pour notre dernière séance du festival : Exhuma du Coréen Jang Jae-hyun à l'espace Lac, 9ème et dernier film de la compétition.

J'ai une expérience inégale avec les films coréens. D'un côté, il y a ceux que j'ai adorés comme Sleep l'année dernière ou Deux Sœurs en 2004. Mais je connais aussi les défauts récurrents que j'ai trouvé dans beaucoup d'autres : films trop longs, histoires alambiquées, etc. Exhuma dure 2h14 ce qui m'inquiète un peu. D'un autre côté, l'histoire semble faire référence au passé coréen et, en particulier, à l'occupation japonaise, ce qui m'intéresse.

Ça commence plutôt bien et c'est bien réalisé (comme souvent les productions coréennes). Une famille semble hantée par un aïeul et veut le faire déterrer dans une cérémonie chamanique pour briser le sortilège. Il y a un passé trouble de trahison que la famille essaie de cacher. Les cérémonies chamanes sont bien filmées et très belles. Les chamanes sont d'ailleurs les héros du film. Le méchant esprit s'échappe et vient menacer un petit bébé. Mais après ça, je commence à me lasser et à trouver le temps long. Le film est découpé en chapitres et il y a sans arrêt de nouveaux chapitres avec une histoire qui ne veut pas se terminer et des successions de combats contre des êtres surnaturels pas très sympa. Oui, c'est en lien avec l'histoire de la Corée mais je trouve le traitement assez superficiel, loin de la profondeur intime que j'ai trouvée dans d'autres récits coréens. Cependant, il semble plaire au public géromois donc tant mieux pour lui.

Le film se termine (enfin) et pour nous, c'est la fin du festival ! Nous déjeunons à la Géromoise comme le veut notre tradition puis nous reprenons la route de Paris... À l'année prochaine !