Montréal mon amour

Je suis tombée amoureuse de Montréal lors de ma première visite en 2011. Je me souviens en particulier de ma première journée à arpenter seule la ville dans la fraîcheur de l'automne sous les arbres dorés. Depuis, de nombreuses fois je suis revenue, logeant ici ou là. À chaque fois, mon attachement s'est accru. J'y ai des amitiés, des souvenirs, des habitudes. J'y ai vécu sans y vivre, ne restant jamais plus de quelques semaines.

Cette fois-ci, je reviens pour trois semaines après deux ans d'absence. La ville m'a manqué et je la retrouve avec plaisir. Tout de suite, la mémoire des lieux me revient : les rues, les métros, l'organisation générale. La première fois, j'habitais un petit hôtel sur Sherbrooke, à 5 minutes du bâtiment de maths de l'UQAM qui se trouve derrière la place des Arts. Revenue quelques mois plus tard, je m'installais sur Côte des Neige près de l'UdM, autre université francophone. Le quartier me plut moins. Pour mon troisième voyage, je restais un mois entier et sous-louais l'appartement d'un ami sur le plateau, au niveau du Parc La Fontaine, le quartier que je préfère. Cette fois ci, je m'installe plus au nord sur Rosemont dans un magnifique AirBnb tenu par un couple de Français.

Le quartier est plus résidentiel, plus calme que le fameux plateau, son voisin du sud. Mais cependant, l'épidémie de petits restos, de boutiques vintages et d'épiceries bio le contamine petit à petit. Ma rue est très tranquille : jolies maisons de briques découpées en petits appartements auxquels on accède par des escaliers extérieurs et des balcons en fer forgé. Elle est plantée de hauts arbres et ses minuscules jardins sont fleuris de lilas. Bien qu'epuisée de décalage horaire et abrutie d'avion, je sors dîner dans la rue Beaubien et rejoins un petit parc quelques rues à l'est.

C'est peut-être exactement ici qu'à la fin des années 30, se sont rencontrés les parents de mon amie Marie. Sa mère, fille de bûcherons des Laurentides venue travailler à Montréal pour l'été en "se plaçant" dans une famille riche d'Outremont. Et son père, fils d'un professeur, issu du milieu plus instruit mais plus stricte de la petite classe moyenne francophone. Je ne sais pas où se trouvait l'échoppe qui servait de restaurant où ils se sont vus pour la première fois. Mais la maison des grands-parents de Marie était juste là, rue Molson, donnant sur le parc. Et son père a passé ses premières années à jouer dans le kiosque qui existe encore aujourd'hui. À l'époque, Rosemont était un quartier populaire mais cependant moins pauvre que le plateau ou Saint-Henri. Les ouvriers qui avaient réussi à se sortir de la misère venaient s'y installer. Je ne sais encore rien de tout cela tandis que je profite de la douceur du soir à la terrasse d'un café, avalant ma pizza en essayant de ne pas m'endormir...

Le lendemain, me voilà d'attaque pour me balader dans la ville. Comme lors de mon premier séjour, j'ai tout un dimanche à moi avant de commencer à travailler le lundi. Seulement, cette fois, la ville n'est plus une inconnue et je suis moins solitaire. Je rejoins mon ami Jake qui habite pour l'été un bel appartement donnant sur le parc Jeanne Mance et le Mont Royal. Anglophone originaire de Montréal, il est temporairement de retour dans sa ville natale et prend au moins autant de plaisir que moi à la parcourir. Nous profitons du soleil pour pique-niquer dans le parc puis parcourons les rues du plateau. Il m'emmène goûter un bagel cuit au four au coeur du quartier juif. C'est une spécialité : "Comment ça, tu n'as jamais mangé un bagel de Saint-Viateur ?". Le soir, je dîne avec un autre ami qui, lui aussi, vit sur le plateau: belles retrouvailles avec la ville pour ce premier jour.

La première semaine de conférence se déroule à l'UQAM, juste derrière la place des Arts. Après m'avoir offert une belle journée, Montréal est revenu à la pluie et au froid assez inhabituel pour cette fin mai. Le printemps a été très mauvais me dit-on : de la pluie qui a débordé partout en graves inondations. Les habitants en ont marre, après les très longs mois d'hiver, ils veulent l'été. Cependant, entre les gouttes, je profite des rayons du soleil pour jouer sur les balançoires musicales installées devant l'université. Lorsque je sors à midi, je déjeune dans l'étrange friperie du boulevard Saint-Laurent qui fait aussi restaurant. Lors de mon premier voyage en 2011, j'y avais loué un exubérant costume d'Halloween dont je me souviens encore aujourd'hui.

La semaine passe, le week-end revient avec un temps un peu meilleur. Je passe le samedi avec mon amie Marie. Nous déjeunons dans un restaurant assez simple mais qui sert du pain doré et des oeufs bacon. Puis, l'après-midi, nous nous promenons et faisons quelques courses au marché Jean Talon. Elle me dit qu'autrefois, ce n'était que des petits producteurs locaux et des produits assez simples mais sa popularité grandissante auprès des touristes et nouveaux habitants français le change petit à petit. Le dimanche, je descends à pied du nord de Rosemont où je loge jusqu'au plateau. Le boulevard Saint-Laurent traverse la Petite Italie où l'on trouve les cafés, les restaurants, les épiceries et aussi, sans doute, la mafia. Le dimanche soir, je chante du Jazz à "l'open mic" du dièse 11 que j'ai découvert lors de mon dernier voyage il y a deux ans.

Deuxième semaine, cette fois je suis à l'UdM : au nord, de l'autre côté de la montagne. Depuis la plateforme légèrement surélevée de l'université, on a une très belle vue sur le nord de la ville qui se perd dans les nuages. Très vite, je retrouve mes habitudes. À midi, on descend la colline pour rejoindre Côte des Neige, et, systématiquement, je choisis de déjeuner à "Première Moisson" qui fournit aussi les croissants des pauses cafés. La semaine commence pluvieuse et froide puis le beau temps arrive brusquement et le week-end s'annonce magnifique.

Samedi, Jake propose de me faire visiter le quartier de Saint-Henri au sud ouest de la ville. Autrefois, ce fut l'un des plus pauvres de Montréal. Il abritait les tanneries puis les usines et les populations ouvrières qui y travaillaient. Il est le lieu du roman Bonheur d'occasion de Gabrielle Roy que je n'ai pas (encore) lu qui décrit le quartier dans les années 40. Autre quartier ouvrier, le plateau, avait entamé sa transformation dès les années 80, devenant rapidement le nouveau coeur à la mode de la ville. Pour Saint-Henri, la transformation est beaucoup plus récente, c'est le "nouveau plateau" me dit Jake. Peut-être est-ce la proximité de l'université Columbia ou juste la mutation économique de la ville. Le marché Atwater a été réhabilité. Les usines ont fermé et ont été transformées en appartements à la mode. Alors que nous pique-niquons sur les rives du canal de Lachine, les familles se baladent à vélo sur les berges ensoleillées.

Nous longeons le canal vers l'ouest puis tournons tranquillement vers le nord. Nous traversons la "Petite Bourgogne" qui a historiquement accueilli la population noire de la ville, descendant des esclaves américains et travaillant dans les chemins de fer. La gentrification suit son cours et les nouveaux habitants ont la peau beaucoup plus claire. Nous retournons vers le centre-ville. La géographie de Montréal est assez étrange. La ville est découpée selon un quadrillage à l'américaine : grandes rues perpendiculaires orientées soit "est-ouest" ou "nord-sud". Cependant, l'orientation de l'île s'adaptant mal à cette logique implacable, le "nord" Montréalais des rues est en réalité le nord ouest selon les conventions classiques. Cela trouble beaucoup ceux qui ont un vrai bon sens de l'orientation et des points cardinaux. Ce n'est pas mon cas, et je considère facilement que le "nord" est là ou la ville l'a mit. "J'habite plus au nord. - Tu veux dire du côté du parc olympique ? - Non, je veux dire du côté de Jean Talon, je parlais du nord Montréalais…". Par ailleurs, il arrive que le quadrillage lui même se distende lorsque la géographie de l'île refuse de se plier à la géométrie des rues. Ainsi Jake me fait remarquer que bien que nous ayons l'impression de suivre une rue parallèle à Sainte-Catherine, nous marchons en réalité en arc de cercle et parcourons une distance beaucoup plus longue. Nous atteignons cependant le centre-ville et nous enfuyons rapidement en métro vers le plateau : c'est le week-end du "grand prix de Montréal" et nous n'avons aucun goût pour les voitures bruyantes et la foule qui les accompagne.

Depuis l'appartement de Jake en face du parc, il est possible de sortir par la fenêtre sur un petit balcon et, de là, de rejoindre le toit de l'immeuble par une échelle métallique. On a alors une très belle vue sur la ville. La montagne, comme on appelle le Mont Royal, s'élève juste devant nous à l'ouest surmontée de sa croix illuminée. De l'autre côté, on aperçoit le parc olympique et la biosphère plus au sud puis le centre ville dont les fenêtres des gratte-ciel reflètent les derniers rayons du jour. Au "nord", entre les toits et les nuages, le soleil se couche…

Le dimanche, c'est Marie qui me fait parcourir la ville. Elle m'emmène au nord, dans le quartier Ahunstic dont le nom vient d'un compagnon du missionnaire Nicolas Viel qui s'est noyé avec lui dans la Rivière des Prairies en 1625. Lorsque nous nous promenons dans le parc de la Visitation, la rivière m'a l'air pourtant bien tranquille. Ses rives boisées me rappellent les bords de Marne. Autour du parc, de très belles maisons entourées de jardins. C'est dans l'une d'elles que sont venus s'installer les grand-parents de Marie après avoir quitté Rosemont, s'éloignant encore un peu plus de la misère du plateau et rejoignant les notables de la ville. Cependant, il parait que leur maison rue Molson était magnifique et que sa grand-mère la regretta toujours. Marie me dépose chez moi en fin d'après-midi et je ressors en soirée pour aller, à nouveau, chanter au Dièse 11.

C'était mon dernier week-end, déjà la fin du séjour approche. Je sors tous les soirs cette dernière semaine profitant de l'effervescence du retour de l'été. Ici, l'hiver est si long à s'en aller que dès que les beaux jours reviennent, toute la ville semble exploser de gaieté. Il y a des festivals partout, de la musique partout. On ferme les rues : boutiques et restaurants s'étalent en terrasses. Jeudi soir, dernière soirée, je vais voir un petit spectacle du festival Fringe puis profite encore un peu du Boulevard Saint-Laurent et du toit terrasse de l'appartement de Jake. Le vendredi est le jour de mon départ. Marie voulait me montrer sa ville natale dans les Laurentides au nord de Montréal mais la pluie nous décourage : ce sera pour mon prochain séjour. Nous restons en ville, déjeunons au Jurançon, joli petit resto tenu par un Français où Marie a ses habitudes (Mais Marie connaît tout le monde à Montréal : Justin Trudeau l'appelle par son prénom, elle a rencontré son père Pierre Elliott Trudeau, elle a été à une "party" dans la maison de Léonard Cohen et a eu chez elle la guitariste de Prince). C'est l'anniversaire du patron et il est de très bonne humeur car il offre un verre et trinque avec tous les clients ! C'est sur cette touche joyeuse que je quitte cette ville aimée. Je reviendrai à coup sûr, voilà 6 ans que je connais Montréal et je m'y attache chaque fois un peu plus...

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Gerardmer 2017 - Week-end

Nous voilà samedi matin à l'espace Lac où un nouveau film en compétition nous attend. Avec l'arrivée du week-end, le nombre de festivaliers augmente et la salle se remplit. Nous venons voir Under the Shadow, film iranien où une mère et sa fille se retrouvent isolées sous les bombardements à Téhéran et embêtées par les Djinn (démons de tradition musulmane). Le film fait un beau travail de mise en place : guerre Iran-Irak sur fond de désillusions post révolutionnaires. La relation mère-fille est bien filmée : l'isolement qui s'installe, la raison qui face place à la folie, l'inquiétude de la petite fille. Il ne gagnera peut-être pas le grand prix mais c'est une belle surprise.

Lorsque nous sortons en fin de matinée, un grand soleil brille sur le lac gelé. Un tapis rouge et du champagne attendent les membres du jury qui profitent eux aussi de ce magnifique décor. Ils font des selfy sur la glace entourés par les festivaliers en promenade, les familles qui tirent leurs enfants sur des luges, les patineurs qui s'en donnent à coeur joie. Nous, nous profitons du soleil et de la  neige en mangeant des sandwichs et des crêpes. 

Puis voilà que commence notre après-midi de marathon-films. Tout d'abord les courts-métrages qui, je dois dire, m'ont assez déçue cette année. D'habitude, j'ai toujours au moins un coup de coeur mais là ce n'est pas le cas. Ils ont certes tous des qualités mais aussi des défauts et aucun n'a su me convaincre.

Nous enchaînons avec un film en compétition : The Girl with all the gifts. Production Britannique, dans un univers post-apocalyptique où le monde est ravagé par des Zombies, certains "enfants - zombies" ont gardé une intelligence humaine et des comportements à peu près civilisés. Ils sont éduqués par une instit sympa dans une école militaire sous très haute surveillance et constamment attachés pour éviter que leur pulsions canibales ne fassent des dégâts. C'est sur cette image assez forte que s'ouvre le film : des enfants à l'air inoffensif mais pourtant inquiétant, traités comme des prisonniers et méprisés comme des animaux dangereux. Puis la base se fait attaquer par les vrais zombies et là toute cette belle organisation militaire part à vau-l'eau. L'héroïne du film est une enfant zombie particulièrement sympa et intelligente qui tente de comprendre sa place dans ce monde étrange entres monstres sanguinaires et humains effrayés. Le rôle est porté par une jeune actrice tout à fait à la hauteur ce qui donne un film de grande qualité dans la lignée de 28 jours plus tard ou autres productions britanniques du même genre. C'est clairement un favori pour le palmarès du dimanche soir...

Toujours à l'espace Lac, nous assistons maintenant à l'hommage rendu au réalisateur japonais Kiyoshi Kurosawa suivi de son dernier film présenté hors compétition. Et de façon assez surprenante, ce film est français : Le Secret de la chambre noire avec en particulier Olivier Gourmet et Tahar Rahim. On reste cependant dans la tradition de Kurosawa. Le film est assez lent et certaines images sont typiquement japonaises. On est dans une grande maison de la région parisienne. Un photographe est obsédé par les images du passé et fait poser sa fille des heures durant. L'ambiance est étrange et légèrement inquiétante, le fantastique s'insinue très sobrement toujours entre folie et cauchemar. Mais contrairement à Charisma, il y a tout de même un véritable scénario avec une histoire cohérente, un bilan assez positif pour moi.

Voilà venu notre dernier film de la journée. Il faut se dépêcher car c'est à la MCL avec très peu de temps pour la transition. Nous arrivons juste à l'heure pour voir Rupture, film en compétition présenté dès jeudi matin mais que nous n'avons pas encore vu. Ça commence pas trop mal : une jeune mère se fait enlever par des gens très bizarres qui semblent vouloir la faire participer à d'étranges expériences scientifiques. En gros, ils commencent à la torturer en utilisant ses peurs profondes. Comme moi, elle a peur des araignées et je me suis contentée de fermer les yeux pendant les scènes de torture  (je supporte beaucoup de choses au cinéma mais pas les araignées). Bon, en dehors de ça, ça tourne assez vite à la série Z avec des explications tordues et des effets un peu nazes bien que l'actrice principale soit assez sympathique. 

On aurait pu encore retourner à l'espace Lac pour participer à la Nuit : Terra Formars et The Lure, ça avait l'air bien sympa. Mais bon, il est déjà plus de minuit et après 5 films, on commence à fatiguer. Le dimanche matin sonne la fin de notre festival. Le magnifique beau temps de ces derniers jours a laissé la place à une bruine froide. Nous n'allons pas voir le dernier film en compétition présenté ce matin. En effet, nous avons déjà vu le français Grave au PIFF cet automne et c'était très bien ! Une jeune femme végétarienne se découvre un instinct canibale sur fond de bizutage en école vétérinaire. C'est cruel et sanglant sans en rajouter. La jeune actrice donne beaucoup de sensibilité à son personnage qui hésite entre libération de son corps et contrôle de ses pulsions. Le décor de l'école vétérinaire est inquiétant et glauque. C'est agréable de voir une production française de genre de si grande qualité !  Cela m'étonnerait qu'il reparte bredouille ce soir...

À la place de Grave, nous allons donc voir le seul film de la compétition qu'il nous manque encore : Realive. Un jeune homme atteint d'un cancer incurable se fait cryogéniser. Prés d'un siècle plus tard, il est le premier homme à être ressuscité. De ce monde du futur, on ne voit rien et on entend à peine parler. On ne se concentre que sur le mal être du héros qui se sent très seul et a mal partout. Il se plonge dans ses souvenirs qui ressemblent à un album facebook plein de photos de potes qui font des fêtes près de la piscine. Il y avait du potentiel dans l'idée de départ mais le traitement laisse clairement à désirer...

C'est là dessus que se termine le festival pour nous, 16 séances en quelques jours et quelques très belles surprises. Mes favoris pour le palmarès ce soir : The Autopsy of Jane Doe, Grave, et The Girl with all the gifts.

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Gerardmer 2017 - vendredi

On commence notre journée à la MCL avec un classique : L'Enfer des Zombies de Lucio Fulci. Film italien dans la tradition des premiers films gores. C'est assez ridicule : les héroïnes sont montrées nues sous n'importe quel prétexte et prennent des poses pétrifiées quand les zombies viennent les attaquer, le scénario et les dialogues sont assez ineptes. Mais bon, on ne s'ennuie pas et les giclées de sang sauce tomate sont toujours amusantes.

Après ça, nous avons une longue pause déjeuner que nous passons à la Géromoise avec un repas léger à base de fromage fondu. Notre première séance de l'après-midi est à l'espace Lac. Sam was here est une production franco-américaine d'un jeune réalisateur. Filmé en quelques jours sur un tout petit budget, le film tient tout à fait la route  (c'est le cas de le dire). Un homme roule seul dans le désert américain. Représentant de commerce, il ne recontre personne et devient petit à petit la cible d'une vindicte populaire de plus en plus étrange et violente. Une vraie plongée fantastique sans explication vaseuse ni grands effets. Jolie surprise.

Nous aurions pu nous dépêcher et enchaîner immédiatement sur Interchange au Casino. Mais plutôt que de voir un film qui ne nous attire que moyennement, nous décidons de faire une pause. Nous profitons des derniers rayons de soleil en nous promenant sur le lac gelé puis nous nous reposons un peu à l'appartement avant de reprendre les projections.

Notre prochain film est en compétition : Clown, film d'horreur américain assez classique mais plutôt efficace. Un homme enfile un costume de clown pour l'anniversaire de son fils mais se rend bientôt compte qu'il ne peut plus le retirer et qu'il se transforme en être démoniaque.

La vraie bonne surprise de la journée arrive en deuxième partie de soirée. Nous sommes dans la salle du Paradiso avec son bois humide et ses sièges qui grincent  (que devient cette salle entre 2 festivals ? ). Le film The Autopsy of Jane Doe commence. Je dois dire que je l'attendais particulièrement. Le réalisateur nous avait déjà offert Troll Hunter il y a  quelques années, un de mes meilleurs souvenirs du festival dans un genre complètement délirant. Plus du tout de délire avec The Autopsy of Jane Doe, les choses sérieuses commencent. 

Alors que l'intrigue se met en place, je m'imprègne petit à petit de l'ambiance et derrière l'aspect scientifique d'une autopsie commence à pointer l'angoisse de l'indicible. Après une heure de film, je me rends compte que je suis complètement terrorisée. Le réalisateur a su m'emporter dans son monde, me faire croire à son histoire, sans grands effets, sans monstres. Je ne suis pas la seule. La salle est dans un état de tension palpable. Il y a de petits rires nerveux, le mouvement à peine perceptible des couples qui se rapprochent, des mains qui s'accrochent. Les secondes parties de film, plus explicites, sont souvent moins intéressantes . Ici aussi, je préfère la première partie mais cependant mon attention ne flanche absolument pas. Je laisse se dérouler l'horreur qui m'a effrayée avec un certain soulagement. Le film garde beaucoup de retenue, rien ne vient gâcher l'ambiance si subtilement installée. Je sors de là encore troublée, hantée par le film. Voilà du vrai fantastique de qualité, avec la peur au rendez-vous.

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