Défi Voyage autour du monde, Oasis interdites

Defi Voyage autour du monde

J'écris cette note dans le cadre du défi "Voyage autour du monde" proposé par Juna. L'idée est que chacun se voit proposée par son "défieur" une liste de livre autour du voyage ou des pays du monde et doit en lire un et poster son compte rendu sur son blog. J'ai été défié par K-bum et ai choisi de lire Oasis Interdites d'Ella Maillart.

Avec ce livre, je découvre d'abord une femme d'exception : Ella Maillart. Née en 1903 à Genève, elle a passé sa vie à voyager, toujours curieuse du monde. Libre et indépendante, elle ressemble à la femme que j'aurais aimé être si j'avais vécu à cette époque, mais rares ont été les aventurières !

Dans Oasis Interdites, elle raconte la traversée de la Chine qu'elle entreprit avec Peter Flemming en 1935. Peter Flemming est un écrivain et aventurier anglais, c'est le frère de Ian Flemming, l'inventeur de James Bond. Et l'on dit que Ian Flemming s'inspira de son frère pour son personnage ! En résumé, Ella Maillart a traversé la Chine en compagnie de James Bond. Mais comme vous pouvez vous en douter, ce n'est du pas du tout l'archétype de la James Bond Girl (et d'ailleurs, d'après la description d'Ella, je ne trouve pas que Peter ressemble vraiment à James Bond).

Tout au long du livre, j'ai apprécié son écriture légère et pleine d'humour, décrivant le monde qui se découvre à elle. Quel impensable voyage que de traverser la Chine d'est en ouest au milieu des troubles des années 30 ! L'ouest de la Chine est d'ailleurs secoué de révoltes et de guerres internes dont personne ne sait rien et que Pékin ne contrôle pas du tout. Pour atteindre le Turkestan qui est leur but, nos deux voyageurs doivent se dessiner un itinéraire au milieu des désert et hauts plateaux desséchés de l'Asie centrale qu'ils parcourent à dos de chameaux. A chaque étape, la suite du voyage est incertaine, il faut batailler pour obtenir les visas, trouver les bonnes personnes et les bonnes autorisations, et trouver des guides et des bêtes de somme. Et pourtant, les voilà à l'extrémité occidentale de la chine, à Kachgar, traversant l'Himalaya pour rejoindre le Cachemire...

Ella Maillart s'est "baladé" entre la Mongolie intérieure et le Tibet à quelques milliers de kilomètres au sud de là où j'ai moi-même voyagé cet été, en Mongolie extérieure. J'ai pu comparer les coutumes, parfois semblables, mais souvent modifiées par les différences de lieux et d'époques (75 ans séparent nos deux voyages). Mais le mien, tout aventureux qu'il me sembla, n'était rien comparé à ce qu'elle accomplit. Je ne suis qu'une touriste suivant des pistes bien tracées quand elle fut une véritable aventurière qui partait sans savoir où, sans même savoir si elle reviendrait. Son livre m'a fait voyager avec elle, découvrir à nouveau l'Asie centrale qui m'a tant marquée cet été et je le suis reconnaissante de m'avoir permis de faire ce voyage bien assise dans mon canapé à Paris et pas sur un douloureux chameau !

Je remercie Juna d'avoir proposé ce défi et je remercie aussi K-bum de m'avoir fait découvrir ce livre et son auteur improbable !

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Mes lectures irlandaises

Voilà un an 1/2 que je suis rentrée en France mais j'ai eu envie de revenir sur un aspect de mon séjour que je n'avais pas abordé : la littérature. En effet, quand on est plongé comme ça pendant deux ans dans une autre langue / culture / pays et qu'on aime lire comme moi, on fait des découvertes.

D'abord j'ai découvert que les livres en Irlande étaient différents. Bien qu'ayant rapporté, et régulièrement acheté, des livres français, j'ai assez vite pris le parti de lire les livres du pays et de lire en anglais. J'avoue avoir été un peu décontenancée au départ : je ne savais pas quoi acheter, où aller, quoi lire. Je ne trouvais pas d'équivalent de la fnac et toutes les librairies me semblaient chères et étranges. Les auteurs n'étaient pas les mêmes, les livres ne ressemblaient pas à ce qu'on trouve en France. Car oui, les livres anglo-saxons sont différents ! En général, ils sont plus massifs, avec de grosses couvertures épaisses et colorées. Tout semble "flashy" pour un lecteur français.

Sans argent et un peu perdue, je devins l'amie de la bibliothèque. Le lieu lui même mérite description. La bibliothèque Illac est perdue au milieu d'un centre commercial. Pour y aller, il faut prendre un grand escalier qui semble ne mener nulle part. Là, coincée entre les boutiques et le plafond, voilà la bibliothèque. La lumière du jour n'y pénètre qu'à travers une minuscule fenêtre derrière une porte de bureau. Il y fait un peu chaud et moite par manque d'aération. Il y a toujours du monde. Ça pullule d'étrangers venant apprendre l'anglais sur les ordinateurs. C'est d'ailleurs ici que se passaient les échanges linguistiques. Dans le fond, entre les lecteurs livides et les étagères, au milieu du rayon des livres audio, se réunissent tous les mois les membres du book club.

Assis autours d'une table, la vieille bibliothécaire au fort accent irlandais nous amène du thé et des gâteaux. Parmi les membres du clubs, beaucoup d'autres vieilles dames ressemblant à des bibliothécaires, quelques rares hommes, des femmes plus jeunes. Je suis de loin la plus jeune. Mais les conversations sont agréables (et le thé et les gâteaux aussi) et ce système de book club me donne des livres à lire, des idées. Car on ne lit pas les mêmes auteurs en France et en Irlande et on les lit pas au même moment !

La Mandoline du Capitaine Correli de Louis de Bernière

C'est un des premiers livres que j'ai découvert avec le book club. C'est un vrai best seller en Irlande, mais en France, bien qu'il ai été traduit, je n'en ai jamais entendu parlé. Il a été adapté en un mauvais film mais ne vous laissez pas dégouter par la mine larmoyante et fleur bleue de Penelope Cruz : c'est un livre tout à fait agréable et palpitant. Une vraie histoire d'amour et d'aventure sur une petite île grecque pendant la seconde guerre mondiale, sortez vos mouchoirs et attendez-vous à ne plus lâcher votre bouquin.

Au delà du tape à l'œil, c'est un livre vraiment touchant. La description de la guerre, réaliste et dure, m'a beaucoup marquée. Les personnages secondaires sont bien faits, on se laisse happée par l'histoire et on apprend beaucoup de choses sur la Grèce et la seconde guerre mondiale ! Du même auteur, à découvrir aussi : The War of Don Emmanuel's Nether Parts (La guerre des fesses de Don Emmanuel).

The Sacred and Profane love Machine de Iris Murdoch

Une de mes plus belles découvertes book club ! Je me souviens qu'un des principaux problèmes que l'on rencontrait au book club c'était d'obtenir assez livres pour tout le monde. Chaque mois, nous écrivions une longue liste d'ouvrages que nous souhaitions obtenir pour le mois d'après mais la bibliothèque manquait toujours d'exemplaires. Pour Iris Murdoch nous avions été obligé d'étudier chacun un livre différent.

J'avais choisi celui-ci sans doute car il était moins encombrant que les autres (pourtant, je crois bien me rappeler qu'il était très encombrant, pas pratique à lire dans le bus !). J'ai énormément aimé ce livre. J'ai été séduite par le style très sarcastique d'Iris Murdoch, par sa description acerbe de ses personnages, de la société bourgeoises anglaises. L'histoire était très entortillée : un homme qui trompait sa femme, sa femme qui le découvrait, sa maitresse qui avait un fils, le voisin dont la femme était morte et qui aimait la femme, la femme qui voulait élever le fils, ... Mais chaque mot était une petite touche, chaque phrase, une aiguille.

J'aurai bien lu d'autres Iris Murdoch mais la discussion du book club fut assez étrange. En racontant chacun l'histoire de notre livre, nous nous sommes rendus compte que tous les livres racontaient plus ou moins la même chose ! Chaque fois que quelqu'un décrivait un personnage quelqu'un d'autre disait : "Ah, moi aussi, j'ai ce même personnage !", et pareil pour les situations. Comme si l'auteur s'était amusée à prendre différentes données et à les mélanger pour former un livre. Cela prouve qu'Iris Murdoch doit avoir un monde à elle et je prendrai le temps, un jour, de le découvrir.

Le book club pour moi dura environ un an et je fis d'autres lectures. Je fis aussi partager des auteurs qui m'étaient chers comme Haruki Murakami. La seconde année, je ne pouvais plus y aller : ça tombait en même temps que mes cours de dessin. Mais entre temps, je m'étais faite à l'Irlande et à ses livres tape à l'oeil. J'avais plus d'argent et achetais des livres à la belle librairies Chapters qui, contrairement à la bibliothèque, exposait ses ouvrages dans une magnifique baie vitrée. Et puis ma mère s'était chargée de faire des recherches littéraires irlandaises et m'avait offert des livres "on topic"

Les Cendres D'Angela de Frank McCourt

Ça, c'est un peu l'incontournable sur l'Irlande ! L'auteur est irlandais d'origine, immigré aux Etats-Unis et raconte ici son enfance misérable à Limmerick. Je l'ai lu en anglais, peu de temps après mon arrivée (je l'avais emprunté à la bibliothèque).

Tous les irlandais connaissent ce livre et il a eu un succès international (et un film). Bien que très sombre, il est aussi plein d'humour et de tendresse, un très beau livre ! En anglais, on a l'avantage d'avoir l'accent irlandais retranscrit mais évidemment, tout le monde ne peut pas en profiter. Le style très spécial est tout de même bien rendu dans la traduction. Tout est vu par les yeux de l'enfant qui décrit son monde et sa misère. C'est un livre qui permet de comprendre ce que fut l'Irlande et qui aide à connaitre le pays. L'auteur a écrit deux suites toujours autobiographiques. J'ai loupé celui du milieu mais j'ai lu Teacher Man qui m'a beaucoup plu. Si vous êtes un écrivain qui n'avez jamais osé écrire un livre, Frank McCourt vous redonnera peut-être espoir : il n'a commencé à écrire que très tard, après sa retraite de professeur d'anglais ! Avant ça, il enseignait, il n'avait pas le temps...

Note : c'est le livre que j'ai choisi pour le World Boos Challenge pour l'Irlande.

La série policière de Soeur Fidelma de Peter Tremayne

J'ai découvert cette série de romans policiers grâce à ma mère qui m'en a offert des exemplaires à noël. J'ai commencé en français et suis passée à l'anglais quand la traduction ne suivait plus.

Ce fut mon petit plaisir irlandais. J'adorais me plonger dans un de ces romans au point que parfois, je ne faisais plus rien d'autre ! Ça a sauvé l'été 2007, le plus pluvieux de ma vie (l'Irlande n'a pas que du bon). L'auteur n'est pas irlandais et de façon assez étranges, ces romans ne semblent pas très connu en Irlande. Et pourtant ! Tout se passe dans sur l'île des 5 royaumes à l'époque médiévale où l'Irlande était une pionnière en terme de culture et sophistication. Sœur Fidelma, à la fois bonne sœur, avocate et princesse y résout des enquêtes à l'aide de frère Eadulf. On découvre les débats religieux qui faisaient rage, la loi des 5 royaumes, le monde médiéval de l'époque (l'auteur est un historien) et les aventures sont assez palpitantes.

Are you Somebody? et Almost There de Nuala O'Faolain

Encore une découverte de ma mère mais cette fois c'est un vrai best seller en Irlande. L'auteur est une ancienne journaliste qui, un jour, a voulu publier ses chroniques. En avant propos, elle a voulu écrire un peu sur elle. Ce "un peu" s'est transformé en un roman autobiographique d'une telle sincérité qu'il a ému tout un pays. On y retrouve à nouveau l'Irlande, cette fois vu à travers les yeux d'une femme. Car être une femme en Irlande, c'est loin d'être simple, et être une femme irlandaise en dehors de l'Irlande non plus !

Si on veut comprendre ce pays, il faut lire Nuala O'Faolain mais même si on en a rien à faire de l'Irlande, il faut la lire quand même ! Elle écrit simplement, sans prétentions. Son livre semble s'être construit au hasard mais sa vie réussi à toucher chacune d'entre nous qui s'y retrouve quelque part.

Nuala O'Faolain est morte récemment d'un cancer et l'Irlande a pleuré...

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Mes lectures... 2009

Importer mes anciennes notes m'a donné envie de me remettre un peu plus à mon blog. Voici les livres qui m'ont le plus marquée en 2009 :

Un Roman Russe d'Emmanuel Carrère

J'avais déjà lu plusieurs romans d'Emmanuel Carrère, toujours étranges et fascinants. Ici, c'est un récit autobiographique qui m'a surprise par sa franchise et sa justesse. L'auteur n'essaie pas de s'y montrer sous un jour agréable, il a d'ailleurs l'air tout à fait odieux. Il parle de ses angoisses profondes, et relie les évènements de sa vie à son passé Russe, aux secrets de sa famille. En mettant en parallèle son couple naissant et le tournage d'un reportage en Russie, il parvient à apporter une structure, une analyse, un sens à la réalité des faits qu'il raconte : la magie de l'écriture ?

Je ne suis pas toujours fan des écrivains français actuels, j'ai été très déçue par 3 Jours chez ma mère de Weyergans, mais là, je suis conquise. Maintenant, il ne me reste plus qu'à voir le film évoqué par le roman : Retour à Kotelnitch.

La fin des temps de Haruki Murakami

Je considère Haruki Murakami comme l'un des plus grands auteurs actuels, il a été plusieurs fois évoqué pour le prix Nobel de littérature et j'espère qu'il obtiendra.

Souvent les gens parlent de Kafka sur le rivage mais je crois que j'ai préféré La fin des temps. J'ai tout de suite été happée par l'écriture. La première scène décrit sur plusieurs pages un ascenseur de plus en plus en étrange et tout le livre est baigné d'une atmosphère d'absurdité et de poésie. Ce que j'aime chez Murakami, c'est ce mélange d'humour et de nostalgie et je ressens une profondeur et une originalité dans chacune de ses œuvres que je ne retrouve nulle part ailleurs. De ce livre, il me reste des images imprimées dans mon esprit : les licornes, la ville solitaire, la jeune fille en rose, la voix éteinte...

Je viens aussi de terminer Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, une œuvre peut être moins fondamentale mais plus sombre, empreinte d'une tristesse latente et poétique...

Le Seigneur de Bombay de Vikram Chandra

J'ai lu ce livre sur les plages de Crète. Lorsque je levais la tête, j'étais sous le soleil sec de la méditerranée le long de la côte aride, mais dès que je me replongeais dans mon livre, j'étais en Inde dans l'immense Bombay harassée par l'humidité et la pollution.

Car avec ce roman, c'est toute l'Inde que l'on découvre et Bombay en particulier : ses bidons villes, ses rues sales, ses nouveaux immeubles, ses gangs, sa vie... L'histoire est divisée en deux segments parallèles : d'un côté la monté en puissance d'un chef de gang, de l'autre, l'enquête effectuée après sa mort. On voyage donc à travers les époques et les personnages, entre détours et digressions. On met un peu de temps à entrer dans ce roman fleuve, mais une fois qu'on y est on ne plus en sortir : c'est comme un puzzle géant dont les pièces sont délivrées une à une et qui forme dans notre l'esprit l'image de l'Inde actuelle.

Journal d'une Voisine et Si Vieillesse Pouvait de Doris Lessing

J'ai eu envie de découvrir cette auteur britannique qui a obtenu l'année dernière le prix Nobel de littérature.

Les deux livres se suivent et racontent l'histoire de James Sommers comme un journal intime (ils ont d'ailleurs été publié sous ce pseudonyme). Là encore, une très grande finesse dans l'écriture, dans la description des personnages, des situations. Jane Sommers est une femme d'age mûr qui a réussi dans la vie à une époque où être une femme est encore un frein à l'ascension professionnelle. Les romans qui parlent bien de la vieillesse, et surtout de la vieillesse féminine, sont rares et peuvent donc être remarqués. Janes Sommers n'est pas vieille mais elle le devient et dans le premier opus elle se lie d'amitié avec une vieille femme aigrie mais attachante. Aucun nian nian, rassurez vous,  les choses sont décrites ici sans préjugés et stéréotypes d'une façon simple et sincère, comme une question ouverte sur la vie et sur la mort.

La Chambre solitaire de Shin Kyong Suk

Encore un récit autobiographique et une de mes découvertes littéraires de l'année.

L'auteur est connue en Corée et a publié plusieurs romans, mais c'est le premier qui est traduit en français. C'est aussi son premier récit autobiographique. Il a été publié en plusieurs épisodes dans un journal et il se déroule ici page après page comme si, à chaque étape, l'auteur devait puiser plus loin dans sa force pour continuer à écrire. Elle parle du présent comme du passé et l'on ressent toute la douleur que fait naitre en elle le récit de cette période refoulée de sa vie. On découvre aussi la Corée industrielle des années 80, et en arrière plan, la lutte pour la démocratie, les manifestations, les répressions. Ce livre se ressent comme un aveu, comme un appel, comme une douleur qui s'exprime enfin.

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