La montagne et les dunes

Jeudi 29 juillet

Ce matin, c'est Tsenrentogtoch qui vient nous réveiller en entrant inopinément dans notre yourte. Je me lève pour l'empêcher de voler nos affaires posées sur les lits. Il repart comme il est venu. La matinée est ensoleillée et venteuse. Je m'installe pour lire devant la yourte puis nous prenons le petit déjeuner à l'intérieur à cause du vent. Nous quittons ensuite le camp pour aller visiter le monastère. Il se trouve dans la montagne Khogno Khan à moins de 5 minutes en voiture. Nous aurions pu y aller à cheval mais nous ne sommes pas assez expérimentés.

En chemin, nous passons près d'un petit lac entouré de marécages. Aux alentours, paissent les chevaux, chameaux, chèvres, vaches, moutons et yaks. Sur le lac, on voit des canards et des cygnes. D'autres fois, nous avons aussi vu des grues ainsi que de très larges rapaces assez effrayants. Ils tournoient haut dans le ciel et fondent parfois vers la plaine sur ce qui doit être des mulots. On les croise aussi le long de la route nous toisant de leur haute stature. Dans l'herbe, sautent des tas de petites grenouilles, je les trouve très amusantes. Je les préfère largement aux araignées du dernier campement. Le monastère est juste à l'entrée de la montagne. Il est assez récent et a été reconstruit à la place d'un plus ancien détruit par les communistes (il avait déjà été détruit et reconstruit plusieurs fois avant ça). La montagne porte son nom en l'honneur des lamas (les moines, pas les animaux) qui ont été tués ici par les communistes. Plus loin dans la montagne se trouvent les ruines d'un autre monastère. Mais il faudrait marcher deux heures en plein soleil pour l'atteindre et je ne m'en sens pas la force. La montagne est en fait un gros massif rocailleux plein de broussailles. J'ai du mal à croire qu'il y vit des loups et des tas d'autres animaux. D'ailleurs, il y en a aussi dans la steppe : où sont-ils donc le jour ? En revenant à notre campement, nous nous arrêtons au camp de yourtes pour touristes (sorte de grand camping de yourtes) pour prendre une douche. Il y a aussi des vraies toilettes. La douche fait vraiment du bien, c'est la première que nous prenons depuis Oulan Bator, sinon, outre la bassine d'eau, on se se lave aux lingettes. Nous retournons au camp prendre notre repas de midi et là, surprise, nous rencontrons à nouveau le couple de touristes d'hier. Leur guide est une amie de la famille chez qui nous sommes et a voulu s'arrêter. Ils ne restent pas ici et repartent bientôt en direction de Karakorum. Notre agence locale, DMD, est spécialisée dans touristes français, c'est pour ça qu'on en croise tout le temps. Après le déjeuner, nous partons faire une balade à cheval. Sébastien et moi sommes accompagnés d'Erica et du chef de famille qui nous sert de guide. L'idée est d'aller jusqu'au petit lac et de revenir, une heure de balade environ. Je me sens plus à l'aise que la dernière fois. Erica tient la bride de mon cheval depuis le sien pour le forcer à suivre mais au retour, elle me laisse le guider seule. Nous trottons un peu, Seb n'aime pas car ça secoue trop. C'est assez extraordinaire d'être sur un cheval en Mongolie et de regarder les yaks dans la plaine. Avant de revenir au camp, nous repassons par les dunes pour marcher un peu dans le sable avec les chevaux. Après ça, nous sommes fatigués et nous reposons dans la yourte tandis qu'Erica est partie faire des courses à cheval avec la maitresse de maison. Quand elle revient, elle me propose de venir préparer le repas du soir avec elle : elle va nous cuisiner un repas mongol. Je l'aide à préparer la pâte et à couper les légumes. Les familles nomades se passent en général de légumes et se contentent de féculents et de viande. Nous sommes installés dans la yourte de la famille. La maitresse de maison est très jeune (25 ans peut-être). C'est la mère de Tserentogtoch et elle est enceinte d'un second enfant. Monhbat n'est pas son fils, il vient aider la famille pendant l'été avec les chameaux. Il y a aussi une jeune fille qui doit être sa nièce et un bébé, qui est le fils de la voisine. Ce dernier marche déjà mais est plus jeune que Tserentogtoch. Comme les adultes sont occupés et ne peuvent pas toujours le surveiller, ils l'attachent au pilier central de la yourte. De là, il tire tant qu'il peut pour attraper tout ce qui est à la portée de ses petites mains. Sur une petite télé en noir et blanc, passe un feuilleton mongol sous-titré en anglais. Les sous-titres doivent être là pour aider les mongols à acquérir cette langue. Monhbat arrive et est très content de nous voir. Il insiste pour que nous venions avec lui voir le chameau et nous dit que nous pouvons le monter gratuitement. Nous acceptons et montons donc pour la première fois sur le chameau. Ça ressemble assez au dromadaire que j'ai monté il y a maintenant de nombreuses années avec ma mère et ma sœur au Maroc. Pour Sébastien, c'est la première fois. Le chameau se couche sur le sol pour que nous puissions grimper dessus et se relève ensuite. Nous ne faisons que quelques pas (et quelques photos) autour des yourtes. Demain, nous partirons pour une balade plus longue dans les dunes. Nous retournons dans notre yourte pour diner avec Erica. Le plat mongol est très bon : la pâte faite de farine et d'eau a été étalée puis découpée en lamelles pour faire des sortes de pâtes cuites à l'eau avec les légumes et la viande. Ce soir, il fait beaucoup plus frais et nous restons donc dans notre yourte que nous avons soigneusement fermée avec l'aide d'Erica. Le principal problème, ce sont les mouches. Elles ne nous embêtent pas la nuit quand on dort, mais tant que la lumière est allumée, elles nous tournent autour et nous sautent dessus : pas pratique pour lire !!

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Sous la tente

Mercredi 28 juillet

Mardi midi, nous quittons donc notre première famille. Nous partons à pied, le chauffeur nous rattrapera plus tard avec le van. Je n'ai pas encore décrit à quoi ressemblait la steppe concrètement. La terre y est très sèche, sablonneuse et poussiéreuse. Il n'y pousse pas un gazon fourni mais une herbe drue et éparse, épaisse et parfumée. Cela ressemble à du thym. Pourtant Erica me dit qu'elle n'est pas utilisée pour la cuisine. Le parfum de la steppe est un mélange entre cette odeur et l'odeur des animaux. Dans les yourtes, on sent aussi le lait et le fromage.

Nous reprenons le van un peu plus loin. Nous nous arrêtons d'abord dans une première famille qui élève des chevaux. Nous avons vu ce matin le troupeau de chevaux revenir au campement : le spectacle du troupeau qui galope dans la steppe est assez incroyable, je ne pense pas qu'on puisse voir ça à beaucoup d'autres endroits. La famille nous accueille avec de l'aïrag, cette boisson mongole très populaire à base de lait de jument fermentée. Ça pétille un peu et son gout et proche du cidre. Avec, on nous sert des petits fromages secs au gout étrange.

Avec cette famille, nous prenons la mesure du dénuement de nos premiers hôtes. Ici, les yourtes sont beaucoup plus grandes et chaque famille en a plusieurs : au moins deux, une pour vivre et l'autre pour préparer la nourriture. La yourte est aussi plus richement décorée : tapis, ornements. Hier, nous avions remarqué les petits capteurs solaires qui permettent d'obtenir un peu d'électricité. Il y en a aussi un ici (d'ailleurs, il y en a partout) mais il y a aussi une parabole et une petite télé qui diffuse Harry Potter. En parlant de modernité, l'outil qui semble maintenant incontournable est le téléphone portable utilisé par tous. Nous avons même vu la grand-mère avec !

Nous assistons à la traite des chevaux : il faut traire les juments toutes les deux heures ! On amène le poulain près de sa mère pour qu'il amorce la traite, puis on le pousse pour prendre du lait avant de le laisser revenir. En retournant vers la yourte, nous regardons les fromages sécher au soleil. L'homme de ce matin affirme que le soleil est très bon et que pour en profiter il faut retirer ses vêtements et le laisser nous atteindre. Je lui réponds que ma peau n'est pas la sienne, elle est trop blanche et brûle au soleil. Il ne me croit pas vraiment et pense que je ne suis juste pas restée assez longtemps pour être bronzée. Je lui montre alors mon bras et il regarde, circonspect, mes tâches de rousseur. Nous avons vu un petit cheval tacheté tout à l'heure et il me dit que ma peau est comme le cheval !

Nous reprenons le van et rejoignons le campement où nous devons passer la nuit. On nous explique qu'un des hommes a perdu sa femme il y a moins d'une semaine : elle est morte dans un accident de voiture. Sa sœur est arrivée hier soir, elle a déménagé ici avec son troupeau (il lui a fallu plusieurs jours) pour vivre avec lui car il ne pourrait pas s'en sortir seul. Nous nous installons en marge du campement dans la tente pour deux fournie par l'agence et qui est très spacieuse. On nous apporte de l'eau dans un gros broc et des bassines pour nous laver. En maillot de bain sous la tente, je me verse de l'eau sur la tête : quel bonheur que cette fraicheur par la chaleur ambiante ! Il est déjà tard quand nous déjeunons mais je n'ai pas faim : nous avons passé la matinée à boire divers thés et laits dans les yourtes.

Après manger, nous nous promenons dans la steppe avant de faire la sieste dans la tente. Le soleil tape et il n'y a pas d'ombre, la tente est le seul endroit à peu près agréable. Vers 17h, le temps est plus supportable. Je sors et commence une aquarelle. Mais très vite, je suis interrompue car nous rencontrons les autres touristes qui sont installés ici avec leur guide. Les touristes sont français et la guide francophone. Elle a appris le français à l'université et travaille dans le tourisme depuis. Le couple de touristes vient de Tours, ils sont proches de la retraite et adorent voyager. Ils ont visité de nombreux pays : on dirait nous dans quelques années. On passe la fin de l'après midi à discuter avec eux. Puis les guides nous installent le repas et nous mangeons ensemble. J'arrive à terminer mon aquarelle tout en discutant. Les mongols, curieux, viennent regarder derrière mon épaule.

Nous nous couchons après la traite des vaches et le retour des troupeaux. La tente est confortable et nous dormons très bien malgré la pluie. Les guides et les chauffeurs avaient voulu dormir à la belle étoile : ils ont dû retourner dans les voitures et n'ont pas passé une très bonne nuit. Au petit déjeuner, nous goûtons le délicieux  yaourt préparé  avec le lait de chèvre. Pour mettre sur notre pain, nous avons aussi la crème de lait, très épaisse, obtenue à partir du lait de vache en le faisant bouillir. Nous avons beaucoup de route aujourd'hui donc nous préparons rapidement nos affaires et rangeons la tente. Mon plus gros problème dans ce camp sont les araignées : il y en a plein de petites qui courent partout sur la tente, ça m'effraie beaucoup (heureusement, il y a la moustiquaire et les araignées sont donc à l'extérieur). Ça pose plus  de problèmes quand il s'agit d'aller aux toilettes. Les toilettes ici sont un trou dans le sol dans une petite tente en toile. Des tas d'araignées se cachent dans la toile et m'attaquent. Je sors les fesses à l'air en criant, mais heureusement personne ne me voit car je suis un peu loin du campement. Je crois que je préférais le campement d'hier où il n'y avait pas de toilettes et où l'on pouvait choisir un endroit sans araignées.

Nous quittons donc la famille. En partant, nous laissons des cahiers et crayons de couleur pour les enfants. En échange, la dame nous offre des petits fromages secs. Ça se conserve, nous pourrons les ramener en France pour faire partager cette étrange expérience culinaire. Nous devons faire 250km aujourd'hui, nous passons donc une bonne partie de la journée dans la voiture. Le voyage se passe bien, après une partie piste, nous rejoignons une route asphaltée qui nous mène jusqu'à notre destination (nous sommes sur un grand axe).

Quelques évènements ponctuent le voyage. La voiture a un problème et nous nous arrêtons une demi-heure sur le bord de la route (ce qui m'a permis d'écrire la première partie de cette note). Ce genre de choses ne m'effraient pas du tout, je fais complètement confiance au chauffeur qui connait très bien sa voiture et a un sens pratique à toute épreuve. Plus tard, nous nous arrêtons manger dans un restaurant car nous avons perdu du temps. Un restaurant au milieu de la steppe ! Mais oui ! Voir cette grande bâtisse en brique au milieu de nulle part est assez étrange et encore plus quand on nous y sert un steak à cheval. Nous passons à côté de petites villes et de zones agricoles mais la plupart du temps, nous roulons au milieu de grandes plaines entourées de collines et où courent des troupeaux. Elles prennent de belles couleurs bleues et jaunes sous le soleil. Nous rencontrons notre premier yak, d'après notre chauffeur, nous en verrons d'autres : "Après demain, encore, boucoup yaks". Seb se fait piquer par une abeille, c'est la première que nous voyons ici, il pense donc qu'elle est venue exprès pour l'attaquer.

Ce soir, nous arrêtons dans un lieu assez touristique où nous passerons trois nuits. Nous sommes juste à côté de belles dunes de sable qui attirent les foules. Nos hôtes ont une yourte spéciale pour les touristes, très confortable. Le tourisme semble leur principale source de revenu, ils ont un troupeau de vaches et ils vendent le lait aux campements de touristes. Ils ont aussi des chevaux et des chameaux qu'ils louent pour des balades et pour lesquels ils servent de guide.

Alors que j'écris, un petit garçon est assis à côté de moi. Son nom est Monhbat. Il va à l'école pendant l'année et apprend l'anglais. L'été, il sert de guide aux touristes pour les balades en chameaux. Un autre petit veut jouer avec l'ordinateur, il tape dessus et quand on l'en empêche il pleure. Il s'appelle Tserentogtoch : un nom qui semble guerrier et très approprié ! C'est Monhbat qui m'a épelé les noms sur l'ordinateur. Tserentogtoch doit avoir 4 ans, il a les cheveux long car sa cérémonie de baptême lors de laquelle on lui coupera les cheveux n'a pas encore eu lieu. Il est très indiscipliné, court partout, attrape tout ce qu'il peut. J'ai montré à Monhbat quelques photos sur l'ordinateur mais je n'avais rien de bien intéressant. Plus tard, je lui ai offert des cahiers et crayons de couleur, il a eu l'air d'apprécier. Sébastien et moi sommes maintenant ses grands amis.

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Première nuit sous la yourte

Mardi 27 juillet

Lundi soir, nous ne mangeons pas avec la famille comme je l'avais pensé. D'après le chauffeur, leur repas ne conviendrait pas à nos fragiles estomac d'européens. Comme je l'ai dit, c'est une famille assez pauvre, ils n'ont sans doute pas de mets très raffinés à nous proposer. Il n'y a que deux yourtes, dans la première vivent un couple, la grand mère et leurs deux fils. Dans la seconde vit le jeune frère du mari avec sa femme et ses filles. Après le repas, nous assistons au retour des bêtes : chèvres et moutons. Il faut rentrer certaines chèvres dans un enclos pour la traite qui aura lieu demain et attraper les petits chevreaux au passage. Nous passons la fin de la soirée à jouer avec plusieurs membre de la famille. Avec l'aide d'Erica, ils nous ont appris un jeu à base d'osselets de moutons. C'est un mélange entre dès et billes : on doit faire se toucher des osselets qui sont tombés sur la même face. Nous avons bien compris le principe et pouvons participer pleinement au jeu.

Le soir, nous dormons dans la yourte avec Erica tandis que la famille dort à la belle étoile. Ils auraient pu aller dans l'autre yourte (un peu petite pour tout ce monde) mais apprécient de dormir dehors dans la nuit très douce. Nous avons un peu l'impression de les jeter hors de chez eux mais ils sont en fait contents de pouvoir nous accueillir. J'ai l'impression que l'excitation de nous avoir parmi eux les a fait veiller plus tard que d'habitude. Baira, le chauffeur, est lui parti dormir ailleurs avec la voiture. Le lit est sommaire, dans mon cas, c'est une sorte de banc en bois sur lequel est posé un fin matelas. Il ne fait pas froid ce soir, le sac de couchage me sert plutôt de lit que de couverture. Nous nous levons tôt le lendemain matin mais la traite est déjà terminée et le troupeau s'en va. Des bébés chèvres sont restés dans l'enclos et crient après leurs mères qui s'en vont. Nous repérons l'une d'entre elles qui suit à contre cœur le troupeau, se retournant régulièrement pour appeler ses petits. Voilà l'heure du petit déjeuner,  la mère de famille nous sert du  thé au lait avec des gâteaux. Puis, nous nous décidons à essayer de monter à cheval. La famille possède un petit troupeaux de chevaux mais nous ne les avons pas vu. Un seul est resté là qui leur sert à s'occuper des chèvres et des moutons. C'est sur celui là que nous montons tour à tour aidés par Erica et le chef de famille. Ils savent que nous n'avons pas l'habitude et sont très prudents. Notre chauffeur est revenu, accompagné d'un autre homme. Il nous sert un nouveau petit déjeuner pour compléter celui assez léger que nous avons pris tout à l'heure. L'homme est très bavard, c'est lui qui connait l'agence avec elle laquelle vous voyageons. Nous aurions dû aller dans son camp à lui mais il a déjà touristes. Il nous montre une petite bouteille en pierre polie qui contient une sorte de tabac. La coutume veut que l'on se passe cette bouteille pour y renifler le tabac. Nous avons un peu de mal à comprendre la procédure mais bientôt le rituel se propage à toute la famille. Avec Erica comme interprète, nous pouvons discuter avec tout le monde. Nous apprenons ainsi que la vieille grand-mère a eu 12 enfants et a reçu deux médailles "de mère" du temps communiste. Pour une femme de cet age et qui a eu tant d'enfants, elle est encore assez en forme et apprécie beaucoup notre présence. La famille insiste pour que nous essayions  les vêtements traditionnels mongols. Eux, les porte assez régulièrement, ils les avaient hier pour nous accueillir. Les femmes sont obligée de desserrer la ceinture au maximum pour qu'elle puisse faire le tour de ma taille : elles sont toutes plus petites et plus fluettes que moi. Seb aussi est plus costaud que la moyenne et dans son grand manteau bleu, ils l'appellent "sumo". Nous faisons plusieurs photos et rions beaucoup. Il a été décidé que nous irons passer la prochaine nuit chez une autre famille : celle de l'homme qui est venu avec le chauffeur. Comme il y a déjà des touristes dans la yourtes, nous planterons notre tente. Nous devons donc ranger nos affaires. Alors que nous sommes dans la yourte à terminer nos sacs, l'homme de ce matin effectue un rite sur la grand-mère. Elle est un peu malade et il essaie de nettoyer son aura et ses chakras pour lui rendre la santé. Pendant que je range mes affaires, la petite fille m'observe avec curiosité. Tout à l'heure, Erica m'a traduit ce qu'elle me disait : "Pourquoi parles-tu comme ça ? On ne comprend pas ce que tu dis ! Comment fais-tu pour parler si personne ne te comprends ?". Elle a été un peu timide au début mais est en fait assez casse cou. Le chat de la maison lui sert de poupée, elle le porte partout, le retourne, lui parle. L'animal est très complaisant et se plaint juste de temps en temps par quelques miaulements. La petite fille a vu les cadeaux que je préparais et regarde avec envie les crayons de couleurs et les fruits secs. Elle me parle mais, évidemment, je ne comprend pas. Nous quittons la famille avec beaucoup d'émotion. La grand-mère nous embrasse plusieurs fois et pleure même un peu, à la fois de joie de nous avoir accueillis et de tristesse de nous voir partir. Pour nous aussi l'émotion est au rendez vous : pour deux citadins européens comme nous, quelle rencontre improbable que cette vieille femme qui a passé sa vie dans la steppe. Nous étions les premiers touristes que cette familles recevaient et ils étaient les premiers nomades que nous rencontrions, nous garderons tous ce souvenir en mémoire. Plus tard, la grand-mère demandera à l'homme de l'agence de lui ramener d'autres "jeunes touristes étrangers" comme nous.

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