Gerardmer 2017 - vendredi

On commence notre journée à la MCL avec un classique : L'Enfer des Zombies de Lucio Fulci. Film italien dans la tradition des premiers films gores. C'est assez ridicule : les héroïnes sont montrées nues sous n'importe quel prétexte et prennent des poses pétrifiées quand les zombies viennent les attaquer, le scénario et les dialogues sont assez ineptes. Mais bon, on ne s'ennuie pas et les giclées de sang sauce tomate sont toujours amusantes.

Après ça, nous avons une longue pause déjeuner que nous passons à la Géromoise avec un repas léger à base de fromage fondu. Notre première séance de l'après-midi est à l'espace Lac. Sam was here est une production franco-américaine d'un jeune réalisateur. Filmé en quelques jours sur un tout petit budget, le film tient tout à fait la route  (c'est le cas de le dire). Un homme roule seul dans le désert américain. Représentant de commerce, il ne recontre personne et devient petit à petit la cible d'une vindicte populaire de plus en plus étrange et violente. Une vraie plongée fantastique sans explication vaseuse ni grands effets. Jolie surprise.

Nous aurions pu nous dépêcher et enchaîner immédiatement sur Interchange au Casino. Mais plutôt que de voir un film qui ne nous attire que moyennement, nous décidons de faire une pause. Nous profitons des derniers rayons de soleil en nous promenant sur le lac gelé puis nous nous reposons un peu à l'appartement avant de reprendre les projections.

Notre prochain film est en compétition : Clown, film d'horreur américain assez classique mais plutôt efficace. Un homme enfile un costume de clown pour l'anniversaire de son fils mais se rend bientôt compte qu'il ne peut plus le retirer et qu'il se transforme en être démoniaque.

La vraie bonne surprise de la journée arrive en deuxième partie de soirée. Nous sommes dans la salle du Paradiso avec son bois humide et ses sièges qui grincent  (que devient cette salle entre 2 festivals ? ). Le film The Autopsy of Jane Doe commence. Je dois dire que je l'attendais particulièrement. Le réalisateur nous avait déjà offert Troll Hunter il y a  quelques années, un de mes meilleurs souvenirs du festival dans un genre complètement délirant. Plus du tout de délire avec The Autopsy of Jane Doe, les choses sérieuses commencent. 

Alors que l'intrigue se met en place, je m'imprègne petit à petit de l'ambiance et derrière l'aspect scientifique d'une autopsie commence à pointer l'angoisse de l'indicible. Après une heure de film, je me rends compte que je suis complètement terrorisée. Le réalisateur a su m'emporter dans son monde, me faire croire à son histoire, sans grands effets, sans monstres. Je ne suis pas la seule. La salle est dans un état de tension palpable. Il y a de petits rires nerveux, le mouvement à peine perceptible des couples qui se rapprochent, des mains qui s'accrochent. Les secondes parties de film, plus explicites, sont souvent moins intéressantes . Ici aussi, je préfère la première partie mais cependant mon attention ne flanche absolument pas. Je laisse se dérouler l'horreur qui m'a effrayée avec un certain soulagement. Le film garde beaucoup de retenue, rien ne vient gâcher l'ambiance si subtilement installée. Je sors de là encore troublée, hantée par le film. Voilà du vrai fantastique de qualité, avec la peur au rendez-vous.

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Gerardmer 2017 - mercredi - jeudi

Nous arrivons le mercredi soir dans la petite ville recouverte de neige. Le lac gelé brille dans la nuit et nous attendons patiemment la séance de 20h au casino. Pour une fois, nous  sommes arrivés assez tôt pour récupérer nos pass avant la fermeture. Notre planning des 4 prochains jours est bouclé avec 16 séances réservées. Celle de ce soir n'en fait pas partie mais nous sommes confiants. Nous devons patienter dans le temps glacial avec les "sans réservations" tandis qu'avance la file des chanceux qui ont obtenu une place en ligne. Mais bientôt, nous pouvons nous réchauffer à l'intérieur et nous installer confortablement pour le premier film de ce festival.

Nous découvrons en avant première Split de M. Night Shyamalan. Depuis l'inoubliable 6ème Sens, ce réalisateur m'a surtout habituée à des déceptions. On annonçait son grand retour avec ce film mais je n'ai pas été convaincue. Le scénario est construit autour d'un personnage central souffrant de multiples personnalités  (23 voire 24). Malgré les simagrées plutôt convaincantes de l'acteur, je trouve que l'histoire reste très en surface, balayant les clichés avec un manque constant d'originalité. La réalisation lisse me laisse froide. Je sors de la salle légèrement ennuyée...

Le lendemain, le soleil brille sur le manteau blanc qui recouvre les abords du lac. Nous retournons au Casino pour un film hors compétition : Prevenge. La réalisatrice britannique est aussi l'actrice principale. Elle a été la scénariste de Touristes, un film assez cruel qui m'avait beaucoup plu. Ici, elle se filme enceinte prenant le rôle d'une future mère qui suit la voix assassine de son bébé à naître et part ainsi massacrer tout un tas de gens. Le personnage décalé, pas adapté, perdu entre sa solitude et ses fantasmes de toute puissance me rappelle ce qui m'avait plu dans Touristes. Les dialogues et le jeu montrent une belle finesse teintée d'humour noir. Il manque peut-être un certain rythme mais je sors largement séduite !

Nous avons le temps de repasser déjeuner chez nous puis direction la MCL pour voir Charisma présenté dans le cadre de la rétrospective Kiyoshi Kurosawa, auteur du magnifique Séance. Je suis certes un peu fatiguée et ai parfois du mal à me concentrer mais il faut dire aussi que le film n'est pas très clair... Il y a un héros perdu dans une forêt et tout un tas d'autres gens dont je comprends mal les motivations. Le tout ressemble à un étrange rêve avec un arbre sacré et d'obscures dialogues. Nous sortons de là un peu sonnés sans avoir compris grand chose...

Le film suivant est notre première séance à l'espace lac. On l'appelle Jeeg Robot est un film en compétition italien. Un petit malfrat se retrouve doté d'une force surnaturelle et poussé à devenir un super-héro de manga par une jeune femme un peu folle. Personnellement, je suis séduite par ce anti-héro taciturne et le couple étrange qu'il forme avec la jeune femme. Bien sûr, le scénario reste assez prévisible et tout est un peu trop attendu mais c'est une séance agréable.

Puis nous voilà en salle pour Orgueil et Préjugés et Zombies. Concept intéressant qui a d'abord été un livre  (que, malheureusement, je n'ai jamais lu). Évidemment, le livre comme le film s'adressent à un public restreint car il faut aimer à la fois l'oeuvre de Jane Austen et les Zombies : c'est mon cas ! L'histoire est exactement celle de l'oeuvre originale et de nombreux dialogues sont d'ailleurs directement tirés du roman. Sauf qu'évidement, l'Angleterre du XVIIIeme siècle a été envahie par des hordes de zombies ce qui influe parfois sur l'action principale. Sans se prendre trop au sérieux, le film joue bien du mélange des genres tout en continuant à raconter très fidèlement Orgueil et Préjugés. D'ailleurs il s'inspire directement de l'adaptation de la BBC en la moquant un peu : les soeurs Bennet contre les zombies ! 

On termine la soirée avec Viral, film hors compétition américain dont on n'attendait pas grand chose mais qui reste agréable à regarder pour les amateurs de genre que nous sommes. Deux jeunes filles se retrouvent coincées seules chez elles alors qu'une épidémie étrange ravage le pays. La maladie est assez originale et peu ragoûtante : à base de vers dégoûtants et de crachats sanglants avec un peu d'agressivité piquée aux genre Zombies. Le film est assez prévisible et tombe parfois légèrement dans le mièvre mais les amourettes adolescentes sur fond de fin du monde sont toujours mignonnes...

Et voilà, 6 films pour commencer ce festival, on attend la suite ! 

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Festival de Gerardmer - Dimanche et palmarès

Nous commençons notre dernière journée par la séance de courts métrages en compétition. Les cinq films présentés sont tous de qualité ce qui est bien agréable. Le tout premier, Juliet, est une vraie perle. Il nous décrit avec humour  un monde où l'on remplace petit à petit les êtres chers par des robots (partenaire amoureux ou sexuel, enfant, parent). Bien monté, c'est un mélange savant de flashs télévisés, de publicités et de situations particulières : la file d'hommes qui attend la sortie de la nouvelle Juliet comme si c'était un iphone, le passage rapide d'un homme qui demande le droit d'épouser sa poupée Romeo, ou une dame âgée qui la présente à ses copines. Cinglant et maîtrisé, pour moi, il mérite de gagner. L'autre que je retiendrai est L'Ours Noir : délire complet sur un groupe de touristes belges en vacances au Canada, librement inspiré des règles de sécurité d'un parc national québécois. Fou rire assuré.

Puis voilà l'heure de notre dernière séance : le film danois en compétition What we become. Peu de choses à dire sur ce film. Pour ceux qui ont vu Fear the walking dead, c'est un peu la même chose mais en mieux  (parce que bon, Fear the walking dead, c'est pas génial quand même). Disons que dans le film danois, les personnages sont assez bien faits pour qu'on n'ait pas envie de les tuer nous même. Donc voilà, c'est un film de zombie plutôt bien fichu mais qui n'invente rien !

Et voilà venu le moment de quitter Gerardmer, le festival est terminé après 18 séances ! Comme d'habitude, nous suivons le palmarès à distance depuis Twitter dans la voiture. Cette année, il est difficile de faire des pronostics : les films sont en général assez bons sans qu'aucun ne se détache vraiment. Par ailleurs, le président du jury est Claude Lelouche qui n'est pas vraiment un réalisateur de films de genre. Et plusieurs membres du jury ont avoué ne pas aimer les films fantastiques !! On se demande un peu ce qu'ils font là...

Le prix du court métrage est attribué à Quenottes. Sans être mauvais, je le trouvais beaucoup moins bon que Juliet. Le prix du jury jeune va à Southbound, le prix SciFi à The Witch, le prix de la critique à Évolution et le prix du public à The Devil's Candy (qui gagne aussi à raison le prix de la meilleure musique) : que des films différents et rien qui ne m'étonne vraiment. Enfin le jury remet ses prix : prix spécial ex aequo à Évolution et Jeruzalem et Grand Prix à Bone Tomahawk. Et voilà encore 2 nouveaux films primés. Comme je le prévoyais, pas de grands gagnants. Les films avaient du mal à se démarquer, ça dépendait beaucoup de la sensibilité de chacun. Je suis évidemment un peu déçue du Grand Prix : Bone Tomahawk n'étant vraiment pas mon favori. Mais bon, il avait plu à d'autres et comme tout le monde (6 films sur 10) a reçu une récompense, finalement le palmarès reflète assez bien le ressenti du festival !

À l'année prochaine ?

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