Gerardmer 2013 jour 1

Nous commençons le festival le jeudi matin avec une séance au Casino : The Complex d'Hideo Nakata. Il est passé la veille au soir lors de la séance d'ouverture à laquelle nous n'avons pas assisté. Si Hideo Nakata avait révolutionné le genre avec The Ring et Dark Water, il ne révolutionne pas grand chose avec ce film là. Le film est correct dans la forme et plutôt bien réalisé mais les histoires de fantômes japonais sont un peu répétitives et ici il n'apporte rien de nouveau. Les personnages manquent de profondeur, l'histoire est tarabiscotée et prévisible, il y plein de fantômes partout et de secrets révélés toutes les demi-heures. Un film qui sera vite oublié, mélangé dans ma mémoire avec tant d'autres bien peu mémorables.

Le film suivant, hors compétition à l'espace lac n'est pas non plus inoubliable. La Maison du bout de la rue se laisse regarder mais sans plus. Au final, ça ressemble plus à un film pour adolescent. Le seul intérêt vient de l'actrice principale, Jennifer Lawrence de Hunger Games, qui arrive à donner à son personnage un peu de caractère.

Nous enchainons dans le même cinéma avec un nouveau film en compétition, Remington and the curse of the Zombadings qui nous vient des Philippines. Celui là a au moins le goût d'être original. On ne sait trop quoi en penser, maladroit et presque amateur, il arrive tout de même à communiquer sa folie délirante : le personnage principal a été touché d'un sort qui le rend homosexuel. Tout est à l'image de ce résumé, délirant et improbable.

Pour rentrer dans la séance suivante, il faut attendre une heure sous la pluie. Comme beaucoup, j'aurai préféré de la neige mais on ne choisit pas sa météo. C'est donc bien trempé que nous rentrons à nouveau à l'Espace Lac pour voir le troisième film en compétition de la journée. Avant ça un hommage au réalisateur mexicain Taboada (inconnu de moi et pas seulement de moi) qui donne très envie de découvrir son oeuvre. Mais le film que l'on voit maintenant est The Bay. C'est ce qu'on appelle un "found footage", c'est à dire une fiction présentée comme un fait réel à travers des caméras faussement amateur. Le film décrit une catastrophe naturelle / écologique qui touche une petite ville et décime ses habitants (à travers l'eau de la baie). Se voulant très réaliste, il souffre de quelques manques de crédibilités, mais tient bien ses promesses. L'apparition soudaine de la maladie, la tension qui monte dans la ville qui bientôt se transforme en ville fantôme. On en sort avec des démangeaisons (les gens ont des gros boutons rouges pas beaux du tout) et on lance un regard torve à l'innocent lac de Gerardmer aux eaux troubles.

Nous avons de le temps de repasse à l'appart très rapidement avant de retourner à l'espace lac pour le dernier film. Nous avons laissé nos vêtements mouillés et pris une soupe chaude, cela va mieux. Nous assistons à une projection rétrospective de Taboada. L'espace lac parrait vide car les festivaliers ne pressent pas pour voir des films des années 60. Mais ils ont tort ! Le film en question est Hast el viento tiene miedo. même le vent a peur. Un huis clos dans un pensionat de jeune fille filmé avec intelligence, une ambiance poétique et angoissante. Les scènes où les jeunes pensionnaires marchent dans la nuit balayée par le vent rappellent Argento (la musique psychadélique en moins), un vrai film fantastique à l'ancienne et une jolie découverte.

C'est fini pour la première journée, mon esprit est assez encombré et j'ai du mal à dormir mais le programme est encore long !

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Etrange Festival - La Garce

Début septembre, c'est la rentrée et c'est aussi le moment d'aller à l'Etrange Festival ! Evidemment, nous ne pouvons pas y passer nos journées alors nous nous contentons de quelques séances le week-end... Dimanche, nous voulions voir La Garce et Dead Sushis. La seconde séance étant complète (pas de sushis zombies pour aujourd’hui), nous nous contentons du premier film.

Je découvre Bette Davis que je ne connaissais que de nom et ce magnifique film de 1949. A lire les critiques, j'avais peur de voir quelque chose de daté, surjoué... Rien de tout cela, j'ai été très agréablement surprise. C'est un film grinçant plein d'humour noir et de répliques bien senties. Bette Davis y est sublime en "méchante", personnage féminin hors norme. Si le film se cache derrière une morale qui condamne son héroïne, elle reste celle qui captive, qui fascine. Elle pourrait rappeler Scarlett en plus cruelle encore. Sa cruauté semble naitre de son enlisement dans une ville de province à laquelle elle voudrait échapper. La médiocrité de cette vie qu'on lui propose n'est jamais démentie par le film, à peine quelques "gentils" personnages la remettent en question. La force du film vient au contraire de l'énergie qui anime cette femme dans sa lutte pour s'enfuir, pour survivre. Un film en avance sur son temps, qui me semble tout à fait d’actualité encore aujourd'hui. Les traducteurs de l'époque, sans doute effrayés par l’ambiguïté du scénario, ont choisi un titre français très subjectif. De "Beyond the forrest", titre neutre  et qui semble se placer du point de vue de Bette Davis, on passe à "La Garce", couperet moral comme pour nous prévenir du danger !

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Films janvier - février

En Janvier et Février, en plus des 16 films vus à Gerardmer, nous avons vus 7 films.

Une Nuit de Philippe Lefebvre

Mon opinion reste un peu mitigée pour ce petit film français. D'un côté, de très bons acteurs, en particulier Roschdy Zem, et une ambiance nocturne très bien rendue. Ce monde des boites de nuits, des bars, des rues parisiennes m'a plu. Tout comme les personnages secondaires, éphémères, comme éclairés juste un instant par un lampadaire. Cependant, le scénario ne tient pas assez debout, la fin est trop prévisible et teinte le tout d'incohérences assez difficiles à gober...

 

  Take Shelter de Jeff Nichols

J'avais entendu parlé de ce film lors de l'étrange festival mais n'avais pas pu le voir au moment. C'est un magnifique film sur la folie, le personnage central est à la fois touchant et effrayant. Pris par des cauchemars horribles, il sombre dans l'obsession d'une catastrophe qui va l'engloutir lui et sa famille. On ressent toute la complexité de son état, il a conscience qu'il perd pied mais ne peut se raisonner. Il achète en même temps un livre sur la maladie mentale et un autre sur la construction d'abris. Les acteurs sont très bons, les images magnifiques, à recommander. Sans compter que l'obsession du personnage fait écho à celle de toute une société et aux névroses de chacun d'entre nous.

Millenium de David Finsher

J'ai lu le premier tome du roman (et je lirai sans doute les deux autres dès que j'en aurai l'occasion) mais avais été assez déçue par l'adaptation suédoise, trop plate à mon goût. J'attendais donc avec impatience cette nouvelle adaptation de David Finsher. On peut dire que la qualité est au rendez-vous, le réalisateur a su rendre l'ambiance que j'ai tant aimée dans le livre : les paysages froids, oppressants de cette petite île suédoise. Niveau scénario, on reste très près du roman ce qui n’est pas pour me déplaire. Les acteurs sont à la hauteur, Lisbeth en particulier jouée par Rooney Mara. L'actrice suédoise avait déjà réussi à rendre toute la complexité du personnage et Rooney Mara s'en tire tout aussi bien. C'est surtout Mikael qui m'avait déçue dans l'adaptation suédoise, complètement amorphe. Ici Danier Craig lui donne beaucoup plus de caractère sans en faire un James Bond super héros. On ne peur reprocher à ce film que les défauts qu'on trouve déjà dans le livre : une fin un peu trop rocambolesque (qui n'a pas été exagérée par le passage à Hollywood), une histoire un peu tirée par les cheveux.

The Descendants d'Alexander Payne

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre et ce fut une très bonne surprise. Il est rare qu'un film fasse passer si naturellement du rire aux larmes, et c'est le cas ici ! Le sujet est grave mais le ton reste toujours décalé sans être indécent : parfois l'humour dit plus de vérité qu'un pathétique appuyé. Les personnages secondaires sont particulièrement bien pensés. Sans compter que ce film a l'originalité de nous faire découvrir Hawaï autrement que sur une brochure d'agence de voyage. Les îles et leurs habitants sont montrés par petite touche dans leur variété et mixité. En voyant ce film, j'arrive à ressentir les tropiques non comme on nous les vend, mais comme ils sont avec les feuilles et les fruits tombés sur les trottoirs, l'humidité de l'air, la lourdeur du ciel, la chaleur.  J'aime ces films qui sans être des documentaires, se placent résolument dans un lieu et une époque, nous raconte une histoire et nous raconte un peu le monde.

  Louise Wimmer de Cyril Mennegun

Voici un film social certainement, mais pas cliché ni bien pensant. Louise Wimmer est à la rue, elle se bat contre le monde avec sa voiture qui risque de tomber en panne à chaque instant et cache, trop fière, la précarité de sa situation à tout le monde, même à l'assistante sociale. L'actrice Corinne Masiero arrive à nous rendre le personnage attachant sans pour autant être sympathique. Souriante dans un bar, elle est belle et jeune. Mal attifée dans sa voiture, on voit ses rides, sa fatigue. Elle n'est pas encore out, un lien ténu la relie au reste de la société, mais on sent qu'il peut se briser pour un rien et elle passerait alors définitivement de l'autre côté. Le film a le défaut de son genre, un peu lent, pas beaucoup de scénario, mais aussi les qualités, de bons acteurs, des plans bien choisis, une réalisation soignée. Il a le mérite d'exister et de nous mettre en face d'une réalité.

Chronicle de Josh Trank

Nous n'avons pas vu ce film au dernier festival de Gerardmer mais nous en avons entendu parler ! Le scénario reprend le thème du super-héros mais à contre courant. De jeunes ados se découvrent des supers pouvoirs mais ne savent pas vraiment quoi en faire. On a donc un film pour ado (plutôt bon) sur les doutes et problèmes existentiels de ces trois lycéens mais avec les supers pouvoirs en plus ce qui aide pour devenir la star du lycée. Le film ne reste pas dans le superficiel et aborde la noirceur de façon assez frontale avec des choix de scénario plutôt originaux. La fin m'a tout de même semblé un peu trop facile (et peu trop super-héros) avec plein de boum boum partout, mais on lui pardonne.

 

 

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