Gerardmer, jour 4 et palmarès

Et voilà, le festival est terminé ! Ce matin, nous avons rendu notre petit appartement et sommes allés faire la queue pour Babycall. Le froid s'était abattu sur la ville et de la neige tombait en petit flocon, formant une fine couche blanche de quelques millimètres. Après 3/4 d'h de grelottement, nous entrons enfin dans la salle. C’est le dernier film est compétition et nous essayons une fois de plus de choper Enki Bilal en photo : mais il bouge trop, il est tout le temps flou !! Pour ce qui est du film, ça a été plutôt une bonne surprise. Il a, en effet, beaucoup de qualités et j'ai été prise par l'histoire et le jeu des acteurs. Le trouble du personnage principal est très bien rendu et la réalisation très fine. Cependant, la conclusion m'a semblé improbable : à la fois trop explicative et trop embrouillée. J'ai lu sur un autre blog qu'il aurait fallu quelque chose de plus mystérieux, peut-être simplement pas d'explications du tout ou alors une histoire un peu différente. Enfin, ceux qui auront vu pourront décider, je ne vais rien révéler ici : faites vous votre propre opinion !

Enfin arrive la dernière séance, notre dernier film cette année : Juan of the Dead. Le film est hors compétition, il a déjà été projeté cette nuit mais à une heure à laquelle, même avec la meilleure volonté, nous n'aurions pu voir aucun film. Il vient de Cuba, ce qui est en soi original, et il y a des zombies ce qui le transforme en curiosité. C'est en effet une comédie horrifique très plaisante : le mélange Cuba / Zombie est tout à fait charmant ! J'aime les blagues sur le régime : la télé officielle présente les zombies comme des dissidents envoyés par les Etats-Unis. Le réalisateur se sert des zombies comme autrefois on déplaçait les intrigues dans de lointain pays pour pouvoir railler gentiment le pouvoir en place (le film est-il sorti à Cuba ?). Les personnages sont attachants, hauts en couleur et drôles. Evidemment, le film est un petit budget et souffre parfois de quelques lenteurs et répétitions, mais on lui pardonne facilement.

Après la séance, nous reprenons la route de Paris. La magie d'internet fait que je peux suivre le palmarès et direct sur twitter et j'ai presque l'impression d'être dans la salle ! (surtout que j'ai déjà vu The Divide). Voilà donc ce qu'il en est :

Eva a a gagné le prix du public, ce à quoi on pouvait s'attendre en écoutant les conversations dans les files d'attente : c'est, de loin, celui qui a le plus plu. Ce qui m'étonne, c'est qu'il n'ait pas eu d'autres prix !

Le jury jeune et le jury SiFi ont récompensé La Maison des ombres qui était l'autre favori d'après moi. Il a aussi reçu le prix spécial du jury.

Le Grand prix, celui que tout le monde attend, a été donné à Babycall, une surprise pour moi, je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il puisse gagner. Il a aussi reçu le prix de la presse. Je regrette d'autant plus que le scénario ne soit pas mieux ficelé car il aurait pu être vraiment bien.

Là où je suis encore plus étonnée, c’est quand je vois que Beast a reçu le prix spécial, ex-aequo avec La Maison des Ombres, je ne trouve pas qu'il le méritait.

Enfin, j'ai déjà parlé du prix du court-métrage donné au Cri ce qui a dû abasourdir les spectateurs.

Vous pouvez retrouver le palmarès sur le site de France 3 Lorraine. Je suis un peu déçue que Pastorela n'ait rien eu mais, bien qu'il soit mon coup de coeur, je suis consciente qu'il ne fait pas l'unanimité. Ce qu'on retient cette année, c'est qu'aucun film ne surpassait vraiment les autres, aucun de ceux que j'ai vu n'était vraiment mauvais non plus. Par ailleurs, il y avait aussi de très bons films, attendus ou surprises, dans les "hors compèt" : la section Extrème avec Mother's Day et The Incident, et aussi The Woman, Tucker and Dale, Perfect Sense. Plus ceux que je n'ai pas vu et que je veux voir : Chronicle, New Kids Turbo. Et enfin, les expériences étranges plus ou moins réussies et déjantées mais qu'on ne fait pas ailleurs : Underwater Love, Invasion of Alien bikini, Juan of the Dead ou complètement ratée comme Beyond the black rainbow.

Cette année, le festival a eu du mal à réunir son budget et on a eu des doutes sur sa tenue effective jusque fin décembre ! Qu'en sera-t-il l'année prochaine ? Et l'année d'après ? Gérardmer touche-t-il le bout ? Ils ont essayés de faire des économies cette année, sans renier sur la qualité, j'espère que ça a payé, en tout cas, on a eu un beau festival. Et puis moi même, ma disponibilité n'est pas assurée, 9 ans que je viens mais je ne suis jamais sure de pouvoir revenir... Alors peut-être était-ce le dernier et j'en ai bien profité !

Commentaires

Gerardmer 2012, jour 3

Samedi, nous n'allons pas voir le film en compétition The Cat et lui préférons un autre coréen : Invasion of Alien Bikini, qui semble beaucoup plus original. Il n'est pas parfait et souffre de quelques manques de rythme mais reste bien amusant, délirant comme savent le faire les films asiatiques. Après un sandwich au Neptune, nous nous rendons à la séance de courts-métrages. Comme d'habitude, c'est assez inégal mais sur les 7, 3 retiennent mon attention. Ma préférence va peut-être à Boxed qui sait rendre en peu de temps une ambiance proche des films de Jean-Pierre Jeunet avec un très bon scénario, à la fois poétique et triste. Le très amusant L'attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l'espace est bien fichu : mélange de comédie musicale et vieille série Z américaine, passant de la couleur au noir et blanc, de l'anglais au français, en fonction du genre du film ! Enfin, j'ai trouvé Tommy très poétique et je n'aurais pas été surprise qu'il gagne le prix. Un autre encore pouvait y prétendre :  Le Lac Noir, qui était très beau techniquement mais pas trop mon genre. Il a reçu une mention spéciale tandis que le prix du court-métrage est parti à mon grand étonnement au Cri. Je dis mon grand étonnement car je n'avais pas trouvé le moindre intérêt à ce film : en 20 minutes, je n'avais rien ressenti à part l'ennui et des longueurs dans un court métrage c'est quand même dommage. je n'étais pas la seule à partager cet avis et je pense humblement qu'il reflète celui général de la salle. Le jury n'aura pas été en phase avec le public, nous étions pourtant dans la même salle mais visiblement, nous n'avons pas vu le même film. Ce n'est pas la première année que ça me fait le coup, ce qui prouve que la perception est tout de même quelque chose d'étrange.

Nous n'avons pas pu entrer à la séance suivante et c'est la faute de Lou Doillon. En effet, beaucoup de gens sont partis avant le dernier court-métrage pour s'assurer une place. Nous avons décidé de rester : tout ça pour voir des gros plans de Lou Doillon qui se transforme en sirène, ça ne valait pas le coup ! Nous n'avons pas attendu qu'on nous annonce que la salle était complète : ils comptaient déjà les places et il restait plusieurs dizaines de personnes devant nous. Par ailleurs, nous n'avons pas de regrets car le film présenté, Moth Diaries, passe pour être le plus mauvais de la compétition (mais je n'ai pas pu me faire mon propre avis !). A la place, nous allons voir Beyond the black rainbow, qui avait attisé ma curiosité. Elle a été vite rassasiée, deux heures d'écrans colorés psychédéliques, c'est long.  Le film était déjà assez confus et  pour couronner le tout, il n'y avait pas de sous-titres. Je devais rester concentrée pour décrypter les rares marmonnements du héros. Beaucoup de gens sont partis avant la fin, je suis restée, mais j'étais soulagée que ce soit enfin terminé.

Après cette épreuve, nous nous restaurons à la Géromoise car il serait dommage de quitter Gerardmer sans un bon dîner au fromage fondu. Puis, tranquillement, nous allons voir Perfect Sense. Le film est présenté hors compétition et je ne savais pas quoi en attendre. Ça été une très bonne surprise. Il détonne un peu par rapport aux autres films car il n'y a pas de sang, pas de massacre, mais les festivaliers ont visiblement accroché. Le film est cependant fantastique, il décrit une fin du monde progressive où les humains perdent leurs sens les uns après les autres au cours de ce qui ressemble à des hystéries collectives. Ces moments de tristesse ou joie intense sont particulièrement beaux. Le plus étonnant est que ce film tout en décrivant une fin de l'humanité inéluctable reste au final optimiste. Le message semble être : "c'est la fin du monde, mais ne t'inquiète pas, ça va bien se passer". Un film poétique et doux, avec un sourire triste.

Il est minuit, et nous ne rentrons pas encore chez nous : c'est l'heure de la Nuit. Nous ne resterons pas voir les trois films tenons à voir le premier : Tucker and Dale. Nous ne sommes pas les seuls, et la salle et presque pleine ce qui est rare pour une séance si tardive. Le film tient ses promesses, c'est une comédie gore vraiment hilarante et très bien faite. Des jeunes étudiants sont persuadés qu'ils se font attaqués par des péquenauds et, voulant se défendre, n'arrivent qu'à se massacrer entre eux. Les deux péquenauds inoffensifs  ne comprennent rien et pensent assister à un suicide collectif. Je retrouve un humour noir à la manière de Serial lover en plus gentil. On est content d'avoir veillé même si après 3 jours de films en continu, le sommeil n'est pas très bon et qu'il est difficile de se lever à 8h le lendemain matin : il faut rendre le chalet et aller voir nos derniers films, le festival se termine...

Commentaires

Gerardmer 2012, jour 2

Deuxième jour de festival, nous sommes à l'heure devant l'Espace Lac pour aller voir Hell, film allemand post-apocalyptique. La séance est pleine, nous avons bien fait d'arriver à l'avance, l'heure de pointe du festival est arrivée. Le film est agréable à regarder. Le scénario n'est pas très original mais, au moins, il n'est pas complètement aberrant.Il y a du rythme, et de la poésie dans ce monde brûlé par le soleil. Et puis nous découvrons une première famille de tordus : elle arrive 3ème au classement des "fucked up families" de la journée.

Après la pause déjeuner, notre second film est The Caller, une série B sur les problèmes d'espace temps. Le film est moins mauvais que ce que je craignais, il y a des bonnes idées même si le scénario souffre de problèmes de crédibilité (je veux dire que, même quand on part du principe que le contact avec le passé est possible, le scénario n'est toujours pas très crédible). On se rend ensuite à la MCL pour voir The Woman. Le film est présenté hors compétition car il a déjà été vu dans plusieurs festival, mais pas par nous ! Il traine une bonne réputation et en effet, c'est une jolie claque. Une femme sauvage est enchainée dans la cave d'une famille respectable. La perversité de la famille en question est révélée petit à petit, en particulier le personnage du père, classée 2ème dans mon classement du jour des familles à problèmes. La fin est sanglante comme on l'attendait, ça donne envie de voir les autres films du réalisateurs.

La journée continue à l'Espace Lac. Arrivés à l'avance (avant la sortie de la séance précédente), nous attendons patiemment dans la queue assis sur un petit escalier, sûrs de rentrer. La séance se remplit vite, des pass festivals sont restés sur le carreau. Le film présenté, en compétition, est espagnol : Eva. On se trouve plus du côté de la SF que du fantastique. Tout est très bien maitrisé : l'image, le décor neigeux, les acteurs, le scénario. Une histoire à la fois poétique et étrange, moins gentille qu'il n'y parait. Il a visiblement plu au public : peut-être le grand prix ?

Enfin, on termine la journée avec Mother's Day au cinéma du casino. C'est le second film que nous voyons de la section Extrême et en effet, il mérite le titre. On est dans un genre torture gore qui n'est pas à conseiller à tout le monde. Mais par ailleurs, le film ne fait pas dans la surenchère : l'horreur arrive petit à petit, les personnages et les situations prennent le temps de se développer, on est envouté par l'histoire et la violence qui se dégage de chacun : victime ou bourreau. Le film est un remake et il faudrait donc que je vois l'original, mais même dans cette version récente, on retrouve un peu l'ambiance et l'audace d'un film comme La Dernière maison sur la gauche. Et puis, je peux décerner le premier pris de la famille à celle du film : un personnage de mère très bien fait à la fois perverse et douce, prête à vous massacrer tout en douceur et avec le sourire.

Après une telle journée, difficile de dormir, et on a pourtant besoin de sommeil pour ternir encore deux jours !

Commentaires