Manchester

Le deuxième matin à Bodega Bay, le ciel est clair : pas de brume. Nous pouvons prendre notre petit déjeuner au camping sans frissonner. Puis vient l'heure du premier dé-campement. Je commence à replier matelas et sacs de couchages avant de défaire les 2 tentes. C'est aussi l'occasion de ranger toutes nos affaires et d'affiner l'organisation que nous avions entamées à San Francisco.

À 11h enfin, nous sommes prêts et nous voilà sur la route. Nous longeons de nouveau la côte magnifique découverte la veille et continuons vers le nord. Nous sommes sur la Highway 1, que nous avions déjà prise il y a des années dans sa partie sud entre Los Angeles et San Francisco. C'est une petite route sauvage qui serpente le long des falaises. On ne croise que de minuscules villes.

Sur les conseils de la dame de l'office du tourisme, nous nous arrêtons à Fort Ross. Je pensais que c'était une ville, en fait, c'est un site historique. Le ciel est couvert et il fait froid. Nous pique-niquons sous les nuages en compagnie de jolis oiseaux bleus.

Le soleil arrive alors que nous marchons vers "le fort". Nous découvrons une espèce de camp fortifié en bois posé au sommet d'une petite falaise sur l'océan. À l'intérieur, on trouve plusieurs maisons anciennes avec leur mobilier et quelques explications. Le lieu date de la moitié du XIXème siècle et était occupé par les russes ! En effet, nous découvrons que les russes présents en Alaska avaient colonisé plusieurs points de la côte californienne pour s'approvisionner en céréales et autres vivres. Le fort est armé de deux tourelles pleines de canons à but de défensifs. L'effet dissuasif a dû être efficace car il ne semble pas y avoir eu de batailles. Au final, maintenir ces camps coûtait trop cher et les russes ont fini par tout revendre. On peut visiter la maison du dernier gouverneur qui avait l'air bien désolé de devoir retourner en Alaska. Le site est intéressant et les enfants apprécient la reconstitution historique avec les maisons et les canons. Il y a aussi un magnifique point de vue sur le littoral.

Nous reprenons ensuite la route et continuons vers le nord. Après environ 1h, on se dit qu'il faudrait chercher un camping. Nous n'avons rien réservé pour ce soir et ne savons pas exactement où nous allons nous arrêter. Je repère une adresse intéressante dans un lieu qui s'appelle Manchester et où quelques maisons semblent avoir été déposées. Nous rejoignons le camping et il y a de place pour nous pour les 2 prochaines nuits. Parfait, nous nous installons ici.

C'est un camping privé qui fait partie d'une sorte de chaîne. Il y a quelques emplacements de tentes et surtout beaucoup de caravanes et camping cars ainsi que des petits chalets. La zone des tentes est assez agréable. Nous avons un grand emplacement plein d'herbe dans un large pré. Il y a des jeux pour enfants juste à côté ainsi qu'un terrain de volley avec du sable. Et surtout, près de l'accueil, il y a une piscine et même, un jacuzzi. Quel luxe !

Nous montons rapidement les tentes puis cédons à la tentation et à la demande des enfants. Il ne fait pas très chaud (nous sommes encore près de la côte, il ne fait jamais chaud), mais la piscine est chauffée et agréable. Puis je vais me prélasser dans le jacuzzi interdit aux enfants !

Plus tard, nous profitons des grandes cuisines communes installées au milieu du camping pour nous préparer des pâtes tandis que des groupes de musique jouent un peu plus loin. Il y a aussi un marchand de glace et un grand foyer bien agréable dans la fraîcheur du soir.

Ce soir là, nous sympatisons avec un groupe de cycliste et en particulier une française et un québécois. Elle descend seule en vélo de Seattle à San Diego, soit toute la côte ouest américaine. Elle a rencontré le québécois qui lui s'arrête à San Francisco ainsi que les autres cyclistes sur le chemin. On se croise donc ici : on peut lui parler de San Francisco qu'elle ne connaît pas tandis qu'elle nous décrit la côte au nord que nous allons découvrir.

On les verra encore le lendemain matin avant leur départ où l'enfant par sa maladresse lui casse sa montre ! C'est une montre technologique de sport qu'elle avait mise à recharger et que l'enfant a fait tomber en courant partout comme il le fait tout le temps. La montre reste fonctionnelle mais l'écran est fissuré. À l'heure où j'écris, je suis toujours en contact avec la cycliste et je ne sais pas combien cette mésaventure va nous coûter.

Les nuits sont fraîches mais moins qu'à Bodega Bay, on dort correctement. Nous avons prévu une journée sur place et en dehors du cassage de montre, tout est bien tranquille. Nous passons la matinée à traîner d'abord au petit déjeuner, puis à la piscine, à organiser nos affaires et à faire une lessive.

Ensuite, nous allons déjeuner dans une espèce de petit bouiboui qui sert des burgers frites puis nous roulons jusqu'à une jolie plage qu'on nous a conseillée. Une petite rivière coule dans le sable et les enfants barbotent pendant qu'on regarde l'océan sous le ciel bleu et le vent.

De retour au camping, Seb part courir tandis que nous retournons, encore une fois, à la piscine. On a pris le temps de préparer un peu la suite de notre voyage. Le week-end arrive et les places semblent rares dans la zone assez touristique que nous voulons visiter ensuite. Je découvre que la chaîne qui possède notre camping en a un autre un peu plus loin que notre route et ils ont une nuit de libre : je réserve.

Tout va donc très bien ce soir là jusqu'au moment d'aller se coucher et où Seb me dit "je ne me sens pas très bien, je crois que je suis malade" (à suivre)

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Bodega Bay

Je ne dors pas très bien lors de cette première nuit sous la tente. Déjà, j'ai froid : j'ai bien couvert les enfants mais pas assez moi-même malgré mon pyjama polaire. En plus, le nouveau matelas acheté la veille n'est pas assez épais et j'ai du mal à trouver une position à peu près confortable. Enfin, la nuit se passe tout de même. Vers 6h, l'enfant se réveille un peu affolé mais le compagnon va le chercher et il vient se blottir contre nous dans la grande tente.

Quand nous sortons de la tente, nous découvrons un brouillard épais et glacé, presque de la pluie. Nous décidons de fuir et d'aller prendre un petit déjeuner au chaud quelque part. Le filleul se réveille bientôt lui aussi. Nous enfilons en vitesse quelques vêtements (chauds) sauf l'enfant qui reste en pyjama car il refuse obstinément de s'habiller avant le petit déjeuner. Et nous voilà dans la voiture.

Où aller ? Il est encore tôt et il y a peu de choses ouvertes. On a repéré un café sur la carte mais, pas de chance, il est fermé aujourd'hui. Finalement, on se décide pour une adresse à 20 minutes mais qui semble agréable.

Alors que nous longeons la côte, le soleil commence à percer à travers la brume créant des paysages absolument magnifiques. Sur notre gauche, l'océan Pacifique d'un bleu profond apparaît petit à petit avec son rivage dechiré de rochers, falaises, et vagues écumantes. Sur notre droite, les longues pentes d'herbes jaunes où paissent quelques vaches sont parsemées de bouquets d'arbres plus foncés. Le brouillard glisse comme un nuage sur le paysage.

Puis nous quittons la côte et avançons à travers les collines desséchées en longeant une vallée. Notre objectif se trouve ici, au bord de la rivière. C'est une bakery qui sert des boissons chaudes et des grosses viennoiseries. Ici, aucune brume et il fait une température agréable. On peut s'asseoir à l'arrière sur une jolie terrasse ensoleillée. Les enfants jouent avec l'eau d'une petite fontaine.

Que faire une fois nourris et réchauffés ? Maintenant que nous sommes ici, autant se renseigner. Il y a une sorte de petit office du tourisme et je vais demander des conseils. Une dame très gentille m'accueille et m'apprend que nous sommes tout près du Armstrong Redwoods park où nous pouvons aller nous promener car il y a des balades faciles great for the kids. Elle me dit aussi qu'on peut se baigner dans la rivière ce qui m'intéresse car j'aime beaucoup me baigner et j'aime beaucoup les rivières.

Nous continuons donc vers l'intérieur des terres dans un paysage de plus en plus forestier jusqu'à atteindre le parc. Sur le plan, nous voyons une boucle qui n'a pas l'air trop longue et décidons de la faire. La dame avait parlé d'une promenade plate, très sympa. Assez vite, je me dis qu'on n'a pas choisi le bon parcours car il n'est pas plat du tout. Ça monte, ça monte et ça monte encore. J'aime bien marcher mais je n'aime pas monter. J'aime encore moins quand je m'y suis pas préparée mentalement et que je croyais m'engager sur une balade facile. J'aime encore moins quand il fait trop chaud. Par ailleurs, je me suis habillée ce matin alors qu'il y avait une brume glacée : j'ai mis mon épaisse salopette très utile par ce temps là. Mais maintenant, il fait 30 degrés avec un grand soleil : ma salopette est trop chaude et inconfortable.

Je monte donc en pestant contre l'itinéraire. Les enfants râlent un peu mais avancent plutôt bien. A force de monter encore et encore, on atteint ce qui ressemble à un sommet mais il n'y a aucun point de vue particulier ce qui rend cet effort bien peu gratifiant. On descend ensuite dans une vallée abrupte le long d'un petit chemin à l'ombre des grands arbres. Il faut parfois porter l'enfant ou l'aider dans les passages difficiles. Enfin le chemin longe une sorte de ruisseau presqu'à sec et nous finissons par atteindre un des buts de la balade : un très grand arbre baptisé "Colonel Armstrong".

C'est un redwood, c'est-à-dire un séquoia millénaire comme on trouve beaucoup dans la région. Il fait plus de 4m de diamètre et a, d'après l'affiche, 1400 ans. Son immense tronc est couvert d'une épaisse écorce noueuse se repliant en rides profondes. Son sommet se perd dans le ciel, tout là haut, au milieu des branches.

De là où nous sommes, il est possible de rejoindre le parking par la route et par un petit chemin piéton. Ce n'est pas très loin mais l'enfant en a marre de marcher. Seb décide donc d'aller chercher seul la voiture et repasser nous prendre. Nous n'avons pas à attendre longtemps. Ce morceau de promenade qu'on ne fait finalement pas est exactement celui qui avait été conseillé par la dame : c'était bien plat et facile.

C'est déjà le début de l'après-midi mais nous n'avons pas mangé. Nous rejoignons comme prévu la plage au bore de la rivière. Le soleil tape fort et il fait très chaud. On se cache dans un minuscule coin d'ombre pour grignoter notre pique-nique avant de profiter de l'eau fraîche de la rivière : agréable récompense après l'effort de la matinée.

Plus tard, nous reprenons la route du camping, retrouvant la côte et ses paysages spectaculaires. Nous descendons de la voiture pour passer à la petite boutique de pêcheurs / épicerie où Seb a acheté le scotch la veille. Nous retrouvons alors la fraîcheur ! En effet, sur la côte, il ne fait jamais plus de 15 / 16 degrés mais dès qu'on rentre quelques kilomètres à l'intérieur des terres, on passe à 30 degrés,tout ça sous le même ciel bleu. C'est une météo très particulière et pas toujours très pratique en terme de tenue vestimentaire.

De retour au camping, nous nous promenons un peu le long de la plage qui jouxte les emplacements. C'est une immense bande de sable balayée par le vent. L'océan sublime est calmé par la baie et glisse sur le sable en longues vagues. Mais impossible de se baigner car l'eau est à 11 degrés...

Les enfants courent dans le sable en riant et s'amuse du vent. Mais déjà, il se fait tard et nous rentrons moi manger à la tente. Ce soir encore, nous faisons un feu et l'enfant épuisé s'endort dans mes bras. Ma nuit est plus chaude que la veille : j'ai pris mes précautions avec de grosses chaussettes et une couverture mexicaine épaisse achetée à la boutique tout à l'heure.

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Le départ

Le samedi 22 juillet, je prends le train de Davis jusqu'à San Francisco. Je viens de passer une semaine en conférence dans la petite ville universitaire et je m'apprête à présent à prendre des vacances. Alors que je longe la côte californienne, l'avion qui transporte Sébastien, l'enfant (4 ans) et le filleul (6 ans) atterrit. Nous nous retrouvons bientôt tous les 4 dans le petit appartement que nous louons dans un coin d'Oakland, entre une autoroute et un vendeur de fajitas.

Le dimanche, la famille est encore en décalage horaire et se réveille à 3h du matin. Je dors un peu plus puis nous essayons d'organiser nos 5 valises et autres sacs en vue du voyage à venir. Puis nous prenons le DART et visitons un peu la ville que je connais déjà. Un grand soleil brille mais il fait frais, comme toujours ici. Les enfants rient et courent partout le long du quai entre Embarcadero et le Fisher's Wharf dont nous revenons en cable car. L'après-midi, nous rejoignons un ami à moi dans une banlieue de l'autre côté des collines, là où il fait 30 degrés (ici, la météo est géographique).

Enfin, le lundi c'est le départ. Nous rangeons les bagages pendant que les enfants regardent des dessins animés. Une fois la voiture de location récupérée, nous passons encore plusieurs heures à errer dans la zone commerciale du nord d'Oakland passant de magasins d'équipements de camping, en bazars et supermarchés. Enfin, nous avons à peu près ce qu'il nous faut et pouvons partir pour de bon.

Nous avons réservé nos deux premières nuits à Bodega Bay à environ 1h de route. Nous arrivons vers la fin d'après-midi au State Parc où nous avons réservé. L'emplacement que j'ai choisi un peu au hasard sur le site se trouve tout au bout d'une langue de terre s'avançant sur l'océan, au milieu d'une lande balayée par les vents.

Aucun arbre ne nous protège du vent glacé du Pacifique. Optimistes, nous nous lançons dans le montage de la première tente. Bien vite, les ennuis commencent. Des morceaux s'envolent, impossible de passer les bâtons et d'attacher les différents bouts. Après des efforts titanesque, nous arrivons plus ou moins à accrocher la tente au petit carré de sable. Mais nous ne sommes pas vraiment convaincus du résultat. Elle est toute mal fichue, tordue, et couchée au sol par le vent. On voit mal comment on pourrait dormir à l'intérieur.

Pendant ce temps, les enfants tout heureux courent partout en se roulant dans le sable et en poussant des cris. De temps en temps ils viennent se cacher sous la tente en hurlant à la tempête.

"Tant pis" dis-je à Seb. Ce n'est juste pas possible. Il faut retourner à l'accueil pour demander un autre emplacement et s'il n'y en a pas, on s'en va malgré la réservation pré payée. Il s'en charge pendant que je replie piteusement la tente en prenant garde à ce que rien ne s'envole. Je découvre au passage qu'un des bâtons est effiloché (et me blesse), ce début n'est décidément pas très encourageant.

Seb revient bientôt avec une bonne nouvelle : il y a un autre emplacement, à l'abris du vent. Ouf. Je lui explique par ailleurs qu'un des bâtons est cassé. Je pense qu'on peut le réparer avec du scotch. Il nous dépose au nouvel emplacement beaucoup plus habitable et part à la recherche de scotch.

Pendant ce temps, je monte la petite tente (qui n'est pas cassée car elle n'a pas subit l'épreuve du vent). Les enfants m'aident un peu en tenant pour ne pas que ça s'envole mais là, on est comme caché sous un toit de branche et ça n'a rien à voir avec la première fois. Puis Seb revient : il a trouvé un gros scotch noir de pêcheur qui est parfait. On enroule notre bâton effiloché et on monte la grande tente.

Ouf, voilà 2 tentes montées. On gonfle les matelas et on installe ce qu'il faut pour la nuit. Avec tout ça, le soir commence à arriver. Les enfants sont fatigués et s'impatientent. Il y a plusieurs bobos-câlins-pleurs. L'enfant exige que je m'occupe à présent de LUI et plus des affaires parce que ça suffit à la fin.

On a sorti le pique-nique. On se fait des sandwichs jambons fromage et des chips. Seb et le filleul ont lancé un feu. Bientôt on peut faire griller quelques chamallows. Après le début rocambolesque, cette première soirée de camping termine finalement pas trop mal. L'enfant, réveillé depuis 3h du matin, s'endort dans mes bras : sa batterie inépuisable est enfin à plat. On le porte jusqu'à la petite tente. Bientôt le filleul, Seb et moi finissons de nous préparer. Je m'assure que les enfants n'aient pas froid et on va se coucher pour la première nuit sous les tentes.

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